Bon, c’est un peu l’impasse, et le bal des hypocrites. La photo du jour, c’était le sieur John Kerry, ministre étasunien des Affaires étrangères, et compagnie de madame et du couple al-Assad (Asma et Bachar). C’était en 2009, à Damas, dans un épisode d’Embrassons-nous, Folleville ! Depuis, les Kerry et les al-Assad ne se parlent plus, s’adressent des mots d’oiseau. Mais tout va bien entre Nicolas Sarkozy, Carla Bruni, et les al-Assad, en dépit des déclarations de Bernard-Henri Lévy. Allez, Nicolas Sarkozy, l’ami de Vlad Poutine qui a sauvé l’indépendance de la Géorgie, envoie Carla auprès d’Asma, et sauve la Syrie au moins autant que l’Abkhazie et l’Ossétie

Non, ce n’est pas la faute à Nicolas Sarkozy si Kadhafi a pu penser qu’il pouvait menacer Benghazi (en paroles, parce que, tactiquement et autrement, c’était impossible pour tout état-major, sauf peut-être celui de Corée du Nord) : ils étaient copains, s’échangeaient des cadeaux, &c., mais il est allé trop loin. Nicolas Sarkozy a réagi.

Bachar al-Assad, reçu magnifiquement en France, en vue d’une sorte d’alliance méditerranéenne qui devait sans doute équilibrer la Chine et la Russie, et les États-Unis, et contrebalancer l’influence de l’Allemagne en Europe centrale et de l’Est, n’est pas allé aussi loin. Il conserve donc certainement l’amitié de Nicolas Sarkozy, et son épouse, Asma, celle de Carla Bruni.

Or, se souvient-on que Nicolas Sarkozy avait fait un véritable rempart de son corps devant un Poutine ébahi par tant d’audace, et ainsi sauvé la Géorgie ?

Que veut finalement la Russie ? Garder un port d’escale au sortir du détroit de la mer Noire. Eh bien, pourquoi ne pas laisser à Bachar al-Assad les gouvernorats de Tarsous et de Lattaquié et ainsi, sauver la Syrie, épargner les Kurdes, accessoirement laisser les Turcs élargir le Hatay au muhafazat d’Idlib ? Quitte à faire cela à l’équerre et au compas, comme on procédait en Afrique, quitte à ce que cela remue un peu dans un demi-siècle ?

Le Royaume-Uni donnera peut-être son feu vert à une intervention militaire (enfin, si le Congress américain en décide ainsi). Ce qu’un vote défait, un autre vote peut le refaire. Il faut calmer le jeu.

D’autant qu’il faut à la fois se concilier l’Arabie Saoudite et le Qatar, qui ne jouent pas tout à fait le même jeu en Syrie (et en général, au Moyen-Orient, en Égypte, jusqu’en Tunisie, voire au Maroc).

Il est quand même détestable de voir Vladimir Poutine envoyer des parlementaires russes aux États-Unis, et même pas une danseuse du Bolchoi auprès de Nicolas Sarkozy et de Carla Bruni. Que le Biryazhofiya cingle depuis Sébastopol vers le Bosphore et la Méditerranée sans qu’une carte postale ne soit partie du Kremlin en direction du Cap Nègre.

Mais tout cela va s’arranger. Nicolas va reprendre l’initiative. Ne l’a-t-il pas démontré avec sa maestria que Washington et Pékin lui enviaient lors de son quinquennat ?

On a fort bien compris que Bachar al-Assad, qui a accordé un entretien exclusif au Figaro, n’achètera pas des Rafala de sitôt. Mais, dans dix ans, qui sait ? « Ce n’est pas un hasard si le dictateur syrien a choisi de s’adresser à une grand quotidien français… », énonce, la bouche en cul de poule, Le Fig’. Ce n’est pas un hasard si La Voix de son Maître (et de Sarkozy, aussi, la Félicie de certains groupes d’intérêts) tend son micro à Bachar al-Assad.
« Nos lecteurs jugeront », qu’ils disaient. Eh bien, qu’ils jugent Sarkozy à ses résultats. Expédiez-le donc à Damas.