Quand on va trop vite, on rate tout ce qu'on fait, les nanas connaissent bien le phénomène. Lucky Luke, alias Nicolas Sarkozy, le petit homme agité tirant trois fois plus vite que son ombre, accumule les boulettes. Il a voulu régler à lui seul et dare-dare la grogne des marins-pêcheurs concernant l'envolée du prix du gazole.
Son éminence olympique, Michel Barnier, était là juste pour décorer. Sarko, pour aller encore plus vite, a promis aux pêcheurs tout et n'importe quoi en oubliant un détail: L'Union Européenne. Nicolas Sarkozy l'a pourtant voulu son mini-traité-allégé de 256 pages et il va le faire avaler aux Français sans référendum en décembre.
Jeudi, à Bruxelles, la Commission Européenne l'a déclaré net: «Les aides annoncées par la France pour soutenir les marins-pêcheurs sont incompatibles avec les règles de l'UE…» Les marins-pêcheurs ont obtenu «un système d'amortissement de l'impact de la hausse des prix du carburant».
Cette aide devait être mise en place avant la fin de l'année. Joe Borg, le commissaire européen à la Pêche et aux Affaires Maritimes, avait des doutes. Selon lui, «il aurait été préférable d'aider financièrement les pêcheurs à se restructurer pour s'adapter au nouveau contexte économique…» …
Traduction: Aider les pêcheurs à changer de boulot, aller travailler chez EADS ou pointer au chômage, ce qui revient eu même. Mireille Thom la porte-parole de Joe Borg, a précisé: «D'après les premiers éléments, ce serait une aide au fonctionnement… Une compensation qui va à toutes les entreprises et qui représente une aide au fonctionnement n'est pas compatible avec les règles sur les aides d'État…»
Selon Mireille Thom, «Le premier "mécanisme" annoncé mardi par Nicolas Sarkozy, permettant de répercuter la hausse du prix du gazole sur les prix du poisson, aurait été compatible avec les règles de l'UE… Toute aide d'État doit être notifiée à la Commission qui peut les autoriser ou les interdire. Si les aides sont versées malgré le veto européen ou sans l'en informer, elles doivent ensuite être remboursées par les bénéficiaires…»
Les pêcheurs ont peut-être crié victoire un peu trop tôt. Jeudi, à Bruxelles, Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire d'État aux Affaires européennes, a voulu rassurer: «Des discussions auront lieu entre les autorités françaises et la Commission Européenne pour trouver un terrain d'entente…» Le prix du poisson va s'envoler et les pêcheurs aussi. Rappelons juste pour rire que 62 % des Français sont toujours satisfaits de Nicolas Sarkozy. Peut-être n'aiment-ils pas le poisson !