Il y des noms que l’on préfère taire, les évoquer et c’est tout un passé douloureux qui revient en mémoire. Des noms tabous, que l’on ne prononce pas, un secret qu’il faut mieux enfermer dans un tiroir à double tour pour qu’il y reste à jamais. L’actualité a ce rôle parfois cruel de les faire ressortir, leur donner la clé, pour qu’il entrouvre ce tiroir. Celui de Charles Manson résonne encore comme l’un des plus terribles tueurs en série.

Mercredi, les autorités californiennes devront statuer sur la demande de libération conditionnelle de Charles Manson. Le criminel croupit depuis plus de quarante ans dans la prison de Corcoran à 300 km de Los Angeles,  pour une série de meurtres atroces commis dans les années 1970. A cette occasion, les autorités ont publié une photo de l’homme, 77 années au compteur, mais toujours là même folie dans les yeux. Un regard de psychopathe qui n’a pas vieilli malgré une masse de cheveux et une barbe devenues grises par l’effet du temps, aussi inaltérable que la croix gammée tatouée sur le front. Un signe indélébile prouvant la noirceur du personnage.   

La demande n’est pas nouvelle, cela ne sera que la douzième fois depuis son arrestation. Il s’agit tout simplement d’une procédure administrative automatique. Tous les 5 ans, les condamnés peuvent profiter d’un nouvel examen de leur dossier en vue d’une libération. Nul doute que la demande sera rejetée tellement l’ampleur du crime est énorme. Lors de son 11ème refus, l’argument de l’instance s’appuyait sur son instabilité psychologique, elle aussi restée entière. Un danger potentiel pour toutes personnes qui aurait pu le croiser dans la rue.

Charles Manson s’était rendu tristement célèbre pour une série de sept assassinats dont celui de l’actrice débutante Sharon Tate, femme de Roman Polanski, en 1969. Un meurtre médiatique, commis au domicile du réalisateur, et dont l’horreur fut sublimé par le fait qu’elle était enceinte de 8 mois et demi.

Le lendemain, le groupe continua sa sanglante progression. Il se rendit chez un riche couple de Los Angeles, les LaBianca, qui connurent une même fin funeste. De nouvelles victimes furent à déplorer, entre autres, un professeur de musique, un acteur cascadeur et tant d’autres dont les preuves reliant la mort aux agissements du groupe ne furent pas formalisées.

Actes d’un barbare entouré de ses sbires, il a été arrêté par les forces de police californiennes et condamné à mort. En 1972, les exécutions furent supprimées dans la législation de l’Etat et les peines commuées en prison à perpétuité. Charles Manson agissait en gourou hippie et avait formé une communauté appelée "la famille". Il avait réuni autour de lui des personnes à son image, complètement insensées, maniaques, perdues dans des délires schizophréniques, reproduisant par mimétisme tout ce que leur messie leur ordonnait de faire. Parmi eux, Leslie Van Houten et Susan Atkins se sont vus refuser la libération conditionnelle. Susan Atkins, morte d’un cancer derrière les barreaux, n’a pas réussi à obtenir ce précieux sésame malgré son état de santé délétère. Car ce sont eux les véritables coupables, Charles Manson, certainement trop couards, a "juste" été le commanditaire des crimes.

C’est donc par un réflexe administratif que Charles Manson revient dans les journaux. Par une procédure quinquennale que des familles vont revoir le spectre de ces terribles méfaits. Des images de sang et de cadavres malmenés par des fous endoctrinés que l’on aurait préféré oublier à jamais.