Dans les années 60-70, Geneviève Tabouis, chroniqueuse attitrée de RTL y tenait une rubrique intitulée « Les dernières nouvelles de demain » au cours de laquelle son fameux jingle servait d’introduction à un flot de révélations glanées auprès de son fabuleux entregent. Décédée en 1985, elle n’a bien entendu pas connu (ni même imaginé), la fantastique accélération de l’information que nous connaissons depuis le début de cette année 2011, étourdissante au point de nous donner le tournis.

 

Alors c’est à sa mémoire que je me pose la question de savoir à quoi nous devons nous attendre, puisque la confrérie semble devenue d’une inhabituelle mais extrême prudence en ce matin du vendredi 1er juillet. Le matin, c’est-à-dire après la révélation par le New York Times des sérieuses zones d’ombre relevées par l’accusation dans le passé (du coup devenu son passif) de la présumée victime, mais avant que le tribunal ait annoncé au présumé innocent les conséquences qu’il en tirait.

Des zones suffisamment troubles aux yeux du procureur pour mettre en cause non la véracité des faits allégués, mais la crédibilité de celle par qui ils l’ont été, une nouvelle qui vient à point nommé pour éviter à la défense de l’inculpé d’avoir à procéder elle-même à la manœuvre de déstabilisation à laquelle elle se préparait.

Donc, la pondération est de mise, et nul n’a encore osé prendre le risque de se hasarder au moindre pronostic (« Courage, fuyons »). Alors, moi qui ne suis qu’un modeste commentateur citoyen, je vais au moins prendre celui de vous révéler ce qui ne va pas se passer.

Attendez-vous à savoir que le 5 juillet prochain, quelques minutes après être officiellement entrée en fonction, Christine Lagarde ne va pas démissionner de son poste pour laisser une chance au conseil de direction du FMI de décider que c’est peut-être un peu hâtivement qu’il a accepté la démission de son prédécesseur et qu’il aurait aussi pu opter pour l’alternative d’un intérim, les talents ne faisant pas défaut en son sein.

Attendez-vous à savoir que Martine Aubry ne va pas se retirer de la course aux primaires, que Bertrand Delanoé ne va pas lui reprendre son soutien, ni Pierre Moscovici celui de François Hollande, autant de non-décisions motivées par l’impossibilité d’ignorer la carbonisation de l’ex-Directeur du FMI auprès de l’opinion publique et plus encore, dans un premier temps au moins, auprès de ses partisans encore enrhumés par le vent du boulet.

Attendez-vous à savoir que Jean-François Kahn aura la sagesse de ne pas revenir pas sur l’annonce de son renoncement au journalisme, acceptant de payer d’une mise au coin méritée une bêtise dont il n’aurait pu prétendre s’exonérer que s’il ne s’était agi que d’une simple maladresse ou même d’un regrettable accident (je dois cette trilogie à mon petit-fils qui, du haut de ses 34 mois, cultive déjà la nuance, comme on le voit).

Attendez-vous à savoir que Jean-Michel Apathie ne va pas accélérer la rédaction (et a fortiori la publication) de l’ouvrage dans lequel il « racontera des choses » (par le menu, c’est le cas de le dire) à propos de ce qu’il a appris au cours du dîner auquel il participait à l’invitation de Thierry Ardisson, en 2002. « Il le fera », n’en doutez pas, « mais il lui faudra encore plus de temps pour cela », à moins que quelqu’un l’appelle ou l’interroge d’ici là, ce qui paraît douteux.

Attendez-vous aussi à savoir que tous ceux qui avaient confondu l’usage de la présomption d’innocence avec celui d’un paillasson ne se sentiront nullement tenus de présenter des excuses, ni plates, ni même simplement ordinaires, pour leur excessif empressement.

Attendez-vous à savoir, enfin, si DSK venait à être définitivement blanchi, que nombre de personnalités des médias et de la politique s’étaient activement engagées dans sa défense dès l’autre matin (celui du 14 mai) et que si vous n’aviez pas entendu leurs voix, la seule explication plausible ne peut en être que votre surdité.