La plupart des éditeurs de mensuels quelque peu fauchés sortent un bimestriel d’été. Siné ne fait pas exception à la règle, avec un numéro à la pagination renforcée (et le prix passe à 5,5 €). Double nº 11, daté juillet-août, avec des jeux (rébus, mots croisés… autres…) et une couverture valant mini-sommaire : Siné ne s’est pas trop décarcassé sur l’actualité passée ou à venir. Mais outre les contributions des chroniqueurs habituels, de grands noms du polar ou du roman noir (Pouy, Raynal, Hanot, Quadruppani et Laval) donnent encore plus de consistance aux pages…
Deux numéros en un, donc, pour ce Siné Mensuel 11 : une partie jeux et « déconnantes » dont je vous laisse la surprise ; la seconde, plus classique, augmentée de nouvelles et contributions de Pierre Hanot, Martine Laval, Jean-Bernard Pouy, Serge Quadruppani et Patrick Raynal, donc très « Série Noire ».
Un marronnier aussi, mais cette fois beaucoup moins convenu : le sexe en vacances.
Les fort peu pudibonds dessinateurs et caricaturistes illustrent cette fois un entretien avec Janine Mussuz-Lavau, directrice de recherches au CNRS, qui prônait récemment dans Le Monde la « paix dans le genre » à la suite de la parution de son Guerre des sexes : stop ! (chez Flammarion).
Il n’y a pas que les généticiens ou les chercheurs en médecine pour revisiter la notion de genre et conclure que, somme toute, s’il y a de l’inné et de l’acquis chez l’homme ou la femme, les différences fondamentales sont beaucoup plus faibles que précédemment admis et surtout sociales.
Tenez, j’ai une amie russe qui n’aime pas trop les hommes français : ils se comporteraient de plus en plus comme des filles, ne tiendraient plus vraiment leur rôle… Mais pour Janine Mussuz-Lavau, c’est très réducteur et il est temps de faire souffler un vent de liberté sur les comportements pour se départir du conformisme, et au passage revoir des notions trompeuses. Auteure aussi de La Vie sexuelle en France (éds de La Martinière et Point Seuil), l’invitée de Siné Mensuel est longuement allée « à la halle » pour recueillir des témoignages de contemporain·e·s. De quoi porter un autre regards sur vos voisins ou voisines de plage…
Une rubrique « Siné Madame » fait son apparition, due à Jiho, et les lectrices de Cosmo ou de Elle devraient plus apprécier que celles du Figaro… (lesquelles, s’il faut en croire la chercheuse, ont aussi considérablement évolué).
Les chats (pitres, « voyards », « bannais »…) de Siné, créés voici une soixantaine d’année, élargissent leur litière avec de nouveaux venus…
Véronique Brocard fait dans la voyance rétrospective avec une étude sur l’apocalypse, redevenue très mode cette année avec les calendriers mayas. Alévêque, Berroyer, Alonso et Delfeil de Ton font aussi tourner les pendules avec des prédictions plausibles ou farfelues. La rentrée sera-t-elle chaude ?
Lespinasse s’intéresse à l’art brut et nous fait découvrir quelques artistes français aux créations insolites, parfois fascinantes.
Ayant pour ma part collaboré antan à l’Harraps du slang et de colloquialismes, le dictionnaire de langue verte et d’expressions courantes familières, grand amateur d’Adrienne et de Chiflet, je vais me mettre à jour avec les fiches conseil pour enrichir ses insultes en anglais. Si l’importun dickhead se double d’un chicken trouillard, vous pouvez vous risquer à pratiquer. Mais gaffe, même les old bats revêches pratiquent désormais le karaté.
Sinon, vous retrouverez les ziques à fredonner cet été pour avoir l’air à la coule et les bouquins qu’il est de bon ton d’avoir lu pour draguer et agrémenter les conversations d’apéro. Be bad! Lisez ce Siné Mensuel de l’été 2012… et achetez-le, ce sera certainement un collector.