Qui désignera le prochain Dalaï Lama?

 
Cela pourrait paraître anecdotique, mais les implications sont bien plus étendues qu'il n'y parait: le Dalaï Lama, en visite au Japon, aurait déclaré au quotidien nippon "Sankeï Shimbun", que le choix du futur Dalaï Lama pourrait se faire de son vivant: "Si le peuple tibétain veut soutenir le système du Dalaï Lama, il peut éventuellement choisir le prochain Dalaï Lama tant que je suis encore en vie. Parmi les options qui s'offrent aux Tibétains, il y a le choix démocratique par les hauts prélats du bouddhisme tibétain ou la désignation d'un successeur par moi-même", ce qui va tout à fait à l'encontre de la tradition, mais précise-t-il, "les Tibétains ne supporteraient pas un successeur désigné par les autorités chinoises".

En effet les Dalaï Lama dans toute la tradition tibétaine, sont désignés après la mort du dernier chef, par des moines et des maîtres spirituels qui pour le remplacer se mettent à la recherche de sa réincarnation. C'est parmi des enfants candidats qu'est désigné le nouveau chef, après avoir constaté que l'enfant a gardé des souvenirs de ses précédentes incarnations en tant que dalaï Lama, comme par exemple de reconnaître des objets lui ayant appartenu lors de sa précédente vie. Les Dalaï lama sont des bodhisattvas, c'est à dire un être éclairé qui a choisi de renaître pour le bien de tous les êtres, et ne saurait donc être désigné qu'après enquête. L'enfant désigné est ensuite emmené dans un monastère, pour parfaire sa formation bouddhiste.
Mais comme Pékin a décidé que chaque décision des lamas ne serait validée qu'après son approbation, cela peut faire craindre que la Chine, qui occupe le Tibet, dont le Dalaï Lama est traditionnellement le chef d'Etat en même temps que chef spirituel bouddhiste, pourrait être tenté de désigner un Dalaï Lama qui lui serait favorable. En effet, dirigé d'une main de fer depuis 1951 par la Chine, le Tibet demande, par l'intermédiaire de son chef exilé en Inde, une autonomie réelle, ce que refuse catégoriquement Pékin. Et la Chine n'a en effet pas manqué d'intervenir en déclarant que "La réincarnation d'un bouddha vivant est la seule voie de succession du bouddhisme tibétain et suit  des rituels religieux relativement détaillés et des conventions historiques", accusant de fait le Dalaï Lama de trahir toute la tradition dont il devrait être porteur.
Le Dalaï Lama est aujourd'hui agé de 72 ans, et bien sûr tôt au tard la question de sa succession devra se soulever, ce qui ne peut manquer d'inquiéter les Tibétains, d'autant qu'un jeune garçon de six ans a été arrêté par les autorités chinoises après sa désignation par le Dalaï Lama comme nouveau Panchen Lama, c'est à dire le deuxième personnage de l'Etat, dont l'implication est traditionnellement grande dans la recherche du nouveau Dalaï Lama, ce qui peut accréditer les craintes du peuple tibétain d'irrégularité lors des futures recherches.
Des informations sur le Tibet ici

3 réflexions sur « Qui désignera le prochain Dalaï Lama? »

  1. Je suis d’accord avec les conclusions de votre aticle, si le Dalaï Lama passe outre des traditions bien établies, et qui sont le fondement de son pouvoir, c’est qu’il sent le Tibet particulièrement menacé…

  2. peu importe qui le désignera pas puis qu’il veut nous faire croire qu’il se réincarne !!!! Elle est bien bonne celle-là : mais qui choisit ?!!!!!!!!!
    « Les enfants candidats sont interrogés pour rechercher des signes tels que la reconnaissance des possessions du précédent dalaï lama. » Carrement diabolique !!!!

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