SYDNEY LUMET

Le réalisateur américain s’est éteint à l’âge de 86 ans nous laissant quelques pépites du septième art. Dès son premier film pour le cinéma, « Douze Hommes en Colère », Sidney Lumet nous montre sa prédilection pour l’univers urbain, le crime et la psychologie de personnages complexes pris dans les dilemmes de l’ordre moral. De fait il excellait dans le psychodrame.

C’est un pan de l’histoire du cinéma américain qui s’en est allé, en plus de cinquante de carrière, Sidney Lumet nous a plongé dans une œuvre cérébrale et donc nous allons porter un regard sur ses films, et dieu sait que certains resteront intemporels.

 

« Douze hommes en colère ».Le premier film de Lumet frappe fort. La mise en scène théatrale, pratiquement tout le film se déroule dans la même pièce est sublime. Lumet nous plonge littéralement dans cette salle, au sein de l’affaire, en caressant l’ambition d’en connaitre le fond. Cela devient jouissif d’observer ce microcosme évoluer au gré des discussions. Un seul homme (Henry Fonda) réussit à convaincre les onze autres, avec des arguments tout à fait remarquables ! De plus, Lumet parvient à nous faire sentir l’ambiance de la salle dans laquelle sont enfermés les douze jurés, oppressante, orageuse. Des dialogues parfaits, le tyout avec une véritable avancée sur le plan humain.

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« Network ».  La satire mordante de Lumet sur la télévision, et la collusion entre médias, politique et argent est tout simplement jubilatoire du début à la fin. Elle se révèle d’une rare justesse, se démarquant par une liberté d’expression qui laisse rêveur. Car il s’agit là de critiquer pleine face ces conglomérats audiovisuels, vampires des points d’audience, dont la seule foi est celle du racolage. Leur moralité s’arrête là ou commence le profit. S’il faut mettre uèn prédicateur maboul (énorme Peter Finch) en prime time pour faire grimper l’intérêt national, qu’on le fasse ! Mais si celui-ci critique le système capitaliste et les pétro-dollars, là rien ne va plus. Un pamphlet impressionnant, aux dialogues remarquablement écrits et aux performances d’acteur mémorables, qui fait de Network un film prémonitoire sur le pouvoir naissant (à l’époque) de la télévision.

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« La colline des hommes perdus ».Un film absolument incroyable sur un sujet souvent abordé au cinéma mais rarement aussi brillant : les limites de l’institution militaire. En adoptant un point de vue très intimiste et en développant la psychologie des personnages le film gagne en intensité et chaque scène a son poids. Le casting semble être du sur-mesure, chaque personnage est brillamment interprété. Sean Connery livre une performance de premier plan, et démontre ainsi tout son talent et sa diversité.

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« Serpico » et « Un après-midi de chien ». Al Pacino dans le monde de Lumet pour deux excellents films.

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« The Offense ». Le début du film est impressionnant dans sa mise en scène. On entend un son strident, et des images défilent au ralenti alors qu’une lumière blanche trouble notre regard. Le ton est tout de suite donné, on va nager en eaux troubles, dans une intériorité torturée, celle de l’inspecteur Johnson (incroyable Sean Connery). Le flic est brisé par tout ce qu’il a pu voir d’horreur. Mais plus que tout c’est cette animalité refoulée qui explose à l’écran notamment dans cette scène incroyable ou on voit en gros plan son visage hypnotisé par les jambes de la jeune victime au milieu d’une forêt, la nuit. Thriller fascinant, ce bijou méconnu du cinéma indépendant est à voir absolument.

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J’ai volontairement sauté quelques grands films de Lumet, une manière de laisser aux commentateurs le choix de leurs cœurs.