Il ya quelques semaines les jeunes vendeurs ambulants se sont rebellé au Sénégal. Les pouvoirs publics ont voulu leur faire evacuer trottoirs et voies publiques. Or ce sont l'espace de travail de ces jeunes qui n'ont que cette micro-activité pour subvenir à leurs besoins. La révolte fut brève et violente. Le pouvoir a reculé.

Le pouvoir obnubilé par son nombrilisme n'a pas compris, que même s'il pouvait instrumentaliser les jeunes vendeurs ambulants, il ne pouvait pas controler des gens acculés à la désespérance. Qu'y a-t-il de plus dangereux que quelqu'un qui n'a plus d'alternative ? Un grand théoricien militaire chinois disait il y a quelques dizaines de siècles qu'il fallait toujours laisser à l'adversaire une porte de sortie honorable au risque de le transformer en bête fauve.

Le pouvoir s'est moqué de ces personnes. Non pas qu'il ne faille pas dégager les trottoirs, mais pour le faire sans mettre en danger ceux qui les occupent il faut leur trouver du travail. Le gouvernement ne s'est jamais réellement soucié de fabriquer de l'emploi et a méprisé l'agriculture, le secteur le plus facile à développer et apte à stabiliser une partie de la population.

Que l'on ne s'y trompe pas, les nuisances occasionnées par les laissers pour compte ne disparaitront pas avec une loi ou un décret présidentiel. L'occupation anarchique de l'espace, l'indiscipline, le mépris du bien commun dureront aussi longtemps que l'extrême pauvreté car ils en sont les symptomes.

Ces jeunes, le dos au mur, n'avaient rien à perdre. Le lumpenprolétariat est un sauvage qui ne respecte ni l'ordre établi, ni les pouvoirs basés sur des traditions ancestrales. Et ses colères sont explosives…