Une semaine après l’annonce par le Vatican de la levée de l’excommunication des quatre évêques intégristes, dont l’un, Richard Williamson, nie la Shoah, la polémique ne retombe pas, particulièrement en France. « Je crois qu’il n’y a pas eu de chambres à gaz », avait déclaré le 21 janvier le prélat britannique à la télévision suédoise.

En réponse aux questions reçues à propos des déclarations faites par Mgr Richard Williamson, membre de la Fraternité Saint-Pie X, sur l'Holocauste (Shoah), la Conférence des évêques catholiques du Canada a publié le commentaire suivant: la Conférence des évêques catholiques du Canada considère qu'il est odieux de soutenir que le mal terrible que fut l'Holocauste n'est pas un fait historique et se joint au Saint-Père Benoît XVI pour faire appel à tous les peuples afin qu'ils reconnaissent que l'Holocauste est un « avertissement contre l'oubli, contre la négation, ou le réductionnisme »

Le grand rabbin de France, Gilles Bernheim qui sera investi dans ses fonctions cet après-midi a qualifié de « propos abjects » les propos négationnistes de Williamson. Dans une interview exclusive accordée à notre journal, le cardinal-archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, président de la Conférence des évêques de France, explique la décision de réintégrer les dissidents intégristes prise par Benoît XVI, qui a par ailleurs nommé hier un évêque auxilliaire ultraconservateur en Autriche. Mais il affirme aussi partager « le trouble et l’indignation » des Français.

Ce que je trouve indigne, ce n'est pas que le pape lève une mesure disciplinaire pour ouvrir une porte à une évolution, si possible, des personnes concernées", explique le président de la Conférence des évêques de France Mgr Vingt trois. "Ce que je trouve inacceptable, ce sont les propos négationnistes de Richard Williamson. Ces mots suscitent l'horreur." Il prétend que, tout au plus, "entre 200.000 et 300.000 personnes ont péri dans les camps de concentration nazis, mais pas une seule d'entre elles par gazage dans les chambres à gaz". Malgré les excuses exprimées par l'évêque britannique pour "la peine et les problèmes" causés par ses propos, Mgr Vingt-Trois affirme attendre "de lui et de ses semblables qu'ils reconnaissent la réalité historique des camps d'extermination et qu'ils le disent".

Dans une interview accordée jeudi à «La Tribune de Trévise», Floriano Abrahamowicz responsable de la communauté intégriste catholique de la Fraternité Saint Pie X pour le nord-est de l'Italie, explique ainsi savoir «que les chambres à gaz ont existé au moins pour désinfecter, mais je ne saurais dire si elles ont causé des morts ou non car je n'ai pas approfondi la question».

Benoît XVI a tenté d'éteindre en fin de semaine la crise en exprimant sa «solidarité» avec les juifs à l'occasion de l'anniversaire de la libération d'Auschwitz. Le pape a également condamné la négation de la Shoah. «La solidarité avec les juifs exprimée par le pape est un fait important et utile. Mais elle laisse place à l'ambiguïté», a réagi jeudi matin le rabbin David Rosen, dans une interview au quotidien italien La Repubblica. Et le conseiller du Grand rabbinat d'Israël d'estimer que l'affaire «n'est pas complètement terminée».

Malgré cette polémique, le Pape a nommé en milieu de semaine, évêque-auxiliaire de Linz, un ultra-conservateur qui ne figurait même pas sur la liste proposée par l'évêque du diocèse autrichien. G.M.Wagner, 54 ans, s'était signalé ces dernières années par des déclarations qui avaient suscité de vives polémiques. Ainsi après l'ouragan Katrina qui avait dévasté La Nouvelle-Orléans en 05, il avait jugé que ce n'était "peutêtre pas du hasard si les 5 cliniques pratiquant l'avortement et les boîtes de nuit avaient été détruites". Sa nomination intervient alors que le pape est critiqué pour avoir levé l'excommunication d'un évêque négationniste