Tout le monde s'en doutait, nous en avons maintenant la preuve. Il existe belle et bien des quotas de PV pour les forces de police. C'est le journal très pro-automobiliste Autos-plus qui a révélé l'affaire. Au gouvernement, on préfère le terme d'«indicateurs d'activité chiffrés». A la lecture de certaines "notes de services", on se rend bien compte que cela va bien au-dela de simples indicateurs.

 

«Vu les nécessités de décliner notamment des objectifs chiffrés en matière d’activité de voie publique et vu l’analyse des résultats obtenus en 2008, la présente note a pour objet de fixer les objectifs à atteindre en 2009 pour les brigades et unités spécialisées composant l’unité de sécurité de proximité». Ça, c'est dit. Cette phrase, qui introduit la note de service de la circonscription de Chalon en champagne daté du 15 janvier 2009, met tout de suite les points sur les "i". Par la suite, c'est brigade par brigade (anti criminelle, cynophile, …) que tout est chriffré :

 

Au cours de l'année 2009, la brigade de roulement de nuit devra réaliser à minima les objectifs suivants :
– procéder à 65 interpellations (hors délits routiers et ivresse notoire sur la voie publique)
– relever 80 "Conduite En Etat Alcoolique" (CEEA) délictuelles
– établir 400 Timbres-amendes (T.A.) pour infractions au code de la route hors stationnement.

Alors, cette note est elle un cas isolé? Il semble que non. Il y a deux ans, une note similaire avait été rendue publique à Dunkerque, et actuellement le journal Le Point parle d'une seconde qui circulerait sur le net.
De plus Yannick Danio, porte-parole du syndicat Unsa police-le syndicat unique, n’est pas du tout surpris: «Ce n’est pas la première du genre. Des exemples de notes de service de ce type, on en a plein! Pour ne citer que les cas les plus récents: Agen et Marseille.» Le secrétaire général du syndicat général police-Force ouvrière (SGP-FO) : «C'est la religion du chiffre à tout prix. On est dans une escalade constante. Même si dans une ville, l'accidentologie baisse, les services devront obtenir des résultats plus élevés que l'an passé»

Si cette course au rendement pénalise les citoyens, elle met également les agents de police sous pression. Fatigue, heures sup', cela creuse également un fossée entre la police et le Français qu'elle est censée protéger.

Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint du syndicat de policiers Alliance, dénonce lui fermement cette pratique, due «à une poignée de fonctionnaires de police zélés», le plus grave dans cette histoire, selon lui, étant qu'«avec ces quotas, on empêche l’agent de police de faire preuve de discernement. Lui seul doit savoir sur le terrain quand il doit sanctionner».
Du côté du gouvernement, on ne voit pas franchement où est le problème, «dans la mesure où ces indicateurs d'activité sont décidés localement. […]Il n'y a pas de politique de quota au niveau national. La seule exigeance de la ministre Alliot-Marie: baisser de 7% le nombre de tués sur les routes, pour passer sous la barre des 4000 morts par an.»
Oui, mais alors que faire des 65 interpellations hors délits routiers et ivresse? Que vient faire les 4000 morts par an sur les routes?

Au cours de l'année 2008, c'est 577 816 personnes de plus de 13 ans qui ont entendu : "Vous êtes en garde à vue. Vous pouvez appeler un membre de votre famille et demander à voir un avocat." Jeunes des quartiers, polytechniciens, présidents d'associations caritatives, et derniers à la mode les journalistes, tout le monde est touché.
Le nombre des gardés à vue ne cesse de croître : 55 % en huit ans.
En 2008, l'État et ses "indicateurs chiffrés pour baisser le nombre de mort sur les route" a mis  1 Français sur 100 dans une cellule.

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