François Fillon, à son tour, après Brice Hortefeux, veut faire travailler les autres à vie, tout comme lui. En effet, tout comme un Nicolas Sarközy qui « travaillera » et sera rémunéré sa vie durant, François Fillon finira bien par intégrer le Conseil économique et social ou une Haute-Autorité ou un Haut Conseil quelconque. Et nous n'aurons jamais à payer pour leurs retraites puisqu'ils auront tout intérêt à rester à vie en activité.
Tout comme les présidents de la République, toutes les élu·e·s un peu en vue se voient recasé·e·s à vie dans des machins et des bidules, que ce soit une Cour des comptes, un Conseil institutionnel, ou n'importe quoi qui rapporte. Et rapporte gros. Et en plus, le cumul avec les retraites (d'élu, de secrétaire d'État, de ministre) est bien évidemment permis.
François Fillon, ici (photo DR/Services de presse du Premier ministre) entre Brice Hortefeux et Nadine Morano lors de l'installation du Haut Conseil de la Famille, qui permet de récompenser des syndicalistes compréhensifs, des membres d'associations bien utiles pour faire bien voter des personnes âgées, &c., ne s'arrêtera jamais de travailler.
D'une part, il trouvera bien un moyen de ne rien payer de sa poche, tout comme Nicolas Sarközy qui ne règle pas les honoraires des avocats de son divorce avec Cécilia Ciganer. Pourquoi se gêner ? Tout leur est permis (sur ces histoires d'honoraires, voir le Canard enchaîné nº 4626 au sujet de ceux de Georges Kiejman). Rien n'est plus facile que de se faire coiffer au Sénat pour le prix d'un pourboire, et les ministres n'y manquent généralement pas. On ouvre des yeux effarés sur les pratiques des parlementaires britanniques sans s'apercevoir que c'est pratiquement similaire en France où les prêts à taux zéros sont contingentés pour les accédants à la propriété mais presque pas pour les parlementaires qui peuvent s'équiper, s'enrichir, et même placer les montants des prêts à taux zéros. Ce n'est qu'un exemple. Tout est fait pour que la classe politique, la haute caste syndicale et associative n'ait pas à travailler réllement tout en se gavant.
Savez-vous combien est rémunéré le moindre ancien maire ou la moindre déléguée syndicale nommée au Conseil économique et social ? « Le tiers de l'indemnité parlement telle qu'elle est définie par l'art. Ier de l'ordonnance du 13 décembre 1958 susvisée et comprenant également l'indemnité de résidence mentionnée à l'art. 10 de la loi du 13 juillet 1983. ». Peu de conseillers perçoivent en sus le supplément familial au titre des enfants encore à charge, mais certains auront toute leur vie à charge leurs enfants. N'oublions pas les divers compléments dont les « indemnités représentatives de frais ». Sinon, en général on peut boire, manger et voyager sans trop en être de sa poche. Si ce n'est le Conseil, c'est un organisme, un groupe de pression quelconque qui vous rince, loge, divertit.
Inutile de vous dire qu'en termes de revenu, vous dépassez de très loin ceux d'un Smicard travaillant en sus au noir. Et vous pouvez cumuler le Conseil avec des représentations, des jetons de présence, divers avantages. Selon les cas, on vous dote d'une voiture de fonction, d'un chauffeur, de gens de maison. Et s'il y a loyers, ils sont très modérés.
En revanche, que fait un diplômé, même un vrai Sciences Po (de la rue Saint-Domique, Sarközy l'étant de Nanterre), s'il ne verse pas dans la carrière politique ou si papa, maman, l'oncle Untel, la tata Unetelle, ne le case pas chez une relation ou chez un fournisseur, un client ? Pendant des années, il survit avec des petits boulots, des surveillances de concours, etc. Il en profite pour soutenir une thèse. Il tentera aussi les études post-doctorales, obtiendra l'autorisation d'enseigner, mais ne trouvera pas de poste (ils sont réservés pour la progéniture d'amis pouvant favoriser la vôtre). Donc, il tentera de se créer son emploi, ou finira par être embauché dans le privé. Elle ou il a alors atteint 28 ans. Si très compétent·e, très au fait des évolutions, on l'emploiera dix ans au plus. Or donc, à 38 ans, inemployable par tout le monde, il rejoint la cohorte des précaires et des érémistes…
C'est ce qui est arrivé aussi, mais avec des dates d'entrée en fonctions et de sortie un peu différentes pour les générations précédentes. Votre DÉA ne vous a ouvert aucune porte ? Pas grave. Vous obtenez donc un DESS, soit un Master II professionnalisé, une sorte de MBA quelconque. On vous a employé une dizaine d'années avant de vous remercier. Et là, quand vous êtiez au tas, vous vous disiez : « bon, en tout cas, les retraites sont calculées sur les dix meilleures années, ouf ! ».
Oui, mais arrive au pouvoir de la CFDT la prochaine promotion des futures nommé·e·s au Conseil économique et social, ou à on ne sait quel poste représentatif fort bien rémunéré, pourvu en gros cigares, en voitures de fonctions, en chauffeurs. Et hop, c'est recalculé. Ce ne sont plus les dix meilleures années, mais les 25. Donc, vous ne pourrer plus partir à la retraite à 60 ans, et votre retraite sera de l'ordre de 500 ou 600 euros mensuels. Vous cherchez donc, avec vos deux masters II, à trouver un poste de factotum, pour sortir les poubelles par exemple. Ah, ben non, on ne va pas embaucher quelqu'un ayant fait dix années d'études, ayant été cadre, à un tel poste. Donc, il n'y a pas un seul poste pour vous. Des missions, payées au lance-pierres quand elles le seront (soit quand on voudra, on vous sait aux abois…), peut-être.
Pendant ce temps, même si vous ne touchez que le Rmi, vous payez de la TVA pour nourrir et rémunérer Mesdames et Messieurs Fillon, Hortefeux, Morano, Sarközy, dont les émoluments et revenus ont, eux, enflé, enflé, enflé tandis que les vôtres se réduisaient d'année en année.
Et voici maintenant un Fillon, qui n'emploie plus jamais le TGV dont il a fait détourner une ligne à proximité de sa rédicence proche de Sablé, mais qui vole en avions du Glam, en hélicoptères, qui veut vous faire travailler jusqu'à 67, 68, 69, 70 ans. Il « travaille » bien, lui. Et il compte travailler à vie en cumulant revenus frais, train de vie réglé par le contribuable, et retraites diverses de député, ministre, conseiller général ou autre.
Bref, tous les cadres diplômés de sa ou ses promotions ou classe d'âge, s'ils ne sont pas comme lui, auront travaillé dix, vingt ans au mieux à réaliser des gains de productivité, à supprimer des postes en s'épuisant au travail et en épuisant les autres, à licencier et détruire des emplois. Ils n'ont qu'à retrouver un travail. Oui, mais, lequel ? Leurs économies ont servi à suppléer le manque de revenus de leurs enfants, étudiants, voués à des petits boulots ne fournissant pas de quoi payer un loyer.
Croyez-vous, Monsieur François Fillon, que les banques que vous avez contribué à faire ce qu'elles sont, vont leur prêter des fonds pour boursicoter et continuer à détruire des emplois ?
Croyez-vous, Monsieur Brice Hortefeux, Madame Nadine Morano, que vous embaucheriez un·e ex-cadre ex-encadrant·e, mieux et davantage diplômé·e que vous, comme répétiteur pour des nièces ou neveux ou des petits-enfants ? Mais vous n'en avez nul besoin, des stagiaires font l'affaire… Comme personnel de maison, jardinier ? Oui, à condition de ne rien savoir de ses fâcheux antécédents. Ou imaginez que cela se sache en pleine campagne électorale : vous rétribuez très chichement vos personnels de maison quand ils ne sont pas en fait rétribués par le contribuable. Et cela ferait tache de savoir qu'il s'agit d'une vieille dame ou d'un vieil homme ayant connu d'autres « fortunes » (on disait ainsi naguère des bonnes).
D'ailleurs, vous n'en avez cure. Vous savez bien que les réelles solutions sont de réduire les gens à la misère, aux maladies non traitées faute d'argent, au suicide. Car sinon, il faudrait remettre en cause vos niveaux de revenus ainsi que ceux des personnes pour lesquelles vous gouvernez ou tentez de le faire croire.
Le reste n'est que parlottes et enfumage.
En fait, pour ces gens, rien ne compte d’autre que leurs propres besoins (de superflu aussi, mais, n’est-il pas, ils l’ont bien mérité : tout leur est dû…).
Là, ils veulent lancer un grand emprunt. Qu’il finisse par coûter plus cher aux contribuables qu’un emprunt classique auprès des banques ne leur fait pas peur du tout. Les pauvres, qui règlent la TVA, finiront par payer, les petits contribuables aussi. Eux, ils ont le bouclier fiscal.
Pour le reste, c’est : Empruntez et dépensez à tout va… Car vous pourrez rembourser en travaillant beaucoup plus longtemps grâce à Sarközy, Hortefeux, Fillon, qui vous garantissent que vous pourrez, comme eux, travailler bien au-delà de 77 ans…
Et pensez aux chèques vacances ! En travaillant au-delà de 77 ans, vous pourrez conserver le bénéfice des chèques vacances ! Et des tickets restaurants ! Le bonheur ! La félicité ! Travailler, c’est la santé !
Sauf que, stressé, le travailleur développe vite une maladie léthale. Pas grave. Il meurt plus vite et restreint le déficit de la Sécu. Que du bénéf !
ilfaudrait déjà revoir les retraites des politiques et des élus ainsi que celles des hauts-fonctionnaires , pour commencer !puis celle de ceux cumules ??
[b]Piniac[/b], il me semble bien que les élus locaux, nationaux et européens ont une caisse de retraite spéciale, à laquelle ils cotisent… Il me semble qu’il s’agit de la caisse parlementaire ! Même les membres d’un gouvernement y cotisent, puisque la plupart d’entre eux ont été des élus !
Donc, ils ne font pas, tout comme les travailleurs, partie d’un régime général de retraite.
Effectivement, Dominique, pas question pour ces caisses très particulières de subir le sort du régime général qui peut, au besoin, servir à combler un trou budgétaire (quand les choses vont mieux ou moins mal, tout comme la Sécu).
Sinon, je viens de faire un truc sur Julien Dray. Ses explications sont pathétiques.
Bah, lui, aussi, il pourra travailler indéfiniment, sans aucun doute…
Les rapports du Sénat sont toujours instructifs :
Je cite :
L’écart avec les salariés jeunes est alors beaucoup plus réduit, mais peut être suffisant pour influer sur les comportements d’entreprises employant beaucoup de main-d’oeuvre peu qualifiée, et soumises à une forte concurrence sur les prix.
Ce n’est, bien sûr, pas l’augmentation de salaire en elle-même qui peut inciter une entreprise à se séparer de ses salariés âgés, mais plutôt l’écart qui peut apparaître entre le coût du travail et la productivité des salariés concernés. Pour les salariés qualifiés, l’âge s’accompagne de l’acquisition d’expériences, ou d’un réseau relationnel plus étoffé, qui améliorent leur productivité, et justifient des prétentions salariales plus élevées. Pour les salariés qui occupent des postes peu qualifiés, l’âge n’apporte généralement pas de gains de productivité ; il peut même, au contraire, s’accompagner d’une certaine usure, ou d’une démotivation au travail, qui diminue la productivité. La progression des salaires serait donc, pour ces travailleurs, décorrélée de celle de la productivité. Ceci crée une incitation pour les entreprises à se séparer de leurs salariés âgés et peu qualifiés.
http://www.senat.fr/rap/r03-069/r03-06940.html
En sous-jacent : les salariés âgés non qualifiés sont payés trop chers pour le gain de productivité qu’ils ont.
Il faudrait qu’ils se posent la bonne question : un cadre âgé, qui représente 3 salaires non qualifiés, ajoute-t’il autant de valeur à l’entreprise que 3 personnes ?
La pénibilité dont on parlait il y a quelqus années a disparu.