Rédigé (trop) vite, torché (trop) mal , voici, quatre ans après le lancement de Siné Mensuel, ce mercredi 2 décembre, son numéro 48, présent dans tous les bons kiosques (si vous ne pouvez pas l’acheter, ne le volez pas… les kiosquiers sont fauchés, faites la manche pour vous l’offrir). D’habitude, naguère, je glosais sur le sommaire, tentant de l’éclairer à la petite lueur du briquet qui fume sous mon crâne. Là, c’est l’occasion d’évoquer autre chose…


Naguère, deux-trois jours avant la sortie en kiosques de Siné Mensuel (maudit soit l’interface de Come4News qui ne me permet plus d’italiser les titres d’œuvres), le bon à tirer de la couv’ ainsi que le sommaire me parvenaient par courriel. Puis, plus rien… Là, je reçois la couv’, mais non le sommaire (vous le trouverez sur le site sinemensuel en extension «;&nbspcom;&nbsp» ; maudit soit l’interface, voir supra, qui ne permet plus d’insérer aisément l’espace fine insécable).

Donc, difficile d’extrapoler sur le contenu… Juste un truc : la couv’ de Siné. Attendez-vous à savoir que pépère (ici, c’est affectueux) Maurice Sinet, dit Siné, chie (au figuré) dans son froc. Il faut préciser qu’il signe cette couv’ la veille de rentrer une nouvelle fois à l’hosto pour une nouvelle biopsie nasale. Lui qui a déjà vaincu mille maux et se déplace, avec sa bonbonne d’oxygène, à la force des poignets, peut sans crainte (Banzaï !), par empathie, nous camper les braies bordées de bran. Pavoisant à notre manière. Mais au moins, on fait face.

C’est d’ailleurs pourquoi, chez le Paki du coin, je me suis fendu de quelques euros pour arborer un petit tricolore (solitaire, faute d’oriflamme bretonne à lui adjoindre) au garde-corps de ma fenêtre. Une fois n’est pas coutume, laquelle commencera au second attentat depuis le dernier en date (pour l’attentat visant Charlie Hebdo, voir supra mes lamentations orthotypographiques, je n’y avais même point songé, faute d’incitation du général François qui aurait pu s’abstenir d’aller à Notre-Dame et d’évoquer un présumé dieu trahi par certaines de ses prétendues créatures). 

Au sommaire, donc, un truc sur l’état d’urgence, une injonction à ne pas sombrer dans la stupidité ambiante, l’appel d’Alévêque à rompre le couvre-feu moral, et ce sibyllin « Val nous gonfle ».

Là, je devine. Reportez-vous par exemple au Républicain Lorrain (id. supra) et à la réplique de Val en rajoutant une couche infâme quoiqu’infime et faussement intime (nonobstant toujours nombriliste) sur la personne de notre confrère Denis Robert. Denis avait réagi à la parution (opportuniste ? Allons, pas que…) de C’était Charlie (ibid.) chez Grasset (décidemment, après BHL, Val… mais où va, ou plutôt finit, cette maison jadis Fasquelle). Mais surtout aux menaces de l’alter ego de Val, l’avocat Malka, visant Denis Robert et les éditions Éditis-Julliard qui ont sorti son bouquin, Mohicans – Connaissez-vous Charlie (ibid.). Au fait, Denis, je suis toujours fauché, et tu aurais pu dire à la maison Julliard de m’expédier un SP (ce qui précède est un aparté épineux à caser en incise, d’où cette phrase qui lui confère trop d’importance).

Voyez le texte de Denis, et celui de Val, sur le site Agoravox (.fr). Val a le culot d’affirmer que Denis faisait de l’entrisme à Charlie. Oncle Bernard suffisait (B. Maris) amplement à la tâche. Pour mon propre compte, ce fut vrai, et grâce à l’ami Cabu, je me suis pointé à deux-trois conf’ de rédac’ avant que Val me dise gentiment « écoute, on ne peut écarter les murs ». Admettons qu’il ait eu raison, qu’il présumait que mon talent s’était étiolé (je le prouve ici-même à l’instant) et que mes sujets d’investigation n’allaient guère cadrer avec une ligne éditoriale et des finances chancelantes.

Cavanna, qui selon Val, se désintéressait des « affaires du monde » (il fallait l’oser, du moins en ces termes), n’est pas trop caviardé dans le C’était Charlie. Denis Robert a rejoint Siné Mensuel, et voilà que Val, qui taxe Robert de « complotiste », soutient que le duo Robert-Siné voulait le pousser au suicide. Le sens de la litote doit avoir déserté Val. Rien de personnel contre Val (je ne lui en veux absolument pas, surtout rétrospectivement, en ayant constaté la suite, d’avoir décliné mon offre de service). Mais si, tel le capitaine Haddock, vociférant depuis sa dunette, je lui lançait un « Que sa médiocrité l’étouffe ! Que sa suffisance le calamine ! », il serait capable de nous envoyer Malka. La merde au fond slip à la Raiser, le fanion en berne, je m’abstiens donc prudemment.

Évidemment, Siné Mensuel ne baisse pas son pavillon et n’éteint point ses feux (de la banlieue, chez Siné, où se tiennent les conf’ de rédac’). Le mépris aurait certes été mieux idoine, mais j’imagine que la décision fut collective, et j’admet m’y ranger : il y a de quoi, pour Siné et Denis, et d’autres, préférer ne pas laisser passer.

D’autant que Val a le culot d’asséner : « la mémoire de Charlie, c’est moi ». Sur le site de France Inter, la présentation de l’émission de Sonia Devillers résume : « Le livre de Philippe Val est un livre peuplé d’ennemis ». Pourquoi ? Plus loin, c’est esquissé : « cela dépend de ce qui a fissuré une rédaction ». Elle ne se mouille pas trop, la Sonia.

Pas sûr que cela lui soit bénéfique si jamais elle voulait rejoindre l’actuel Charlie.

Si vous voulez décrypter la mémoire, l’évolution de Charlie (et prédécesseurs, comme Hara Kiri, et même Juvénal), consultez plutôt le Jane Weston & David Vauclair (De Charlie Hebdo à #Charlie) aux éditions Eyrolles. Les sous-titres, Enjeu, histoire, perspectives, et Qui est Charlie ? – du journal à l’événement) situent mieux les angles d’analyse. Vous comprendrez mieux l’outrance de Val. Certes, là, rien de quoi motiver Malka. Mais en filigrane, cela vaut démenti des prétentions de Val dont la longue parenthèse ne lui permet pas de se targuer d’incarner la saga Charlie.

Je reviendrai bientôt sur cet ouvrage qui ne s’inscrit pas uniquement dans le fil des études sur l’histoire de la presse et va bien au-delà. Il s’agit aussi, vu de France et du monde anglophone, de s’intéresser à la réception des titres et aux suites de l’attentat de janvier dernier.

Bon, allez, le westie me réclame (pour ses pipis-cacas) et je ne me relis même pas. Longue vie à Charlie Hebdo (sans Val) et à Siné Mensuel (bientôt, hélas, mais le plus tard possible, sans Siné).