Tous les sujets de discussion ne sont pas de la même volée. Certains sont agréables, festifs, légers et abordables avec la majorité des interlocuteurs, puis au contraire, d’autres sont plus sérieux et à chacune de leur évocation, il y a débat ou polémique. La Mort, notamment celui de choisir la sienne, en est un qui est revenu dans l’actualité de cette semaine. Un peu occultées, par les petites phrases mesquines et autres annonces fracassantes saupoudrées de chantage affectif envers les électeurs de droite, des affiches ont fait sensation.

L’Association du Droit de Mourir dans la Dignité, présidée par Jean Luc Romero, a voulu frapper fort pour que la question interpelle les candidats à la présidentielle. Une nouvelle campagne choc montée en association avec les Inrockuptibles montrant, par un habile photo montage, Nicolas Sarkozy, François Bayrou et Marine Le Pen amaigris, malades, le teint livide, sur un lit d’hôpital et bardés de tuyaux. Joint à la photo, un message qui heurte la sensibilité : « Doit-on vous mettre dans une telle position pour faire évoluer la vôtre sur l’euthanasie ? » Une opération forte de sens, en pensant les placer dans ce triste état, à l’article du trépas, l’Association espère une réaction positive de leur part. Une position fixe sur le sujet allant vers la reconnaissance officielle de l’euthanasie médicalement assistée. A la vue de cette publicité, on peut se demander pourquoi ces trois personnages publics et pourquoi François Hollande n’est-il pas affublé de la sorte ? Tout simplement car ces 3 postulants au poste de président se sont prononcés contre, à l’inverse du socialiste qui, à demi-mot, s’est déclaré pour. Il fait même l’objet du point 21 de son programme. Pour éviter les débordements, telle est la raison avancée par les contestataires. Evitez que dans les journaux, les faits divers se remplissent de cas évoquant des médecins serial killers ? Pourtant, si on en croît les récents sondages, une très grande majorité des français, 94%, pensent qu’il serait nécessaire de statuer là-dessus. L’euthanasie devrait être permise et suivre des conditions strictes. La demande doit être faite par le malade, plus aucune guérison possible, impossibilité de calmer la souffrance ou encore que le médecin ordonnant la mise à mort ait eu une relation de confiance avec le malade. Une mobilisation doit avoir lieu le 24 mars prochain, en présence des candidats, sur la place de la République à Paris. La Mort ne doit plus faire peur, on doit l’accepter et, même si cela peut paraître paradoxal, elle fait partie de la vie. Il est utile de clarifier la situation. Est-il plus humain de laisser vivre une personne mourante dont les soins n’ont plus aucun effet sur elle ou bien, d’abréger les longs cris d’agonie du souffrant faisant lui-même la demande ? Vaste question de société. Mais regardons un peu ailleurs, chez nos voisins européens, notamment chez les pionniers, les néerlandais.  Les Pays-Bas ont la réputation d’être avant-gardiste sur de nombreux sujets. Là-bas, l’euthanasie n’est pas considérée comme un acte de barbarie mais comme un acte de bienséance. Le royaume a d’ailleurs donné un coup d’accélérateur à la loi en formant une équipe de « tueurs ». Un grand mot, certes, mais c’est ce que sont ces médecins un peu particuliers.

 

Six équipes, comprenant un docteur en médecine et une infirmière, sillonneront le pays à la demande des patients voulant que l’on mette un terme à leur existence ternie par les maux. Le solliciteur s’éteindra chez lui, l’équipe n’ayant de local spécialisé pour procéder, puis faire déplacer une personne mal en point, ce serait un manque de compassion.

 

Ce n’est pas demain la vieille que ce genre de tournée aura lieu en France. A travers ce genre de débat sociétal, on peut remarquer que le pays reste irrémédiablement influencé, inconsciemment ou non, par ses fondements catholiques. Même si ce ne sont plus que des reliquats d’un temps ancien, la République, pourtant séparée de l’Eglise depuis 1905, continue de « respecter » la coutume disant que l’on ne peut reprendre une vie que Dieu a donné.