En ces temps tourmentés, il est toujours difficile de se faire une opinion. On est bien obligés de se fier aux informations que l’on reçoit des médias et de la presse. Pourtant, il y a parfois une petite musique qui vient quelquefois ébranler nos certitudes.

Rony Brauman sait de quoi il parle : la guerre et la misère, il connaît. Ancien président de Médecins sans frontières, il fait partie de ces personnages pour lesquels on ne peut qu’avoir de l’admiration.

Depuis quelques semaines, il clame à qui veut l’entendre que l’intervention en Lybie est une folie de plus, qu’il n’y a pas de guerre juste. Pour l’instant, les faits semblent lui donner raison. Quand on lui rétorque que des milliers de vies ont été épargnées à Benghazi, sa réponse est assez évasive. Il pense que des frappes ciblées auraient suffi et qu’on aurait dû fournir de l’aide aux insurgés en les armant et en leur donnant des conseils. Evidemment, on ne saura jamais s’il avait raison. Personnellement, je pense qu’il sous-estime la capacité de nuisance de Kadhafi et son armée.

On ne peut lui donner tort quand il dit que les interventions occidentales sont très sélectives et qu’on n’a pas fait autant d’histoires en Tchétchénie, à Gaza ou encore ces jours-ci en Syrie.

Pour Rony Brauman, seule une guerre défensive peut être juste et il ne partage pas la vision de Kouchner sur le droit d’ingérence.

Si on n’intervient pas partout, faut-il n’intervenir nulle part ? La réponse est non, on sait bien qu’on ne peut pas multiplier les interventions à l’infini. Mais peut-on toujours résoudre les problèmes par la diplomatie et le dialogue ? Kadhafi s’est toujours assis sur la morale et les droits de l’homme. Les accords de Munich n’ont-ils pas permis à Hitler de préparer son armée à son aise ? Beaucoup d’historiens pensent que si on l’avait attaqué dès 1938, le sort de la guerre aurait été tout différent. Mais c’est pareil : on ne le saura jamais.

Malgré toute l’admiration que j’ai pour ce grand monsieur, je pense qu’il faut parfois utiliser la manière forte et que même si la France a pris les devants pour de mauvaises raisons, on ne pouvait décemment pas laisser commencer le massacre. On ne peut pas parier quand il s’agit de vies humaines.