On en entend tant parler en ce moment, que se pencher quelques moments sur ce sujet me semblait évident, moi, travailleuse sociale avec de jeunes adolescents, qui mène un projet sur l’égalité et la parité entre les sexes.

 Je travaille dans un quartier à population issue de l’immigration du maghreb. Des voiles, j’en vois régulièrement. Des gamines que je connais bien, qui, un jour, arrive au Lycée avec leur voile qu’elles retirent avant de passer les grilles. J’ai toujours ce petit pincement au coeur lorsque je les aperçois. Mais le pire pour moi est lorsqu’elles arrêtent des études prometteuses pour devenir mère au foyer, avec ou sans voile…

Le voile intégral, je ne l’ai jamais vu que dans les médias… et j’ai vraiment du mal à me l’imaginer, à réaliser ce que cela fait de croiser une femme portant la Burka.

L’envie est alors venue d’en savoir plus sur ces tenues dont on parle tant ces derniers temps.

Il existerait 5 voiles différents : 

Le hiyab: ce voile laisse libre la figure et beaucoup de femmes le portent comme un signe d’identité.

la Burka: elle occulte totalement le corps. Une grille de toile devant les yeux permet à la femme de voir sans être vue. Les mains sont cachées.

Le Niqab: c’est un vêtement qui couvre le corps jusqu’à la cheville et laisse libre seulement les yeux. Il se combine avec un autre voile qui couvre la bouche.

La shayla: c’est un châle large et rectangulaire, un usage dans la zone du golfe persique. Ce voile se porte autour de la tête.

Le Chador: utilisé par les femmes iraniennes lorsqu’elles sortent de chez elles, il couvre tout le corps. 

L’origine de la Burka semble remonter à la dynastie Aquemenide de l’Empire Perse au Vème siècle avt JC. D’autre part, le voile était aussi utilisé en Assyrie (pays de l’Asie Antique). Des références écrites qui datent du 13ème siècle ont été découvertes, période où la réligion musulmane n’existait pas. 

Il est dit que ce vêtement a été introduit en Afghanistan au début du 20ème siècle sous le règne de Habibulla (1901-1919), qui imposa cet usage aux 200 femmes de son harem, pour éviter que la beauté de leur visage ne viennent à tenter d’autres hommes. Les voiles étaient de soie avec de fines broderie, et les princesses de Habibulla portaient même des Burka brodées de fils d’or. Ainsi, la burka se convertit en vêtement de luxe, utilisée par les femmes de la classe aisée, qui de cette façon étaient éloignées des gens simples, évitant ainsi leur regard.

Le Roi Amanullah succedant à Habibulla,  tenta une modernisation du pays, laquelle incluait une supression de l’usage de la burka. Mais lorsque sa femme apparut sans burka, il se produisit un grand scandale. Ses essais pour occidentaliser l’afghanistan lui valurent l’opposition et la rebellion des tribus pasthounes. Finalement, il dut abdiquer et fuir en Inde en 1929.

La burka complète devint obligatoire en Afghanistan lorsque les talibans (appartenant à l’etnie pasthoune) arrivèrent au pouvoir, après le départ des Soviétiques. Ils imposèrent donc un vêtement capable de garantir un controle sur le corps de la femme, vu qu’il couvre les yeux d’un voile épais, qui empêche à qui le porte de pouvoir voir normalement, étant donné que la grille de toile limite la vision latérale, faisant perdre la position et l’espace où l’on se trouve. La personne devient donc dépendante d’une autre personne pour ses déplacements, notamment dans les espaces ouverts. Le champ visuel est donc limité, ainsi que la clarté.

La Burka exerce une forte pression sur la tête (elle pèse environ 7kg), augmentant la fatigue de la marche. La longueur du vêtement s’arrête au niveau des pieds, non seulement pour couvrir tout le corps, mais aussi pour garantir une plus grande difficulté de se déplacer (impossibilité de courir).

La question du regard de l’enfant sur sa mère est aussi à se poser… et de celui que la mère ne peut poser sur son enfant…

Grand nombre de femmes opprimées portent involontairement ce habit, et en souffrent. Sachant cela, on se demande comment on peut vouloir le porter ?…

Je finirai sur ces quelques lignes d’Elisabeth Badinter :"Ainsi dissimulée au regard d’autrui, vous devez bien vous rendre compte que vous suscitez la défiance et la peur, des enfants comme des adultes. Sommes nous à ce point méprisables et impurs à vos yeux pour que vous nous refusiez tout contact, toute relation et jusqu’à la connivence d’un sourire ?…"