Dans mon article du 26 septembre je pressentais que nous allions entrer en récession. Or, non seulement les 2ème et 3ème trimestre sont en baisse (succession d’au moins deux trimestres négatifs = RECESSION) mais le 4ème trimestre devrait aussi être négatif d’après l’INSEE ( baisse de 0,1 point du PIB aux troisième et quatrième trimestres, après – 0,3 point au deuxième trimestre).

Malgré ces chiffres évidents, nos ministres interrogés par les médias (y compris Jean-Claude Trichet directeur de la BCE), se refusaient depuis hier jeudi à prononcer le mot récession, la palme revenant à Xavier Bertrand qui botta en touche suite à la question d’un journaliste. Autant de suffisance, de condescendance est inadmissible de la part de nos gouvernants qui se veulent proche des citoyens. La transparence qui devait être le maître-mot de la communication de l’Elysée est banni depuis quelques mois et l’opacité reprend le dessus dans l’information des citoyens sur la crise et statistiques macroéconomiques (plus spécialement sur la croissance où Christine Lagarde dit tout et son contraire mais rarement la vérité !) comme dans la City de Londres, place forte de la finance internationale, où rien ne transpire.

Il faudra attendre vendredi midi à Antibes pour que le ministre du budget daigne enfin affirmer à mi-mots :

« Il y a eu deux trimestres qui sont en croissance négative, ça s'appelle une récession technique. Il y a eu une année 2008 qui est en croissance de 1%, alors certes c'est pas beaucoup du tout, c'est même très très peu, mais ça reste de la croissance", a déclaré M. Woerth en marge des journées parlementaires UMP à Antibes. Critiquant "une sorte de jeu de chasse et de la souris (…) ridicule" entre la presse et les membres du gouvernement pour savoir qui dira "le mot qu'il ne faut pas dire" (récession), M. Woerth a estimé que "ce qui est important, c'est qu'est-ce qu'on fait" car "on ne peut pas se satisfaire de 1% de croissance » (AFP le 03/10/2008).

« Jeudi soir, le même Eric Woerth avait affirmé jeudi soir que "par nature, la France n'est pas en récession". De son côté, la ministre de l'Economie Christine Lagarde, refusant de prendre à son compte le terme de "récession", a estimé que "ce n'est pas ça le plus important". Vendredi, critiquant "une sorte de jeu de chasse et de la souris (…) ridicule" entre la presse et les membres du gouvernement pour savoir qui dira "le mot qu'il ne faut pas dire" (récession), Eric Woerth a estimé que "ce qui est important, c'est qu'est-ce qu'on fait" car "on ne peut pas se satisfaire de 1% de croissance » (Europe1. fr le 3/10/2008)

 

Reconnaissons, que le mot récession fait l’objet de diverses interprétations en Europe et outre-Atlantique : « Une récession se définit couramment par deux trimestres consécutifs de croissance négative – ce qui ne s'était plus produit en France depuis les quatrième trimestre 1992 et premier trimestre 1993. Cette définition technique n'est pas celle retenue aux Etats-Unis par exemple, où il revient à un centre de recherche indépendant, le National Board of Economic Research, de déterminer, des mois après, si et quand l'économie a été en récession, sur la foi de l'évolution de l'emploi, de la production nationale et d'autres indicateurs. » (Reuters, le 3/10/2008)