Avec la médiatisation des errements de la commission Attali, commission non dotée d'économistes faut-il le rappeler, l'économie vient enfin se repositionner dans le débat, c'est déjà ça !
 
Cet inventaire à la Prévert propose tout et n'importe quoi, depuis supprimer l'échelon départemental dans les dix ans à venir, faciliter l'immigration, l'ouverture à la concurrence des professions réglementées, la réduction des délais de paiement des PME par l'Etat et les grandes entreprises à un mois, TVA sociale, liberté totale des prix et d'installation de tous les secteurs de la distribution, de l'hôtellerie et du cinéma… j'en passe, il y en a 314. Promettre le pire et dans tous les domaines c'est pratique puisque finalement cela n'engage à rien et permet toutes les négociations, toutes les concessions.
Mais pour quel résultat ?


On a vu l'imbroglio de la réforme judiciaire voulue par la majorité mais revue et corrigée en sous-main par nombre de députés pour que soient épargnées leurs circonscriptions… Le syndrôme nimby (pour not in my back yard- pas dans mon jardin, tout le monde est d'accord pour un aménagement, une réforme mais si elle ne la concerne pas) a de beaux jours devant lui et consiste peut être le plus consistant frein à la croissance…
L'annonce de la remise de cette liste constitue pour le moins un non évènement économique qui laisse perplexe. Qui laisse même à penser que le pouvoir rame en la matière au point d'annoncer tout et son contraire, de promettre puis de reconnaître que ce n'est pas possible…
L'acte majeur, il existe depuis 6 mois, c'est cette "loi en faveur du travail, de l'emploi et du pouvoir d'achat", une réponse aux affirmations de campagne électorale qui martelaient "Notre stratégie économique porte un nom et un seul : le travail".
Au menu, des exonérations fiscales (pour certains), crédit d'impôt sur les intérêts d'emprunts immobiliers (ceux à venir), bouclier fiscal (pour peu), abattement sur les donations (pour ceux qui ont quelque chose a donné)… Grâce à ce travail décuplé, libéralisé, rallongé, c'est la consommation et la croissance qui devraient être boostées.
Un shéma pas trés clair ce que l'intéressé reconnaît volontiers puisque Nicolas Sarkozy a répété à plusieurs reprises qu'il "était inutile de réinventer le fil à couper le beurre. Toutes ces théories économiques… moi-même, parfois je suis un peu perdu. Ce que je veux c'est que les choses marchent". "Ce que nous voulons, c'est qu'en travaillant davantage on puisse augmenter son pouvoir d'achat". C'est déjà plus clair. "Ma vérité, c’est que la France a besoin d’être réconciliée avec un libéralisme populaire."
C'est là où j'ai un petit peu de mal. Je ne suis d'ailleurs pas le seul tant il est vrai que la vie quotidienne de notre Président, ses comportements, modes de vie sont tout sauf populaires. Ensuite parce que cette relance de l'économie par la consommation venu d'un meilleur pouvoir d'achat issu d'un travail mieux rémunéré, c'est un raisonnement éculé, fort simpliste, idéaliste, jamais abouti. Difficile de ne pas évoquer par exemple que plus de pouvoir d'achat ce sera effectivement plus de consommation des plus modestes mais majoritairement sur des produits peu chers donc importés… dès lors quel bénéfice ? plutôt la mort de notre production nationale, non ?
La réponse pourrait venir d'une TVA sociale appliquée aux produits venant de l'étranger. Je demande à voir comment mettre en place une mesure protectionniste de ce type surtout avec la diplomatie de complaisance actuellement en vogue.
Après 6 mois de sarkozysme ce que je crois est un peu différent que le beau volontarisme affiché. La terminologie de libéralisme populaire me semble être un mensonge éhonté car le peuple dont il est question a à mon avis qu'un rôle de figuration dans le vrai programme engagé. Seulement ce n'est pas… populaire de le dire alors… La droite américaine développe une théorie assumée selon laquelle il suffit d’enrichir les plus riches pour renouer avec la croissance car indirectement ils en feront forcément profiter les plus pauvres. Je pense que nous sommes aujourd'hui clairement dans cette lignée. Une étude circulant à l'UMP explique que si les français travaillaient autant que les américains cela générerait 8000 euros de ressources supplémentaires par français. Traduction : si on travaillait plus, on pourrait gagner jusqu'à 8000 euros de plus.
Bien sûr cette analyse basique ne veut rien dire tandis que sa conclusion est bien entendu une moyenne. Cher lecteur, si demain grâce à mon surcroit d'activité je gagne 15000 euros de plus et vous 1000, cela fera bien 8000 euros de moyenne… Cette théorie économique en vaut sûrement une autre mais on ne gagne jamais à mentir à l'opinion, à lui faire croire en des bénéfices qu'elle ne verra jamais, en lui indiquant surtout un modèle de "société plus" riche, développée… alors que nous allons vers plus d'inégalités et de précarité sauf pour ceux qui sont tout la haut. La France d'en bas chère à Raffarin n'est pas concernée par les ambitions sarkoziennes, si ce n'est pour grapiller quelques miettes. Il faudra bien le lui faire comprendre un jour.

"Il faut bonne mémoire après qu'on a menti" disait Corneille.