A mon palmarès personnel, deux films sortent du lot. Quoique différents dans la forme, ils ont un même thème : la famille. Le premier est un film québécois de Jean-Marc Vallée : C.R.A.Z.Y ; le second est une comédie américaine hilarante : Little Miss Sunshine.
C.R.A.Z.Y, c’est le récit d’un enfant, puis d’un jeune homme, Zachary Beaulieu, de 1960 à 1980 au Québec. Il est l’avant dernier d’une fratrie de cinq garçons dont les initiales de leurs prénoms forment le C.R.A.Z.Y du titre et le nom de l’album musical fétiche du père. Le père interprété par Michel Côté, voit sa fierté virile mise à mal par l’homosexualité latente de Zachary. De leur confrontation naîtront les moments forts du film. Mention spéciale également pour la mère compréhensive et aimante, jouée par Danielle Proulx. Zach et ses frères grandissent avec les Rolling Stones, Pink Floyd et David Bowie. Une bande son qui nous restitue avec quelle justesse dans l’époque pattes d’eph. On suit la métamorphose physique du héros au gré des modes et on replonge nostalgique dans ces années –là. Zach (à l’âge adulte) est campé magistralement par Marc-André Grondin.
Ce film, sorti début mai, aurait mérité plus qu’un succès d’estime en France. Peut-être le festival de Cannes a-t-il empêché une large couverture médiatique ? Au Québec il a reçu un accueil triomphal. Précipitez-vous sur le DVD si vous avez manqué sa sortie en salle.
Little Miss Sunshine est un petit film indépendant américain qui a récolté plein de récompenses depuis sa sortie (le 6 septembre, je m’en souviens bien, c’était mon anniversaire). Réalisé par deux inconnus venus de la pub, Jonathan Dayton et Valerie Faris, cette comédie subtile a créé la surprise. Une fillette de 7 ans entraîne toute sa famille dans une rocambolesque aventure parce qu’elle désire à tout prix participer à un concours de beauté. Elle ne remplit en rien les critères esthétiques de ce genre d’événement et bien qu’elle n’ait aucune chance de l’emporter, les voilà tous embarqués dans un vieux van à travers l’Amérique telle qu’on l’a rarement vue. Le grand frère mutique en pleine crise adolescente, le grand-père érotomane, l’oncle intellectuel homo suicidaire, le père qui gère la vie de famille comme un stage de développement personnel vont accompagner la mère et la fille dans ce projet loufoque. Le film est à l’image de ses héros marginaux tour à tour acide et tendre, mais surtout très drôle. On pense à une thérapie de groupe sauvage qui se termine en apothéose ! Un petit chef d’œuvre d’humour et d’humanité !