Réduction de la pauvreté au Sénégal

Pas besoin d'avoir un master en économie pour voir que les objectifs de réduire de moitié la pauvreté pour 2015 ne seront jamais atteints.

La croissance depuis 15 ans est de 6%, cette année de 3 ou 4 %. L'inflation est de 1,5 ou 2 %, l'augmentation de la population est d'environ 2,5 %. Ce qui fait que l'augmentation du produit national brut est amputée, par an, de 4 à 4,5 %.

J'ai la flemme de faire le calcul mathématique, mais pas besoin d'être économétriste pour voir qu'il faudra de nombreuses décennies pour que la population voit sa situation modifiée de manière sensible.

On ne peut pas incriminer plus spécialement le régime de Wade (actuel président) que le régime PS (parti au pouvoir avant 2000). Quoique Wade pour des raisons électorales a gravement pesé sur le futur des finances publiques avec les cadeaux royaux faits aux juges, aux ministres, députés, sénéteurs, maires, préfets…

Tout simplement, les lieux communs véhiculés par tous les prétendants à nous gouverner sont inopérants. Les bases de leur pensées sont fausses.

Tous veulent faire l'économie de la transformation sociale. La lutte contre la pauvreté, mais surtout l'enrichissement des populations nécessitent une révolution sociale. Le développement est freiné voire carrément empéché par les multiples contraintes sociales, les superstitions et un mode de vie et de pensée radicalement incompatibles avec le développement.

L'appel aux valeurs africaines séculaires, au panafricanisme, aux génies propre à grands renfort de royaume d'enfance ou de tétons de femme noire, au donner et recevoir n'y changera rien (en gras, les niaiseries tenant lieu de pensée politique à Senghor, Léopold Sédar) . Les plates inepties de la négritude non plus. Ce sont là pensées réactionnaires propres à engluer les populations africaines dans leur obscurantisme et leur immobilisme.

Il n'y a aucun particularisme africain. La colonisation, l'esclavage, le post colonialisme ne sont pas spécifiquement africains. Ce ne sont que les manifestations de l'exploitation capitaliste.

Ne nous trompons pas, cette exploitation n'est pas exclusivement occidentale, nos propres cultures ont sécrété leurs propres systèmes d'exploitation et d'oppression, y compris l'impérialisme. N'oublions pas le rôle des rois nègres dans la traite d'esclaves, le salaire "de misère" donné aujourd'hui aux jeunes bonnes et l'exploitation des petits talibés.

Il se trouve que l'essentiel de ces exploitations "domestiques" sont encore bien vivantes dans nos sociétés.

Ce constat ne me fait pas ignorer les contraintes et les agressions extérieures. Elles existent, mais nos sociétés sont incapables d'y répondre. Or, une société incapable de réagir pour se défendre est une société dont la culture n'est pas en phase avec le monde réel.

Change ou crève. Il n'y a guère d'autres choix.

PS : Si Senghor était peut être un bon poète, je n'en sais rien, mais c'était à coup sur un piètre politique.

Il n'a jamais compris que le sens du rythme, les tétons noirs, royaume d'enfance, génies propres n'étaient pas des concepts et opérateurs intéressants pour industrialiser un pays. L'économie se moque totalement du sens du rythme africain…

Le développement n'est pas fumeuses théories culturelles (plus ou moins plagiées). Le développement est affaire de volonté. Pas de spécificité africaine. C'est là qu'il avait tout faux, Léopold.