Réponse insignifiante ? Mais ils vous ont dressés ces gens-là ! Révoltez-vous. À ce tarif, il ne m’étonnerait guère que vous ayiez servi la messe pour un curé sec comme une trique et méchant comme un frustré. Je vous l’ai dit au début de ma "bafouille" : vous avez commencé votre apprentissage de la philo à deux-trois ans, avec la simple et si irritante question : "pourquoi ?" Cette question que, d’ailleurs, vous ne cessez de poser et qui irrite (elle irrite toujours ceux qui pensent savoir et qui, parfois, rarement, savent) et que vous ne cesserez de poser toute votre vie, à vous-même, au premier chef, puisque chaque jour vous apportera une réponse que, souvent, vous n’attendiez plus. Ce que font vos profs de philo (ils sont généralement l’antithèse du vivant, c’est dommage), c’est vous inculquer les bases de ceux qui ont trouvé "des trucs" bien avant eux et qu’ils sont fiers de connaître et, à leur tour, de rabâcher (oh ! c’est dur, l’agrèg’!) et, c’est vrai, ils n’aiment pas beaucoup discuter les fondamentaux (et pourtant, comme disait machin, "elle tourne"…), quitte à très bien savoir que les fondamentaux, ça peut changer. C’est comme les tables de multiplication, vous n’aurez absolument pas l’idée d’en éviter la zizique, imposée pendant de longues années pour qu’elles rentrent dans les crânes rebelles (franchement, sait-on à 8 ans, à quoi ça sert ? Explique-t-on à ces chers petits – d’ailleurs, le croiraient-ils ?-, que c’est une sorte de raccourci pour le calcul ? Vous connaissez un prof’ qui fait la démarche ? Vous pouvez ne pas être d’accord avec une théorie. Savoir si VOUS avez raison ou bien l’AUTRE, c’est composé de tellement de choses qu’il est probable que vous avez raison tous les deux. Mais ne demandez pas au prof à qui on a appris (la grande majorité) à rester sur les rails, d’en discuter avec vous. "C’est-y qu’il voudrait me faire le coup de la liberté de penser, le petit ?" Alors que tant de penseurs grassement édités, tartinés sur pain sec pendant des générations, ont fait suer sang et eau, assécher les porte-plumes de multiples générations sur des feuilles aux pensers plus ou moins stériles… D’ailleurs, lisez un chapitre de Freud, allez, un tout petit, et vous verrez combien en ont écrit des con…ries !

La couleur des rideaux ? Mais c’est un vaste sujet que l’on peut baser sur les couleurs, les harmonies, celles qui (tiens, on se marre) "interpellent" celui qui a choisi, ses émotions habituelles (dans une copie, écrire "la palette de…", ça bluffe. Bon sujet de psycho. Tout est propre à philosopher, même la fourchette argentée de mon dernier repas qui traîne sur mon bureau… Mais aucun ne détient LA vérité. C’est une parcelle ajoutée à une autre, frottée à encore une qui vont commencer à donner une forme (Évidemment, chaque église l’a "révélée", cette vérité, on ne va pas s’embarrasser de discussions – sauf la religion juive : là, ça discute -). À votre prof’, il faudrait peut-être dire, une petite fois : "in vino veritas". Ou bien, plus sérieusement, rappeler les devises gravées sur les frontons des temples de Delphes : "connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les hommes." Bon Dieu, j’ai trouvé cela très joli, longtemps (un coup de chance…) avant. Après introspection, dûment conduite en compagnie de mes philosophes préférés, (rien à cirer des psy, d’ailleurs on peut très bien les psychanalyser à la Freud, c’est très réjouissant et ça leur évite de vous regarder d’un air de veau bac’ + 7 laborieux) et puis (mais finissons !) je me suis rendu compte que c’était éminemment exact. 

Pourquoi ? (encore lui…) Parce que, si je cherche à me connaître vraiment, sans fard ni illusion sur moi-même, je dégage les grandes lignes de l’humain, de tous les humains puis, progressivement, j’affine les mesures dans lesquelles je peux évoluer aujourd’hui, je mesure le chemin parcouru depuis le bac à sable, j’essaie d’extrapoler ce dont l’avenir sera fait, sachant fort bien que le jeu est déséquilibré car le moindre grain de sable peut mettre à bas mes ambitions, entendons-nous, mes objectifs de construction. Nietzsche, semble-t-il, était un mec très emmerdé et fut torturé toute sa vie.

Sa mère, catho à fond les manettes, l’a tenu d’une main très ferme jusqu’à sa mort et il ne s’agissait pas qu’il écrive autrement que ce qu’elle voulait. Là, quand même, ça coinçait sec. D’autant que le fiston avait des problèmes avec Dieu, pour lui, ça sentait un peu l’arnaque… Alors, dans "ainsi parlait Zarathoustra", il ne cesse de répéter : "je ne veux pas être le chien du berger." À méditer très fort et longuement. J’en suis, aujourd’hui encore, fascinée. Parlons-en de nos Maîtres… Freud eût Jung pour élève. Jung alla beaucoup plus loin, plus tard, s’affranchissant du "papa" incestueux (je crois qu’il n’avait pas la libido tordue, le Jung), ce qui lui valut une haine puissante du Maître. Évidemment, tout cela – et je pourrais continuer longtemps – je ne l’ai pas su "ex nihilo" : j’ai lu, beaucoup lu, beaucoup de pourquoi , et de comment se sont abattus sur mon entourage. Pour moi c’était une chance, je faisais mes humanités au C.N.E.D., c’est-à-dire à coup de polycopiés. Les profs ? Connaissais pas. Tous les mercredis après-midi, France – Cu retransmettait 4 à 5 heures de cours magistraux universitaires de haut niveau (pour moi). J’ai pu les suivre dès la seconde. Plus sympa que le mépris des profs, ce mépris que j’ai connu à nouveau à la Fac’, mais là, c’était drôle, parce que, au bout d’un mois de fac’, je faisais partie de la toute petite bande des "chouchous" du patron. Autant dire qu’il fallait me foutre la paix, d’autant que je n’étais pas du genre à aller pleurer sur sa chemise et qu’il saquait ses assistants, ce vilain (sens Moyen-âge)…

Peut-être ferez-vous une plongée universitaire chez les scientifiques. Ne négligez pas pour autant notre belle littérature, tous ces philosophes (les bons) qui se sont cassé le fondement à notre place (toujours ça de fait !) et n’essayer pas d’avoir en un an la réflexion d’une vie (présomptueux, va !): c’est trop tard, vous avez commencé à deux ans, dès que vos "couillons" (comme on dit dans le Sud) de parents vous ont appris à parler et… écouter les réponses… Vous pouvez toujours leur dire : "merci " ou bien : "c’est malin " ; au choix.