Sarkozy ? Pitoyable…

Nous attendions le débat. Pour ma part, je craignais que, habile diseur de contre-vérités, assis sur le souvenir de quelques meetings triomphaux, encouragé par ses divers sbires et autres complices, Nicolas Sarkozy l’emporte aisément sur François Hollande.

les choses se sont passées différemment. Malgré son évidente mauvaise foi, et son désir visible et audible de ne pas s’expliquer sur son bilan et le fait qu’il est le plus détesté des présidents de la cinquième république, M. Sarkozy a, plusieurs fois, bredouillé, s’est interrompu au milieu d’une phrase, n’a pas répondu aux questions précises de François Hollande sur son bilan.

 

Tout de même la principale question était simple : il s’agissait de savoir comment le sortant, s’il était réélu, pourrait tirer parti des nombreuses erreurs qu’il a commises, crise ou pas, depuis son élection de 2007, afin de ne pas les renouveler. Il a osé déclarer que son quinquennat s’était déroulé sans violences. L’exécution brutale de Mohamed Mehra, qu’il était possible d’arrêter pour qu’il soit jugé, témoigne en effet de la douceur du climat sarkozien, comme les innombrables brutalités dénoncées non seulement par Amnesty International, dont c’est la vocation mais dont certains peuvent penser qu’elle exagère, mais aussi par diverses autorités internationales peu suspectes de complaisance à l’égard des criminels, qu’ils soient politiques ou de droit commun.

 

Je ne rappellerai que pour mémoire le comportement extraordinairement brutal des « forces de l’ordre » (bel euphémisme pour désigner des fauteurs de désordre) après la visite à Pamiers (c’est à vingt kilomètres de chez moi) de M. Sarkozy, accueilli, il est vrai, par davantage de huées et de sifflets que d’acclamations, malgré la présence d’une claque triée sur le volet (il y a, hélas, suffisamment de chômeurs en Ariège pour recruter, moyennant un billet de cinquante ou de cent euro, des gens qui n’en pensent pas moins mais ne sauraient cracher sur quelques sous.

 

Revenons au débat. J’ai supporté pendant près de trois heures un débat composé, pour moitié, quand il n’était pas interrompu par le sortant, des propos calmes, précis et raisonnables de François Hollande, et pour moitié des contre-vérités assénées par Nicolas Sarkozy, toujours prêt à traiter de calomnies les accusations de son challenger.

 

Toutefois, après deux interventions remarquables et, je l’espère, remarquées de François Hollande, d’abord quand il a expliqué ce qu’il ferait après son élection, s’il est élu. « Moi, président etc… » Cela ne manquait ni de sérieux ni de grandeur. Ensuite, son dernier mot, appelant à choisir le changement.

 

Ensuite, c’était, comme l’avait décidé le tirage au sort, ce fut à Nicolas Sarkozy de conclure. Je m’attendais à une gerbe d’étincelles, voire de méchancetés (il n’en avait pas été avare durant la quasi-totalité du débat, notamment à propos de DSK). Que nenni ! Il a invité les abstentionnistes du premier tour à voter pour lui. Il n’a pas fait ouvertement appel aux électeurs de Mme Le Pen, mais, et j’ai cru rêver, à François Bayrou – dont nous saurons aujourd’hui quelle chèvre ou quel chou il aura, ou non, choisi. Si on en juge par l’avis de nombre du cacique du Modem, il ferait bien de recommander de voter pour Hollande. Mais, conscient qu’il ne peut espérer aucun rôle gouvernemental, sauf très improbable poussée de son parti aux législatives de juin, M. Bayrou, tel l’âne de Buridan, risque, mais, comme à mon habitude, je puis me tromper, de décider qu’il ne veut rien décider du tout.

 

Autrement dit, François Hollande adoptait devant les téléspectateurs (combien étaient-ils au fait ?) l’attitude d’un candidat sûr de lui, de ses alliés et des déçus du dernier quinquennat, d’un candidat prêt à diriger la politique française. Nicolas Sarkozy, lui, après ses habituelles démonstrations de mauvaise foi, et son agressivité coutumière, se dégonflait pour finir comme une baudruche en demandant aux abstentionnistes de voter et à François Bayrou d’appeler ses électeurs du premier tour à voter pour lui, au nom de la rigueur centriste. Je me suis rappelé à ce point qu’au cours des échanges précédents, Sarkozy avait expliqué que la France avait commencé à s’endetter il y a trente-huit ans. C’est à dire depuis la victoire de M. Giscard à la présidentielle de 1974. Or M. Giscard affirmait que la France voulait être gouvernée au centre. Chacun appréciera au vu des résultats.

 

Mais l’essentiel, pour l’instant, c’est de nous débarrasser de l’encombrant Nicolas Sarkozy et, pour cela, une seule solution : voter massivement pour François Hollande.

 

François Lourbet