Chaque année, l’arrivée des vacances scolaires sonne le glas de la plupart des programmes habituels, remplaçés en masse par des programmes estivaux. Pour grapiller quelques parts de marché et séduire la ménagère de moins de 50 ans qui sommeille en chacun de nous, certaines chaînes ne reculent devant rien et n’hésitent pas à concocter des programmes dignes de grands lobotomisés. L’émission de télé-réalité de TF1, Secret Story, en est le parfait exemple.

Le 9 juillet prochain, débutera en prime-time, pour la quatrième année consécutive, ce fleuron de la débilité. Le principe : Pendant 2 mois environ, une quinzaine de personnes, plus ou moins abruties selon les millésimes, va vivre ensemble en vase clos, et chacun aura pour mission de défendre son  secret. Souvent, l’émission a à peine débuté que déjà tous les secrets sont éventés sur internet. Mais qu’importe, l’émission permet surtout au téléspectateur moyen de jouer un rôle de voyeur, observant tour à tour chaque participant. Cela ne vous rappelle rien ? On pense instantanément à Loft Story, le précurseur en matière de télé-réalité en France, sauf qu’avec le recul on réalise que les protagonistes de l’époque avaient l’air d’enfants de choeur en comparaison des énergumènes se trouvant dans Secret Story.

L’audience, toujours l’audience, les directeurs de chaînes n’ont que ce mot à la bouche et pour ce faire n’hésitent pas à recruter des candidats aux secrets les plus douteux, cela allant du "je suis bisexuel" à "je suis flic et strip-teaseur", candidate devenue aujourd’hui une star du porno, en passant par "j’ai 500 conquêtes à mon actif".

Devant un tel nivellement par le bas, on peut se demander quel sera l’impact de ce genre de programmes sur nos enfants, quand on sait qu’ils ont tendance à s’identifier à ce qu’ils voient à la télévision. Et que dire des participants, qui apparaissent souvent comme des paumés en mal de gloire et qui sont prêts à tous les excès pour apparaître une minute de plus à l’écran que leur voisin. On se souvient par exemple de candidats se douchant complètement nus, sous l’oeil des caméras, tandis que d’autres s’empoignaient violemment. La télé-poubelle a au moins le mérite de garnir les pages des journaux à scandale, ces pseudo-célébrités atteignant durant quelques semaines une notoriété toute relative leur permettant de faire la une de quelques feuilles de choux en mal d’inspiration, avant de retourner dans l’anonymat le plus complet.

Heureusement que les participants sont triés sur le volet dans le seul but de faire de l’audience et qu’ils ne sont guère représentatifs de la jeunesse d’aujourd’hui. On déplore seulement que la jeunesse lambda, ainsi que les moins jeunes, soient attirés par ce genre de programmes. Mais la faute à qui ? Aux chaînes qui produisent ce genre d’émissions, aux programmateurs qui ne diffusent des émissions à connotation plus culturelle que tardivement, ou tout simplement aux parents qui permettent à leurs enfants de bêtifier devant des émissions totalement indigestes ?

On se souvient du Général De Gaulle disant à l’époque que les Français sont des veaux et on ne peut que constater aujourd’hui la triste véracité de ses propos. Il semblerait qu’au pays de Victor Hugo et Emile Zola, on préfère aujourd’hui la trash-attitude à la culture.