Serait-ce bon pour l'opposition ?

 

Le gouvernement de Villepin avait lâché sur le CPE devant l'importance des manifestations, Sarkozy ne lâche rien.

Il faut rappeler que ce CPE portait en lui une disposition difficilement admissible puisque sur une période probatoire de deux années un employeur pouvait licencier sans motif. Pensée machiavélique, «le travail rend libre» déclarait Nicolas Sarkozy ministre de l'intérieur de l'époque. Le mouvement protestataire qui s'en suivit fût le plus important depuis mai 68, au point que les médias ont eu à cœur de le nommer «mouvement du printemps Français de la jeunesse».

De février à avril 2006, ce furent deux mois et demi de grève, jusqu’à 70 universités mobilisées sur 80, plus de 3 millions de personnes dans la rue, les campagnes et les cités en ébullition, les plus grandes institutions républicaines prises en tenaille entre un premier ministre intransigeant et 82 pour cent de l’opinion qui condamnent le projet de loi. Cette crise du CPE reste dans l'esprit une victoire du bon sens et de la gauche, bien qu'elle ne soit pas la seule à condamner le projet, et un exemple à ne pas reproduire pour la droite.

Avec ce CPE on a revécu mai 68, le 10 mars place de la Sorbonne, Au lendemain d'une journée de manifestations, le mardi 7 mars, qui attirent dans la rue entre 400 000 et 1 million de personnes, débute «la prise de la Sorbonne», cette vieille Dame symbole de la protestation étudiante. Quelque 150 étudiants s'y sont fait enfermer pour la nuit. Le jeudi matin, les anti-CPE manifestent place de l'Etoile. Le recteur en aurait profité, d'après les jeunes, pour fermer la fac, bloquant une cinquantaine d'entre eux à l'intérieur. Le fief de Mai 68 interdit d'accès ? Insupportable! Le vendredi 10 à 17 heures, environ 300 étudiants et une poignée de journalistes s'introduisent dans les bâtiments. CRS prêts à intervenir, boucliers levés, rues bloquées, la Sorbonne est contrôlée par les forces de l'ordre.

Finalement le CPE fût mis en veilleuse, attaqué aux prudhommes, les entreprises hésitant à son application. Je crois qu'il est maintenant abandonné.

Nous assistons depuis presque deux mois à un blocage des universités. Ce blocage avec ses manifestations ont pour fondement la loi LRU, dite loi Pécresse relative aux libertés et responsabilités des universités, initialement loi portant organisation de la nouvelle université, et simplement loi d'autonomie des universités.

Pour ces étudiants, pas tous, cette loi qui a été votée par le Parlement doit être abrogée. Pour eux elle touche largement aux fondements démocratiques et républicains de notre société. Elle vise à redéfinir et restreindre les missions des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, à briser la conception de service public de ses missions originales qui ne peuvent rentrer dans le cadre d’une compétition entre établissements.

Ces dispositions en matière de recrutement des enseignants-chercheurs, de négation des dimensions collégiales de réflexion et de mise en œuvre des orientations scientifiques et pédagogiques, de pouvoir exorbitant des présidents d’universités, touchent au cœur des valeurs démocratiques et des libertés.

La mobilisation importante a contraint la Ministre de l'enseignement supérieur, Valérie Pécresse, à un déblocage de moyens pour l'Université. Les annonces budgétaires de 20 milliards d'euros demeurent insuffisantes, selon eux, (10% de plus de budget par an) face à la pénurie de moyens dans les Universités, et rien ne leur garantit que ces promesses soient réalisées d'ici 2012, ce qui paraît sur eu égard à la situation actuelle de nos finances.

Tout cela, pour eux, ne change pas le fond de la Loi. L'autonomie budgétaire des Universités, l'introduction forte des entreprises privées et leur influence dans leur contenu des cours en contrepartie de fonds privés, l'octroi d'un pouvoir arbitraire aux présidents d'Université, le risque d'une hausse des frais d'inscription, la précarisation généralisée du personnel enseignant et administratif sont toujours présentes dans la LRU. Par conséquent, ils réaffirment leur opposition à la loi Pécresse et ils condamnent les négociations de la direction nationale de l'UNEF.

Il est bien évident que cette loi oriente nos universités vers une forme d'entreprise d'enseignement et de compétitivité ce qui serait finalement de bon augure pour ces étudiants que le lien Université-entreprise soit enfin établit assurant une rentabilité de l'enseignement vers une réalité industrielle comme pour les grandes écoles. Mais bien entendu, l'esprit étudiant qui consiste à cette liberté d'études et de recherches s'en trouverait compromise, mais il faut bien comprendre que, telle qu'est notre université, elle doit s'émanciper vers une logistique moderne pour faire face aux défis humains et technologiques qui nous attendent.

Il faut que notre Université devienne rentable pas en termes comptables mais en potentialité de recherches et développements. Le lien université industrie doit être développé.

Le gros problème sous-jacent bouleverse l'idée même de l'égalité pour tous dans l'enseignement supérieur. C'est du copié collé des universités Américaines ou certaines sont plus cotées que d'autres, en d'autres termes c'est de la privatisation partielle de l'enseignement. Mais on ne peut donner indéfiniment de l'argent sans résultat tangibles alors que nous en manquons pour d'autres besoins ?

En outre, combien sont les étudiants étrangers à venir dans nos universités rechercher un titre de master ou de doctorat par rapport à ceux qui vont terminer leurs études aux États-Unis pour des diplômes de grand prestige, surtout dans le management ?

J'ai développé ces deux thèmes pour mettre en évidence la différence de politique entre les gouvernements Villepin et Sarkozy. Villepin a finalement abandonné de CPE, tandis que Sarkozy en dehors de quelques aménagements ne lâche rien. Au point que quand il se rend en province le vide est fait autour de lui, les cars de police jalonnent son parcourt et seuls ses sympathisants sont autorisées à faire la claque, a-t-on déjà vu pareil désaccord entre un président et son peuple ? 

C'est aussi vrai pour la réforme de l'hôpital public par l'introduction de vice-présidents donnant ainsi une forme de direction collégiale de l'hôpital ce qui ne change rien quand à la réduction des effectifs et sa gestion comptable, que pour le bouclier fiscal, ou la situation de notre dette et de notre déficit exigerait de revoir les impôts. L'augmentation de la dette publique est de 15,6 milliards d'euros par rapport au trimestre précédent pour un montant total de 66,1 % du PIB selon l'INSEE, le pacte de stabilité Européen fixant sa limite à 60 %.

Cette obstination est maladive, elle enfonce le pays dans une misère profonde.

Quand à notre PIB, selon l'estimation de l'INSEE. il n'a reculé que de 1,2 % au premier trimestre par rapport aux trois derniers mois de 2008, ce qui conduit pour la croissance à une prévision pour 2009 à – 3 %, mais la dynamique étant à la baisse cela pourrait être bien plus, nous sommes en récession.

 

Source les échos.fr du 15/05/09

L'argument que tous nous connaissons est la réduction des charges de l'État, pour compenser cette augmentation de la dette et du déficit, comme si elles n'étaient pas suffisamment réduites rendant la pauvreté en progression constante.

Plus le pays s'enfonce dans cette pauvreté moins seront les recettes fiscales, c'est de l'assassinat.

Espérer réduire la dette et le déficit par celles des dépenses de l'État montre que nos gouvernants se font des illusions et qu'ils ne voient pas l'état dans lequel ils ont mis le pays. En France a déploré l'UMP Gilles Carrez, rapporteur général de la commission des finances de l'Assemblée, la dépense publique est d'une «rigidité extraordinaire». La révision générale des politiques publiques (RGPP), a-t-il précisé, ne porte que sur un cinquième de la dépense publique et le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ne suffit pas à la réduire, c'est évident.

La dépense annuelle de 2,5 milliards sur la TVA réduite aurait bien été plus comprise si elle affectait l'hôpital. Comment ne pas comprendre que, par exemple la charge sur la santé est énorme pour les pauvres gens.

«Mon exemple montre bien ce qu'il en est, j'ai dépensé en deux consultations 22 et 28 euros dans un parcours conventionné et mon remboursement n'a été que de 18 euros la différence, 32 euros est due aux prélèvements obligatoires sur les consultations et les frais de pharmacie, quand aux mutuelles elles sont devenues horriblement chères et ne remboursent presque rien».

De plus, pour une consultation à l'hôpital il faut attendre plus de 2 mois par ce qu'il n'y a pas assez de personnel ! Et Sarkozy ne comprend pas, ne lâche rien, comme si c'était un déshonneur de comprendre la misère de ses concitoyens !

Une politique n'est pas seulement vouloir réduire les dépenses de l'État, mais c'est aussi ternir compte des besoins vitaux de la nation, c'est à dire, bien orienter les choix des restrictions budgétaires, et les cadeaux faits à des groupes de pression.

Les précédents gouvernements de droite n'étaient pas si tenaces et les Français se disaient qu'avec quelques bonnes manifestations un assouplissement politique était envisageable et le plus souvent il se produisait. Dans le cas actuel, l'obstination montre que ce n'est plus le cas, ce qui change la donne pour les élections. Pas pour les élections Européennes ou l'UMP va se balader, il y a 19 listes d'opposition dont 18 de gauche contre quelques listes de droite, l'UMP à tout absorbé, c'est dire la dispersion des voix à gauche et sa défaite inéluctable.

Non, j'évoque les élections majeures, celles du Président et de l'Assemblée. Nombre de Français votaient pour la droite en fonction de certaines valeurs qu'elle offrait sachant que par des manifestations on pouvait faire infléchir la politique menée, ce n'est plus le cas, et cela pourrait changer la face politique du pays.

Aujourd'hui, les universités sortent enfin de la crise, il faut bien passer ses examens !