Santé, bonheur… piqure à toute heure ! Pas vraiment avec le « stylo » injecteur Merk de traitement de l’hépatite C. Voilà que l’Afsspas décide de contre-indiquer le Primpéran aux mineurs et veut faire réévaluer ses effets secondaires sur les adultes. Il remonte à quand, le Primpéran de Sanofi Aventis, au juste ? 1964. Combien de temps après a-t-il été introduit sur le marché ? Là, les trois morts du Mediator seraient devenus 1 300. Quand une caissière de supermarché fait encore des trous de caisse de quelques centimes une semaine après son embauche, on la vire. Quand un médecin ou un pharmacien gaffe un peu trop, il est promu à l’Afsspas ?

La presse a trop tendance à traiter des événements l’un après l’autre, soit que le plus récent chasse l’autre. Mais là, la coïncidence est trop évidente pour que des conclusions n’en soient pas tirées. Le cumul est lourd.
L’agence français de sécurité sanitaire recenserait à présent près de 1 400 cas de ruptures d’implants mammaires PIP. Attention, sur le seul marché français. Vous imaginez les dégâts à l’échelle de l’Europe ou du monde.
Il n’y a pas que le Primpéran à être contre-indiqué à présent pour les mineurs. Mais c’est le plus connu.
Ce médicament, découvert en 1964, a provoqué combien de dégâts ? On ne saura jamais.
Pour le Mediator, on sait mieux. Jacques Servier minorait quelque peu. « Il ne s’agit que de trois morts ! ».

Les auteurs d’un article de la revue Pharmacoepidemiology and Drug Safety viennent de conclure que le chiffre de 1 300 morts et de 3 100 hospitalisations correspondait à une approximation dans la mesure où les chiffres à l’unité près sont très certainement sous-évalués par rapport à la réalité. Ces chiffres ne correspondent d’ailleurs qu’aux cas recensés dans la seule France entre 1976 et 2009. Il a été retiré quand du marché, le Mediator ? Ah, après 2009, bien après, et non sans réticences.
Cette fois, le médecin niçois, qui avait alerté sur le ViraferonPeg dont le stylo injecteur fonctionne quand il veut, n’a pas été traîné dans la boue, et en justice, par les laboratoires Merck. Effet Mediator ? Pas seulement : Albert Tran est professeur, et non simple médecin, et chef de service d’hépathologie au CHU de Nice. Il s’était prononcé dès le 3 février 2011. À l’Afssaps, on ne lit pas, ou seulement trop tard, la presse… On se réunit, on se fait une bouffe…

Merck proteste, on l’entend

Dans un premier temps, l’Afssaps avait surtout entendu… les protestations du laboratoire Merck. Mais avec les affaires du Mediator, de PIP, tout le monde a eu un peu chaud aux fesses. C’est mercredi soir dernier que l’Afssaps a contraint Merck à « repenser la conception du dispositif ». Soit plus d’un an après avoir été alerté.

Là, c’est la Cour des comptes qui se préoccupe de la mortalité infantile en France. Elle est stable alors qu’elle recule dans la plupart des autres pays européens. L’Assaps découvre en lisant la presse ou quoi ?

Elle s’inquiète d’ailleurs de quoi ? Que les porteuses de prothèses mammaires PIP réclament, tout comme les victimes du Mediator, un fonds d’indemnisation ? Tout comme les victimes de l’amiante ? On peut virer un ministre de la Santé (après une canicule ayant provoqué une forte mortalité chez les personnes âgées, qui votent davantage…), mais on ne lui réclame rien. Il y a de nombreux morts alors que l’Afssaps n’a rien vu ? Ah, tant pis, le contribuable paiera, les laboratoires consentiront peut-être des assurances plus lourdes pour leurs personnels et leurs représentants dans diverses instances, et répercuteront le prix des primes sur les malades.

Responsables sur leurs biens ?

Je ne sais si les remplaçants des trésoriers-payeurs généraux, qui bénéficiaient d’avantages à l’égal des préfets, et d’une rémunération parfois supérieure, sont encore responsables sur leurs biens propres. Toujours est-il qu’on a rarement entendu qu’un TPG ait pu faillir. Qu’en est-il à présent des directeurs des services fiscaux, devenus administrateurs des finances publiques, je ne sais trop.

 

Les comptables publics doivent adhérer à l’Association française de cautionnement mutuel car ils restent « intégralement et personnellement » responsables de leur mission. Et les membres de l’Afssaps ? Ils bénéficient d’emblée d’une « décharge de responsabilité » ? Les sinistres sont imprévisibles et irrépressibles ou pas ?

Ils ont en tout cas bénéficié de très nombreuses « remises gracieuses ». Pour un comptable public, s’il vient à faillir, on lui laisse de quoi ne pas « mettre en déséquilibre, d’une façon trop sensible, son train de vie. ». Combien de membres de l’Afssaps ont-ils été remerciés, et qu’en est-il de leur actuel train de vie. En clair : le train de morts influe-t-il sur leur train de vie ?

 

L’erreur est humaine. Trop humaine. Mais perseverare diabolicum

 

L’Afssaps vient aussi de mettre sous surveillance renforcée les médicaments Desernil (contre la migraine), Gilenya (immunosuppresseur), Stablon (antidépresseur). Pratiquement aucun médicament n’est sans contre-indication. Parfois, la liste est démesurée. Là, c’est celle de ceux soumis à une réévaluation du rapport BR (bénéfices/risques) qui s’allonge, s’allonge…

 

En janvier 2012, les mepronizine, equanil, meprobamate Richard ont été retirés du marché. C’est au tour, pour les mineurs de moins de 18 ans (quand même !), du Primpéran. Huit préparations ont été retirées deouis février 2011. Près d’une vingtaine sont placées sous surveillance renforcée.
Le retrait des lots des suppositoires contenant des dérivés terpéniques, décidée pour le 15 décembre dernier, deviendra effective le 13 février. Mais au moins, les professionnels sont-ils déjà alertés.

La liste des membres des conseils, commissions, groupes de travail et experts de l’Afssaps est longue. Une quarantaine rien que pour ceux dont le patronyme débute par la lettre A (les listes des P, M, et L, en comptent plus du double).

L’Afssaps pour l’emploi

Je n’ai rien de personnel à l’encontre de Yazdan Yadanpanah dont j’ai consulté le nombre de collaborations faisant l’objet d’une rémunération personnelle. C’est un… certain nombre. Je n’en tire aucune conclusion (c’est « tombé » sur lui, car seul dont le nom débute par un Y). Il est d’ailleurs normal que des laboratoires consultent des experts et les rémunèrent. Mais quand la recherche sur le site fait remonter 723 résultats pour « Sanofi » (rien pour Primpéran, sans doute trop ancien pour être encore mentionné), on se pose des questions sur l’ampleur des conflits d’intérêts. Vieux débat. Qu’on se rassure, cela ne fera pas l’objet d’un référendum… Le nombre de morts ne le justifie pas… Mais on peut se poser aussi cette autre question : pourquoi ne pas confier le reclassement des chômeurs à de tels experts ? Au vu du passé, ils seraient bien capables d’en dégonfler fortement le nombre…

 

J’allais oublier. Pour l’Afssaps, il y aurait – je n’affirme rien, je ne suis pas expert – peut-être et non assurément des emplois plus égaux que d’autres. C’est ce qu’affirme le pharmacien alsacien Bernard Christophe, qui a fondé la société Nutrival. Son produit, le Tic-Tox (toxique pour les tiques) n’aurait pas eu trop à attendre pour se voir retoquer par l’agence. Il l’avait mis au point voici une quinzaine d’années, il s’affirme totalement de bonne foi, ayant tout d’abord satisfait aux préconisations de l’Afssaps.

Je ne peux me prononcer. Je lis : « ce qui est particulièrement scandaleux c’est que cet organisme, qui devrait être d’une rigueur irréprochable, se trompe dans des analyses, invoque une bibliographie fantaisiste sans la citer, et affirme haut et fort une toxicité qui n’existe pas, pousse à la fermeture d’une entreprise pour un motif futile et prive une nombreuse clientèle de soins qui leur ont profité… Ces « experts » ont un pouvoir qui ne permet même pas une contestation, étant seuls « experts » qui seront reconnus devant les tribunaux… A vous de juger si c’est moi le charlatan ou eux les criminels…et réagissez en fonction de votre avis pour tenter de faire cesser ces abus de pouvoir dans le domaine de la Santé Publique… ».
Il ajoute, à mon sens un peu à tort (on en a fait discrètement état ici et là), « la récente « descente » de la police judiciaire dans les bâtiments de l’Afssaps (dans le cadre du Médiator) et dans les domiciles des principaux dirigeants a curieusement été très peu médiatisée, contrairement à la soi disant toxicité de Tic-Tox. ». Bon, force doit rester à la loi. Chacun peut fabriquer un équivalent du Tic-Tox. Ou du purin d’orties.