REHAUSSEUR DE CREDIT (OU MONOLINER) des noms qui font peur depuis quelques semaines à tous les marchés financiers. Mais qui sont ces assureurs d'un genre particulier ?

Organismes chargés de garantir les titres adossés à des emprunts, les réhausseurs de crédit garantissent des crédits divers (collectivités locales, immobilier, crédit à la consommation). Jusqu’à ces dernières années, ces sociétés se contentaient d’assurer principalement des crédits publics (municipalités et autres collectivités), donc à priori à risque faible. Mais progressivement, ces organismes se sont intéressés à l’assurance de crédits beaucoup plus risqués, comme les obligations hypothécaires ou les crédits à la consommation.

 

Aujourd’hui, les réhausseurs de crédit subissent directement le contrecoup de la crise des subprimes aux Etats-Unis. Les deux sociétés leaders sur ce créneau s’appellent MBIA et Ambac.

 

Nous passons cette année à la vitesse supérieure avec la crise du crédit. Après les subprimes, ce sont maintenant les assureurs de ces crédits qui sont dans l'oeil du cyclone et cela s'annonce très mal. Voici deux articles parus aujourd'hui et tout récemment, sur ce qui nous attend la semaine prochaine.

Tout d'abord la dépêche de Reuters du 10 février 2008 :

"Wall Street se prépare à une nouvelle semaine éprouvante

par Kristina Cooke (Version française Benoit Van Overstraeten)"

"

Wall Street pourrait connaître une nouvelle semaine éprouvante, le tableau pessimiste de l'économie mondiale brossé par les grands argentiers du G7 réunis samedi à Tokyo n'étant certainement pas de nature à calmer les inquiétudes d'investisseurs redoutant le spectre de la récession aux Etats-Unis. Ces derniers attendent par ailleurs avec appréhension la réouverture, mercredi, de la Bourse chinoise, qui est restée fermée pendant l'essentiel de la semaine dernière – au cours de laquelle l'indice Dow Jones a connu sa plus forte baisse hebdomadaire en pourcentage avec un recul 4,6% – pour cause de vacances liées au Nouvel an lunaire.

Les analystes financiers ne manquent en effet pas de rappeler que, il y a tout juste un an, les intervenants sur le marché chinois avaient provoqué une débâcle généralisée sur les places boursières mondiales dès le lendemain de la fin des vacances du Nouvel an.

"J'ai comme l'impression que la Chine va avoir un impact et, à mon avis, il ne sera pas bon. Je crois que bon nombre de positions vont être dénouées en Asie et cela risque de faire tache d'huile sur les marchés occidentaux", a estimé Michael Metz, responsable de la stratégie chez Oppenheimer & Co.

Mais, d'ici mercredi, tout le monde aura les yeux tournés vers les rehausseurs de crédit qui, durement touchés par la crise des "subprime" – ces prêts accordés à des emprunteurs offrant peu de garanties de solvabilité – s'efforcent de lever des fonds pour protéger au maximum leurs notes AAA consenties par les agences de notation, dont ils ont absolument besoin pour poursuivre leur activité dans de bonnes conditions.

PROCHAINE CRISE FINANCIERE

MBIA, le premier rehausseur de crédit mondial, a procédé à une augmentation de capital d'un milliard de dollars jeudi mais Ambac Financial Group, un autre acteur du secteur, a retiré le mois dernier son projet d'augmentation de capital d'un milliard de dollars au moins, évoquant en particulier un marché difficile.

Les rehausseurs sont, selon les estimations des spécialistes, confrontés à une ardoise représentant des milliards de dollars du fait qu'ils ont garanti des créances immobilières subprime et d'autres créances à risque, reconditionnées en pools de valeurs mobilières.

Pour Josef Ackermann, le président du directoire de la Deutsche Bank, les difficultés des rehausseurs pourraient déboucher sur la prochaine crise financière.

"Si les rehausseurs réussissent à lever des fonds et à éviter un abaissement de leurs notes, le marché en sera vraisemblablement très soulagé. Mais si les choses ne se passent pas bien et qu'il y a un abaissement alors il y a aura un nouveau mouvement de ventes", a déclaré John Praveen (Prudential International Investments Advisers LLC)"

 

et cet autre article de loïc abadie (tropicalbear.over-blog.com/article-15824847-6.html), du 20 janvier intitulé : "Les monoliners, un autre maillon faible du système… "

« Ils s’appellent « monoliners », « monoline » ou « réhausseurs de credit », et on entendra de plus en plus parler d'eux à l'avenir. Sans doute pas en bien. Ce sont des compagnies qui garantissent des crédits divers (collectivités locales, immobilier, crédit à la consommation). Les deux sociétés leaders de ce secteur s’appellent MBIA et Ambac. Jusqu’à ces dernières années, ces sociétés se contentaient d’assurer principalement des crédits publics (municipalités et autres collectivités), donc à priori à risque faible. Mais les choses ont changé et elles se sont lancées progressivement dans l’assurance de crédits beaucoup plus risqués, comme les obligations hypothécaires ou les crédits à la consommation.

Cela a alors permis à de nombreuses banques de « changer le plomb en or » : MBIA et Ambac bénéficiaient de la notation maximale AAA, réservées aux institutions financières et obligations les plus solides. Toute dette qu’elles assuraient obtenait alors automatiquement cette notation, quelque soit sa qualité. Une banque qui détenait un panier d’obligations à risque et de faible qualité (noté par exemple BB, ou même des subprimes) pouvait le faire assurer par un monoline et le transformer ainsi en obligation AAA, ce qui lui donnait une valeur beaucoup plus grande dans son bilan.

Le problème est que ces monoliners sont très fragiles et incapables de faire face à une dégradation un peu sérieuse des conditions économiques : Ils assurent en effet selon les chiffres de Nouriel Roubini 3300 milliards de $ de crédit avec seulement 22 milliards de capitaux propres, soit un effet levier de 150…C’est un peu comme si vous donniez 1000€ de caution à votre banque pour un prêt de 150 000€. Comment moody’s, Fitch et les autres agences ont-elles pu accorder une notation AAA malgré une telle prise de risques ? Probablement à l’aide de modèles mathématiques sophistiqués qui permettent d’éviter le recours au bon sens.

La dégradation des conditions économiques et du marché du crédit a évidemment déjà commencé à mettre ces monoliners en difficulté, un « petit » réhausseur de crédit(ACA) s’est retrouvé en décembre au bord de la faillite et a vu sa notation passer de A à CCC, avec des premières pertes estimées à 2,2 milliards par rapport à des fonds propres de 0,6 milliards…26 milliards de crédits ont alors perdu leur garantie et leur valeur a chuté fortement : l’or est redevenu du plomb dans le bilan des banques qui avaient utilisé ACA comme assureur.

Mais maintenant, on passe à la vitesse supérieure, puisque c’est le N°2, Ambac qui a vu sa note dégradée de AAA à AA (pour commencer) : l’article de la Tribune sur le sujet. Une bonne partie des crédits assurés par Ambac détenus par diverses banques vont donc voir aussi leur note dégradée de AAA à AA et leur valeur chuter en conséquence. En cas de disparition de la garantie des monoliners, les pertes immédiates (diminution de valeur des crédits dans le bilan des banques) sont estimées pour le moment à 200 milliards de $ selon l'économiste David Roche (Financial Times.). »

Depuis les chiffres ont été multipliés par deux. Le semaine prochaine risque bien d'être celle de tous les records… à la baisse s'entend pour les marchés financiers !