Il y a des réalisateurs dont la popularité est telle que, chaque sortie d’un nouveau film est un évènement planétaire. Autant dire que la tâche est rude et les critiques assassines attendues au tournant, la rançon de la gloire en quelque sorte. Mercredi 19 janvier, ce fut au palmé Quentin Tarentino, de rentrer dans l’arène afin de soumettre à l’avis et au regard plein d’attention du public et des journalistes son nouveau bébé : Django Unchained.
QT s’attaque à un genre cinématographique trop absent depuis plusieurs années, le western spaghetti. Un rêve qu’il traînait depuis de nombreuses années et dont il distillait des éléments dans ses précédentes réalisations, Kill Bill II par exemple où l’ambiance far west se fait fortement ressentir. Les cowboys valeureux, les chevaux majestueux, les indiens courageux et les sherifs bourrus, il connait ça depuis sa plus tendre enfance. Il passait des journées entières à regarder les chefs d’oeuvre de Sergio Leone, un maître du 7ème art à qui il rend hommage avecDjango unchained. Une révérence qui a demandé plus de 130 jours de tournages, un record pour QT, dispersés entre le Wyoming, la Nouvelle Orléans et la Californie. Les plus cinéphiles y verront un second hommage, le titre fait écho à un film de 1965 intitulé Django, mis en boîte par Sergio Corbucci, un autre western où la violence ne laisse pas de place à la quiétude.
Mais passons à la partie la plus importante, le scénario et les impressions. L’histoire est classique, digne de ce genre. Le début du film nous narre la nécessité du docteur/chasseur de primes King Schultz de mettre la main sur un esclave ayant travaillé pour les frères Brittle. Ces scélérats ont leur nom placardé sur des affiches mais pas leur visage. Le docteur est chanceux, un soir au détour d’une clairière, il rencontre Django prisonnier d’esclavagistes peu scrupuleux. Schultz rend sa liberté à Django et les deux hommes décide de collaborer. L’histoire de Django est comparable à celle d’un Siegfried du XIXème siècle, il n’oublie pas sa mission : trouver, braver mille défis et délivrer sa femme, Broomhilda. Très vite, on apprend qu’elle sert d’esclave chez Calvin Candy, un homme amateur de combats à mort et à l’incestuosité sous-jacente envers sa soeur. Un fois le décor planté, place au jeu.
Nous sommes dans un Tarentino et on ne s’y trompe pas! Tous les éléments sont réunis, ils ont bien reçu leur carton d’invitation. On retrouve les longs dialogues jalonnés de discrétions impromptues, une bande son d’enfer avec des morceaux sortis de derrière les fagots prouvant, film après film que QT est un jukebox vivant. Répondent également présents, l’humour décalé, si décalé qu’il faut se mettre de côté pour pouvoir le saisir, de la violence exacerbée faisant couler des rivières de sang, les pistolets orchestrent une symphonie cadencée au rythme des balles sortant du canon, une telle exagération a pour effet de dédramatiser le scénario.
L’autre atout de ce Django, c’est son équipe d’acteurs méritant tous l’oscar. Christoph Waltz est éclatant dans la première partie, son humour et son flegme fait mouche. Jamie Foxx, incarne un Django en pleine mutation tout au long de sa quête, il s’affirme et s’affranchi. Leonardo Di Caprio endosse le rôle de l’esclavagiste Candy, son oeil plein de malice et de vilenie donne des couleurs à ce personnage. Sans oublier, Samuel L Jackson, un habitué de Tarentino, jouant le rôle du perfide laquais reniant ses origines. Django unchained est un film haut en couleurs, les aficionados ne seront pas déçus, les non initiés peuvent s’y jeter à bras ouverts. Cela pourra être le début d’un longue croisade afin de découvrir les 7 merveilles cinématographiques signée QT.