Sarkozy menace : Bayrou prisonnier de son parti

Sauf surprise de taille François Bayrou ne devrait pas donner de consignes de vote pour le second tour. Non pas qu’il ne fasse pas la différence entre Sarkozy et Royal : Royal propose l’ouverture sur des valeurs communes (le changement, la rénovation démocratique, l’humanisme, l’écologie, l’Europe…), mais bien parce qu’il est pris au piège par l'appareil de son propre parti, lié à la droite et menacé d’éclatement par Sarkozy.

Sur les 27 députés UDF sortant, plus d’une vingtaine seraient menacés par ses concurrents UMP. Bayrou l’admet : « je les connais. Ils vont dire qu’ils me sont fidèles et en même temps appeler à voter le 6 mai pour Sarkozy ». La rénovation de la politique centriste se fige ici face à l’arithmétique électorale. A Rouen par exemple, ville qualifiée par Bayrou de « plus grande ville UDF de France » l’UDF totalise 20,77% des suffrages contre 27,91 pour Sarkozy et 31,17 pour Royal : dans ces conditions l’UDF ne passerait pas le premier tour des législatives. Sarkozy va plus loin et le menace directement de maintenir tous ses candidats UMP dans toutes les circonscriptions, le but est de contraindre Bayrou à laisser ses électeurs libres et partant de laisser élire Sarkozy.

Loin des sombres calculs politiciens, les électeurs de Bayrou ne l’entendent pas forcement ainsi. Beaucoup ont voté sur la base du changement et contre Sarkozy, Bayrou étant présenté comme le plus apte à battre l’atlantiste Sarkozy au second tour. Bayrou le sait. Il ne peut pas trahir ses électeurs en montrant qu’il est un politicien comme les autres trop avides de calculs électoraux.

L’ouverture est prônée à gauche : Royal propose un débat télévisé avec le centriste pour discuter des points de convergences et sortir au grand jour des petites combines électorales. Gageons que la rénovation tant souhaitée par Bayrou se fasse, que fidèle à ses idées il rompe une fois pour toute avec son allié de toujours l’UMP et que le parti centriste devienne effectivement un grand parti indépendant.

En outre, si Royal met en place le pacte présidentiel le mode de scrutin à la proportionnelle permettrait à tous les partis – même les extrêmes – d’être représentés au parlement : les Français pourront enfin voter selon leurs choix, la politique se fera enfin tous ensemble. Le changement et le rassemblement semblent passer par là.