Thibaut, face à Nicolas Sarkozy, a tenté de parler de la banlieue dans l’émission de Laurence Ferrari. Il y a des gens formidables en banlieue, mais la société n’est pas responsable de tout, a-t-il répondu en balançant qu’il y avait près d’un tiers de gosses de banlieues dans les classes préparatoires aux grandes écoles. Sans doute avec un fort contingent issu de Neuilly-Auteuil-Passy.
J’avais craint que TF1 ait totalement filtré les gens qui allaient poser des questions à Nicolas Sarkozy au cours de l’émission Parole de candidat sur TF1. Il est tombé sur un interlocuteur pugnace, Thibaut, auteur d’un livre sur les jeunes de banlieue.
On a eu droit à un discours mi-compassionnel, mi-chiffré, un peu n’importe comment. Avec cette fameuse réplique sur les jeunes de banlieue qui seraient 30 % à entrer en classes de prépa (on ne sait en revanche combien en sortent pour intégrer une grande école).
Mais où va-t-il chercher tous ces gens ? À Neuilly ? Saint-Nom-la-Bretèche ? À Olivet près d’Orléans ou à proximité de la Porte-d’Aix, à Marseille ?
Plus largement : à quoi bon avoir tant de diplômés d’écoles de commerce s’il n’y a que des services, des abonnements, et on ne sait quoi à vendre, en sus des importations ?
Nous aurions un adulte pour douze élèves en France ? Ah bon. Il est certes vrai que les ministres recasent leurs collaborateurs à l’Inspection générale de l’Éducation nationale. Mais la réalité, à Aubervilliers, à Choisy, c’est quoi ?
Nicolas Sarkozy, sur les crèches, sur n’importe quoi, balance effectivement « des chiffres qui vont sembler extraordinaires. ». Et puis, il confond tout : les aides pour les bas et très bas revenus et ceux pour les hauts et très hauts revenus. Sur le quotient familial comme sur tout.
Cinq ans après, le voilà pour les représentants des salariés aux conseils d’administration des grands groupes. Le voilà disant qu’un Bill Gates avait créé des centaines de milliers d’emplois. Il a tout pillé à Palo Alto, et combien donc en a-t-il détruits ? Et qui a fait Bill Gates ? Problème de la poule et de l’œuf, Bill Gates ayant été très vite un excellent commercial et négociateur.
Ce qui est certain, c’est qu’un Bill Gates, partant finalement d’une banlieue, a pu croître et embellir. En France, il aurait été cassé, notamment par les amis de Nicolas Sarkozy.
Cinq ans après, beaucoup sont effectivement partis à l’étranger. Et ils ne paieront jamais la différence en France de qu’ils payent en impôt à l’étranger. Jamais Johnny Halliday n’a payé le différentiel, pourquoi le ferait-il demain, sous Sarkozy II ?
Vincent Bellemare, chômeur, 29 ans, sur le logement, a évoqué l’augmentation des loyers. Ben, évidemment : le coût des syndics augmente, le coût des charges croît, et si on veut rendre au locatif une résidence secondaire (un appartement de ville par exemple), on se voit taxer de 34 % sur la plus-value éventuelle. Et pourquoi donc augmenterait-on les mètres carrés si les communes ne le permettent pas et que le pouvoir d’achat des propriétaires a baissé ?
Au contraire, on pourra faire valoir qu’on peut densifier pour tenter de faire remonter un peu les prix.
Sur l’insécurité, Vanessa Gibiino, braquée deux fois dans son bar-tabac, a considéré que l’insécurité avait augmenté. « Toutes les mesures nécessaires ont été prises, » a répliqué Nicolas Sarkozy en citant des statistiques. Chiffres abstraits, évidemment. Il faut donc 80 000 places de prison. Pour les 5 % de « vrais » délinquants. En cinq ans, il fut impossible de viser en priorité ces cas. Il y a donc beaucoup moins de cas que de policiers. C’est combien, le ratio ? Huit, dix policiers par cas ?
Et occupés à quoi ? Ces policiers ne seraient-ils pas plus planqués que les faux-vrais et vrais-faux enseignants ? Du coup, Nicolas Sarkozy s’en prend aux juges pour enfants. Pourquoi pas aux policiers planqués ou incompétents ? Nicolas Sarkozy veut que « la France silencieuse l’aide ». Il a été ministre de l’Intérieur, Vaillant (PS) aussi. Et hop, « j’aurais été un ami de Monsieur Kadhafi, on ne m’aurait pas traité plus bas » quand il a supprimé les allocations familiales aux parents n’envoyant pas leurs enfants à l’école. Et hop, un chiffre balancé. Il sera contredit, peu importe…
Dominique Niron se plaint des patrons voyous qui licencient. Voilà donc Nicolas Sarkozy qui se plaint du laxisme des tribunaux à l’encontre des patrons voyous. Ah, il était urgent d’en parler, cinq ans après. Et hop, on botte en touche sur la suppression de la taxe professionnelle. Dominique Niron voit bien qu’on lui parle de tout autre chose. Et voilà qu’on parle de cotisations familiales et que ce n’est plus la faute des magistrats, mais des organisations syndicales, qui n’ont pas assez aidé Nicolas Sarkozy. Le Japon n’a ouvert qu’un seul marché public : l’eau. Pas le nucléaire, non ?
« Où c’est qu’on va aller comme ça ? », ajoute Dominique Niron. Et il n’a pas envie d’entendre parler de Lejaby, sauvé deux mois avant les élections. On verra combien de temps, dans la maroquinerie, restera l’ancienne de Lejaby de 57 ans à son nouveau poste.
Bref, avec un bel aplomb, Nicolas Sarkozy a réponse à tout… exactement comme en 2007. Super-Menteur jouit du décervelage télévisuel, et de ce que personne, pratiquement, ne lit plus, ne se documente plus, ne se remémore plus.
« [i]L’exilé fiscal, c’est celui qui veut rester français pour la nationalité mais qui ne veut pas rester en France pour la fiscalité. Tous les avantages mais aucun inconvénient ![/i] », dit Sarkozy. Tous les amis de Sarkozy et de Woerth sont des évadés fiscaux, depuis cinq ans.
Renvoyez-le auprès de Carla Bruni pour qu’il devienne évadé fiscal à son tour.
Pour Melenchon, mieux vaut prendre l’original que sa copie.