« Ne jamais applaudir l’incendie chez un voisin… », le dit si bien un proverbe africain. Le président Wade du Sénégal ne le sait peut – être pas ! Lui, qui le mois passé, a eu l’audace d’aller jusqu’à Benghazi apporter son « soutien » aux insurgés Libyens. Une façon pour ce dernier de légitimer lui aussi, le mouvement d’insurrection que connaît la Libye depuis le mois de Février dernier.
Mais voilà, maître Wade a complètement oublié qu’il possédait lui aussi dans son sang certains des virus qui rongent Mouammar Kadhafi en ce moment. À l’opposé de ses homologues au sein de l’union africaine qui penchent plutôt pour une résolution pacifique à la crise libyenne, le président Sénégalais a rallié la position des occidentaux, en reconnaissant lui aussi le conseil national de la révolution (CNT) comme les seules autorités légitimes de la Libye. Une position qui a surpris plus d’un observateur averti de la scène politique Africaine, dans la mesure où l’on sait que la démocratie et Abdoulaye Wade ne font pas bon ménage.
Au jour d’aujourd’hui, le Sénégal connaît presque quotidiennement des manifestations violentes des populations, qui réclament eux –aussi comme les libyens, la démocratie.
Tout a commencé avec une loi sur mesure qu’a voulu faire passer Maître Wade, pour créer un poste de vice – président qui vraisemblablement devrait revenir à son fils Karim. C’est avec la dernière énergie que les Sénégalais se sont opposés à cette mesure. Toute chose qui a poussé le président Wade à renoncer à cette initiative purement égoïste. Aussi, un mouvement dit du 23 juin a vu le jour et exige de l’actuel président Sénégalais un certain nombre de chose dont la création d’une commission électorale vraiment indépendante et le départ de Karim Wade du gouvernement. Cette coalition de plus de 60 partis politiques et organisations de la société civile est même aller plus loin, en invitant le « vieux » président à ne plus se porter candidat aux prochaines élections présidentielles de 2012. Arrivé au pouvoir en 2000 et âgé de 85 ans, le président Abdoulaye Wade a fait voter en 2001 une loi introduisant la limitation des mandats présidentiels à deux ; aujourd’hui, au terme de son deuxième mandat, Maître Wade croit pouvoir encore se représenter pour une dernière fois, compte – tenue du principe de la non « rétroactivité » des lois ; ce que lui refuse farouchement presque tout le peuple sénégalais. Un malheur ne venant jamais seul, d’autres manifestations ont éclaté ces derniers jours dans plusieurs villes sénégalaises ; cette fois, les populations expriment leurs ras-le-bol contre les coupures intempestives d’énergie électrique. À cause de ces manifestations, le président Wade n’a pas pu se rendre en Guinée Equatoriale la semaine dernière pour le sommet de l’union africaine.
C’est bien beau d’aller faire des pseudos leçons de démocratie au guide Libyen ; mais alors, qu’a – t – on fait ou alors que va – t – on faire des aspirations tout aussi légitime de son propre peuple ?