Le pouvoir d’achat ? Bof, thème peu porteur, c’est le moins que l’on puisse dire. Hormis votre serviteur, revenu à l’emploi à temps plein et jouissant de ce fait d’un niveau de vie tout neuf – bonjour la gauche tarama -, nos compatriotes s’en sortent toujours de moins en moins, quand ils ne sombrent pas dans la misère comme désormais 14% de Français vivant en dessous du seuil de pauvreté. Oublions donc le pouvoir d’achat. La crise financière, alors ? Sarkozy s’agite dans tous les sens, mais l’efficacité de ses gesticulations reste à prouver : les bourses font le yoyo, on nous annonce une rude récession à venir et, en attendant, le gouvernement – dont les caisses sont vides – fait pleuvoir les milliards. Financer le système de santé, les retraites, la solidarité, le service public ? Vous n’y pensez pas, la France est en faillite ! Mais veuillez donc accepter cet engagement de l’Etat à hauteur de 360 milliards d’euros pour la bonne cause, sauver les banques… Oublions donc la crise financière.

Vers quoi orienter alors la propagande communication sarkoziste ? Bon sang, mais c’est bien sûr ! Le drapeau, l’identité nationale. Ils savent faire. C’est même en usant de cette ficelle que le président fut porté au pouvoir. Préparons donc une sortie bien virile, avec force mouvements de menton, et bien patriote : union nationale pour se défendre des talibans qui osent siffler La Marseillaise ! Voilà de quoi resouder l’opinion autour du Superdupont de l’Elysée. Alors nos gouvernants ont sauté sur l’aubaine : "Tout le gouvernement s’y était préparé car Nicolas Sarkozy avait prévenu qu’il frapperait fort à l’occasion des prochains sifflets lancés dans un stade contre l’hymne national, écrit Christophe Jakubyszyn dans Le Monde (Une indignation gouvernementale soigneusement préparée). Quand, mardi 14 octobre, l’incident se produit de nouveau au cours du match amical France-Tunisie, la plupart des ministres concernés sont sur le pied de guerre. D’autant que les services du ministère de l’intérieur repèrent, dans les heures qui précèdent le match, une mobilisation "anti-Marseillaise" sur Internet". On se pince en lisant le détail qui tue : "A droite, c’est la surenchère et parfois la précipitation. Dans la soirée de mardi, le ministère de la santé et des sports publie un communiqué dans lequel "Roselyne Bachelot Narquin et Bernard Laporte se déclarent choqués par les sifflets qui ont retenti ce soir au Stade de France"… daté de la veille du match (le 13 octobre)."

platiniTant qu’on parle de ça, on n’évoque plus les vrais problèmes. Alors rajoutons-en des tonnes, monopolisons les antennes et les colonnes des journaux (médias complices !) qui relaient complaisamment ces vertueuses déclarations outragées. "Nicolas Sarkozy avait prévenu qu’il frapperait fort"… Et contre qui ? Ceux qui sifflent La Marseillaise ! Quelle pantalonnade. Le mot de la fin à Michel Platini, président de l’UEFA qui nous a ciselé une réaction à la hauteur de ses coups-francs magiques pleine lucarne de la grande époque : "Il y a trente ans, quand je jouais avec l’équipe de France, La Marseillaise était sifflée sur tous les terrains. Mais à l’époque, les politiques ne s’intéressaient pas au football et ça ne choquait personne. Aujourd’hui, c’est devenu une obligation pour un homme politique, en fonction de son étiquette, de se positionner. Une fois encore, le football est pris en otage par le monde politique (…). Il y a 10 ans, quand la France a gagné la Coupe du monde et que tout le monde chantait La Marseillaise et brandissait le drapeau bleu-blanc-rouge dans les rues, on célébrait la France "Black-Blanc-Beur". Aujourd’hui, on explique le contraire. A mon époque, déjà, il y avait des immigrés italiens et polonais. La différence, c’est que maintenant, il y a une récupération politique." Merci Michel.