Inoxydable! Plus de trois siècles après sa mort, Molière est toujours d'actualité. La postérité est une éternelle jeunesse, encore faut-il savoir la mériter. Jean-Baptiste Poquelin, ce jeudi, avait les honneurs de deux grands quotidiens parisiens, un à droite, un à gauche, pour faire bonne mesure – et prouver qu'il est possible de s'accorder, au moins sur le terrain culturel.

Dans Le Figaro, Molière faisait son apparition dans la Bibliothèque idéale sélectionnée par Jean d'Ormesson. Celui-ci ne doit pas être du genre à se demander ce qu'il restera de sa propre oeuvre dans cinquante ans. Mais, homme de plaisirs raffinés, il aime partager ses lectures quand elles lui ont été des bonheurs. "La littérature est un plaisir immense, la consolation de bien des maux, l'accès à un monde enchanté", disait-il en lançant la collection.

Pour l'occasion, Le Figaro a effectué un sondage – inévitable, le sondage, pour montrer combien Molière et ses personnages appartiennent à notre présent. Une des deux questions était: "Quel personnage de Molière trouvez-vous le plus actuel?" Trois Français sur dix désignent Tartuffe. Ce qui n'est pas rassurant sur l'état de la société: Tartuffe est un homme d'influence et un parfait hypocrite. Méfions-nous: il s'en trouve à tous les coins de rue…

Petite particularité qui témoigne de la liberté avec laquelle Molière écrivait ses pièces: dans Le Tartuffe ou l'imposteur, le personnage du titre ne fait son apparition qu'à la scène 2 du troisième acte, c'est-à-dire presque à la moitié. Et il disparaît presque du cinquième et dernier acte, pour revenir à la scène finale.

Dans Libération, il était question, jeudi aussi, de cinq comédies de Molière mises en scène par Christian Schiaretti dans un spectacle qui tourne jusqu'en juin. "Molière, c'est sa tournée", titre René Solis qui semble avoir beaucoup aimé ça.

Parmi les cinq pièces choisies par le metteur en scène, on trouve Les Précieuses ridicules. Qui se retrouvent, ces jours-ci, dans l'Océan Indien. La Compagnie de la Chèvre à Cinq Pattes avait monté la pièce l'an dernier dans un projet franco-malgache qui revient donc sur les lieux où ont été recrutés quelques participants du spectacle.

La presse parisienne, certes, et c'est bien normal, n'en parle pas. Mais il est décidément partout, Molière! Qui s'en plaindra?