Eh oui, vous avez bien lu : se faire virer pour manque de patriotisme est aujourd’hui parfaitement possible. Mais non, pas en France ! Rassurez-vous, pas en France ! Que nenni ! En tout cas, pas pour le moment…, le dernier slogan en vogue : « La France, aimez-la ou quittez-la ! » n’ayant pas eu force  de loi est déjà dans les oubliettes, n’est-ce pas ?

 

Alors, s’il ne s’agit pas de la France, de quel pays s’agit-il ?

Qui a dit « de la Corée du Nord » ? Pas de clichés s’il vous plaît. De l’Iran ? Pourquoi de l’Iran ? Parce que dictature ? Encore un cliché et encore raté ! Allez, je vous donne un indice : il s’agit d’un pays eu-ro-pé-en. De la Russie ? Pourquoi de la Russie ? Parce que Poutine, Douguine et compagnie ? En effet, Douguine s’est fait viré de l’Université de Moscou mais pas pour manque de patriotisme…Loin de là ! Mauvaise argumentation donc. Mais c’est déjà chaud, beaucoup plus chaud car il s’agit d’un pays voisin…, d’un pays voisin très proche… il s’agit donc de…de… de l’Ukraine bien entendu ! De ce pays qui a tout récemment signé un accord d’association avec l’UE.

Celui (ou celle) qui a deviné du premier coup gagne un bouquet de fleur virtuel!

En effet, une vingtaine d’enseignants du district de Kharkov, où une partie de la population estime se trouver sous l’occupation de Kiev, se sont fait licenciés pour cette raison bien précise sortie tout droit des pires années de l’époque soviétique…

 

A la conférence de presse, le nouveau Directeur du Département de l’enseignement et de la science de Kharkov, Anatoli Babitchev essayant d’expliquer cette situation quelque peu gênante déclara ce qui suit : « Il n’y a pas d’article stipulant que l’on peut licencier un enseignant pour manque de patriotisme. Mais les conditions du contrat de travail <…> prévoient qu’ils /les enseignants/ doivent être des personnes de haute moralité obligés d’élever des citoyens de l’Ukraine dignes. Il y a eu beaucoup de plaintes à ce sujet qui n’ont pas été toujours justifiées et claires. C’est-à-dire, si quelqu’un téléphone d’une manière anonyme et dit que chez eux il y a un enseignant <…> qui à la leçon de la défense de la Patrie dit qu’il est du côté russe ou encore quelque chose d’autre, etc….Je peux dire qu’il n’y a pas eu de licenciements de masse car ces faits n’ont pas été confirmés. J’y ai envoyé mon propre inspecteur pour en discuter avec d’autres élèves et leurs parents parce que peut-être quelqu’un voulait licencier cette personne ou quelqu’un n’avait pas apprécié quelque chose mais il y a eu quelques cas. Je veux dire que 10 personnes environ ont été licenciées. Je ne suis pas prêt à citer les noms et les écoles, mais ce sont des questions dont s’occupaient les services du Ministère de l’intérieur. Je parle actuellement de l’enseignement secondaire. Le même nombre de licenciés concerne probablement les établissements de l’enseignement supérieur. Ils ont été licenciés pour ce que vous savez, plusieurs personnes en ont parlé, disons pour… /fin de l’enregistrement/.

Malheureusement, l’enregistrement s’arrête là. On ne connaît donc pas le terme exact utilisé par ce personnage sorti droit de l’époque stalinienne mais la partie disponible de son discours ne laisse aucun doute quant à ses intentions. Notons au passage qu’il ne s’agit aucunement d’un élu du peuple. A. Babitchev a été désigné à ce nouveau poste par un certain I.Balouta, désigné à son tour par Tourtchinov en tant que Président de l’Administration de l’oblast de Kharkov.

Tout cela se passe sur fond de l’incitation à la délation générale. Ainsi, les panneaux publicitaires du Service de Sécurité de l’Ukraine appellent notamment à déceler le séparatiste « commun ». Ainsi, les parents ont la possibilité de dénoncer leurs propres enfants et vice-versa. Le pays a déjà connu quelque chose de semblable dans les années 30 lors de la dékoulakisation… Il s’agit donc d’un beau retour en arrière.

Notons au passage que les séparatistes « communs » représentent plus ou moins la moitié de la population de la Flandre belge. La Belgique, suivra-t-elle l’exemple ukrainien ?