Quoi ? Kadhafi n’était pas à Lisbonne ?

Après six jours passés à Paris dans sa tente bédouine, Muammar al-Kadhafi est reparti chez lui en Libye. À gauche comme à droite, c'est le même sentiment: «Muammar al-Kadhafi , le dictateur libyen, s'est bien moqué de la République !» Muammar al-Kadhafi a paradé devant la Garde Républicaine, est allé à la chasse, à Versailles, il a planté sa tente dans les jardins de l'hôtel Marigny, et, au moment où on s'échauffe à Bali sur le climat, a utilisé une limousine géante escortée d'une centaine de véhicules pour ses déplacements.
On a pu lire dans la presse ce samedi: «Nicolas supervendeur, Nicolas supermenteur !…» Nicolas Sarkozy a fait passer les "promesses de négociations" de Kadhafi comme des contrats acquis et signés. Le réveil des contribuables sera dur…

Les mensonges de Nicolas Sarkozy s'additionnent. «Je serai le premier à le faire ratifier dès le mois de décembre !» avait-il dit. Il devra attendre février… Le traité de Lisbonne a été officiellement signé hier par les 27 chefs d’État et de Gouvernement. Selon Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République), «Au terme d’une campagne de désinformation sans précédent qui aura duré deux ans, la Constitution européenne rejetée par deux des peuples fondateurs de l’Union Européenne, la France et les Pays-Bas, est ressuscitée. Les discours qui accompagnent cette signature sont proprement révoltants…
Le traité de Lisbonne est, en beaucoup plus compliqué (256 pages), le même que celui rejeté en 2005… Le peuple refuse cette Europe bureaucratique et inefficace ? Qu’à cela ne tienne, supprimons le peuple ! Moralement inacceptable, ce coup d'État simplifié comme je le nomme, sera politiquement dangereux et inefficace… Or, la ratification parlementaire sera légale mais illégitime… Pour ma part, je ne me sentirai jamais lié par ce traité qui aura été imposé de force, qui bâillonne la France et créée une Europe antidémocratique… Cette construction artificielle, bureaucratique, autoritaire, qui n’a rien à voir avec la belle idée européenne de réconciliation des peuples et de Progrès en commun, fera du sur-place et sera de plus en plus contesté… Aujourd’hui, dans une classe politique aveugle, inconsciente de la corde au cou qu’elle laisse mettre autour de la France, je regrette le silence complaisant de la plupart de ceux, à droite comme à gauche, qui ont combattu la Constitution Giscard…»

Selon Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public, dans un communiqué adressé au Réveil des Marmottes par le Comité Valmy, «Le projet de traité modificatif (Reform Treaty) européen a été rendu public le vendredi 5 octobre. On comprend à sa lecture pourquoi ses rédacteurs ont renoncé aux expressions de "mini-traité" ou de "traité simplifié" puisqu’il comporte, avec ses douze protocoles et ses 25 déclarations diverses, pas moins de 256 pages et qu’en matière de complexité rédactionnelle, on peut difficilement faire pire. Dans la mesure où ce texte se borne en réalité à recopier sous une autre forme les trois quarts des dispositions du traité établissant une constitution pour l’Europe, il eût certainement été plus simple de reprendre le texte initial en en rayant seulement les dispositions symboliques abandonnées. On comprend cependant que cette formule ait été écartée car elle aurait manifesté de façon trop criante que l’on se moquait ouvertement de la volonté des peuples français et néerlandais… Une question fondamentale se pose dès lors: comment le président de la République peut-il décider seul, alors que le peuple français a juridiquement rejeté l’intégralité du traité, de faire cependant ratifier par voie parlementaire la majeure partie des dispositions qu’il contenait au motif que celles-ci n’auraient pas fait l’objet de contestations ?»

Gordon Brown, lui, est arrivé en retard à Lisbonne. Vendredi, à Bruxelles, le Premier ministre britannique a tenté de désamorcer la polémique suscitée par son absence la veille de la signature. Toute la presse britannique a critiqué sa visite-éclair jeudi à Lisbonne. Gordon Brown a signé le traité trois heures après les autres dirigeants européens, certains étaient déjà partis. Le Royaume-Uni était représenté par son ministre des Affaires Étrangères David Miliband. Graham Watson, le président du groupe libéral au Parlement européen, a fustigé Gordon Brown et The Times a enfoncé le clou: «Brown s'est fait tiré dans les deux pieds, il a énervé les anti-Européens en signant le traité et les pro-Européens en semblant ne pas vouloir le faire…» La Chancelière allemande Angela Merkel et Nicolas Sarkozy prétendent être à l'origine du nouveau traité. Nicolas Sarkozy en rajoutait une couche hier en affirmant: «Le mini-traité, c'est moi ! C'est mon oeuvre !» On s'en souviendra… Gordon Brown a refusé d'organiser un référendum sur le nouveau traité européen, le Parlement de Westminster doit décider «si le texte peut être transposé dans la législation du Royaume-Uni». Selon un parlementaire britannique, ce n'est pas encore fait.