L’affaire des Quotas, le « Quotagate », cette affaire politico-sportive qui agite depuis quelques jours le monde du Football Français, serait-elle la résultante d’un alzheimer précoce de la part des têtes bien pensantes du sport le plus médiatisé de l’Hexagone? Je me pose ce soir la question.

Vouloir encadrer la binationalité, et contrôler l’exode national est-il un système pérenne à l’heure où les clivages ethniques sont sans cesse remis sur le devant de la scène dans le débat politico-judiciaire depuis plusieurs mois?

 

 

La France c’est une certitude historique, a un passé colonialiste important, notamment pour ce qui est lié au brassage de populations Franco-Africaine. Un brassage qui s’est réalisé au cours des dernières décennies, et qui a vu naître, grandir, et évoluer, bon nombre d’enfants Franco-Africain dans l’Hexagone. Des enfants qui pour certains ont choisi la voix du sport, et qui, arrivés à la majorité, doivent faire un choix lorsqu’ils atteignent le niveau professionnel. Un choix qui a pour but de choisir le pays que ces jeunes sportifs représenteront durant leur carrière, et un pays dont ils défendront les couleurs aux quatre coins du monde en tant qu’ambassadeur de luxe. C’est donc sur ce dernier point, à savoir celui du choix, que les instances Sportives du Football Français se sont penchées en Novembre dernier, pour la polémique que l’on connait aujourd’hui.

 

En effet, las de voir de jeunes espoirs du ballon rond quitter le maillot frappé du coq pour s’en aller porter les couleurs d’une autre nation, les instances ont décidé de prendre le taureau, ou plutôt le coq par le bec et de voler dans les plumes de ce principe de binationalité. Pourtant, l’Histoire du sport Français, qu’elle soit récente ou lointaine, a toujours été marquée par ce brassage de Nationalité, et bien des réussites du sport Français se sont faites en vertu de ce mélange des genres et des clivages nationaux. Alors pourquoi renier cette Histoire aujourd’hui? Et surtout, dans quel intérêt? Voyons dans le Football, dans un premier temps des exemples d’hommes possédant une double nationalité qui ont brillé sous le maillot du coq, et voyons dans un second temps des exemples d’hommes qui auraient pu choisir la France mais qui ont choisi d’aller compter fleurettes sous d’autres cieux. Puis nous verrons dans un dernier temps des exemples de champions officiant dans divers sports en France et qui ont permis à la France de briller.

 

Le Monde Du Football

Ces « étrangers » qui nous ont fait briller.

 

Tout le monde se souvient bien entendu je suppose de la Coupe du Monde 1998. De cette coupe du monde est née une pseudo légende en équipe de France, à savoir celle de la génération Black-Blanc-Beur. Une équipe, un groupe formé de joueurs venus de tous horizons, qui le temps d’une compétition a uni la France, bras dessus bras dessous, mettant à terre tous les esprits racistes, et toutes les barrières ethniques. Un groupe dont la principal icône restera notamment Zinedine Zidane, célèbre numéro 10 de l’équipe de France et double buteur en final face aux Brésilien. Zidane un gamin de Marseille, d’origine Algérienne, qui aurait pu choisir d’évoluer pour les Fennecs Algérien mais qui a préféré vêtir la tunique Bleue au grand bonheur du peuple Français. Que dire par ailleurs au sein de la même équipe de Marcel Dessailly, solide défenseur de l’équipe de France de l’époque, qui aurait lui pu évoluer pour le Ghana. Autre exemple avec David Trezeguet, qui a offert le but et le titre en finale du Championnat d’Europe 2000 à la bande à Didier Deschamps mais qui aurait pu rejoindre l’équipe d’Argentine.

 

 

Une autre légende du Football Français aurait pu lui aussi plier bagages loin de l’équipe de France, à savoir Michel Platini, qui en plus d’être Français, possède des origines Italiennes. Et que penser de Raymond Kopa, le premier Français a évoluer au Real Madrid, ex icône du Stade de Reims, qui aurait pu évoluer pour sa Pologne natale.

Les exemples sont légions encore dans le monde du Football, mais déjà au travers de ces quelques exemples, la réalité est criante de vérité, et ce débat en devient déjà complètement inutile, et farfelue.

 

Ces Français qui nous ont quitté.

 

Alors bien sûr, si débat il y a, c’est qu’il y a une raison et surtout beaucoup de frustrations, de jalousie, et d’amertume. Le constat là encore est là. Bien des joueurs binationaux qui aujourd’hui crèvent l’écran de la planète Football auraient pu choisir de devenir les porteurs de la tunique bleue-blanc-rouge, mais ont choisi de s’en aller voler sous d’autres cieux. Prenons par exemple, des joueurs comme Didier Drogba, Michael Essien, Frederic Kanouté, etc. Des joueurs qui aujourd’hui sont les stars incontestées de leur équipes Nationales « Made in Africa » mais qui auraient très bien pu porter les couleurs de France. Mais alors pourquoi un tel choix?

En vérité, cette question peut avoir bien des réponses. « Oui », ce choix peut être fait pour des raisons culturelles, comme par exemples pour les joueurs qui se sentent plus proches de la culture de leur pays « d’origine » que de la France, mais aussi pour des raisons Sportives. En effet, la formation de Football Française est draconienne et la sélection est impitoyable pour intégrer les écoles de Football en France. Une fois dans ces écoles, très peu des lauréats arrivent au final à intégrer des équipes professionnelles. Autant dire que devenir un footballeur professionnel en France est un digne d’un parcours du combattant dès le plus jeune âge, mais pour autant, cela n’implique pas qu’à terme, ces jeunes pousses seront capables d’intégrer l’équipe Nationale.

 

Une fois professionnel, il faut encore être plus fort et devenir encore meilleur pour porter le maillot tricolore, et là peu de personnes ont la patience d’attendre le nombre des années. C’est pourquoi, il est plus « «aisé » de « partir » porter les couleurs de nations moins « huppées », avec un niveau moins « relevé » » afin de pouvoir entre autre entretenir l’espoir de disputer un jour la prestigieuse Coupe du Monde, et devenir ainsi les icônes de tout un peuple.

 

Et dans les autres Sports?

 

Ailleurs en France, et notamment dans d’autres sports, le « problème » de la binationalité, n’est en réalité pas un problème. Dans le Handball par exemple, la star Nationale Nicola Karabatic, est Franco-Serbe et aurait pu aller pour la Serbie, mais a choisi la France. En Basket, les stars de France Tony Parker et Joachim Noah, voir Nicolas Batum auraient pu eux aussi laisser tomber la tunique bleue, et pourtant ils n’ont de cesse que d’être les ambassadeurs privilégiés de l’Hexagone au sein de la prestigieuse NBA.

 

 

De plus, en tennis par exemple, la star incontestée en France de la petite balle jaune version homme, n’est autre que Yannick Noah, alors que ce dernier est Franco-Camerounais. Que dire par ailleurs du monde de l’Athlétisme avec notamment Eunice Barber qui évoluait pour les couleurs de la Sierra Leone au début de sa carrière et qui a été naturalisé par la France pour porter le maillot du galinacé? Ou encore de Mlle Pi en Badminton qui ne pouvant obtenir de sélection dans son équipe Nationale a été « transféré » en France pour grossir les rangs de la délégation Française.

 

Medhi Baala, Ladji Doucouré, Ronald Pognon, Myriam Soumaré en Athlétisme; Brahim Asloum en Boxe; Mary Pierce, Aravane Rezaï, Jo Tsonga en Tennis, etc. autant de champions qui ont fait ou font encore briller la France aux quatre coins du monde mois après mois, mais pourtant, qui auraient pu faire le choix d’aller revêtir les couleurs de bien d’autres pays.

Oui, il est frustrant c’est certain de voir de jeunes sportifs formés durant des années, fuirent vers d’autres cieux une fois arriver à l’âge adulte, mais avant de critiquer cette fuite, ne faudrait-il pas se demander pour quelles raisons ces jeunes ados préfèrent aller voir ailleurs? Former des sportifs représente c’est certain un réel investissement, que cela soit en terme de temps, d’infrastructures, ou encore bien évidemment d’argent. Mais pour éviter cette fuites « des médailles » ne faudrait-il pas d’avantage encourager ces jeunes gens à rester au bercail? Faut-il que les instances mondiales du sport légifèrent sur ces doubles nationalités pour obliger ces enfants à choisir avant leur majorité et au début de leur formation la nation qu’ils défendront hypothétiquement si ils arrivent à percer? Faut-il que les instances Françaises continuent sur la même lancée ou au contraire faudrait-il que ces mêmes instances se remettent elles aussi en cause en s’adaptant au visage de la nouvelle nation du Melting-Pot?

 

Un débat qui risque fort de ne pas se calmer de si tôt tant la médiatisation du Football en France est importante, mais faut-il vraiment apporté un réel intérêt à ce débat tant celui ci semble déplacé et surtout non crédible? Les dirigeants du Football Français seraient-ils atteint de troubles de la mémoire, pour avoir oublié que c’est justement cette binationalité qui a permis au Football Français, de gravir les échelons de la discipline au niveau mondiale, et d’écrire ses plus lettres de noblesses? Un débat sur fond de racisme politico-médiatique, qui dépasse de loin dorénavant les frontières du sport, et qui démontre bien les difficultés de la société Française a assumé son passé colonialiste depuis toujours.