Quelques considérations autour de la réforme des retraites

La volonté affichée du gouvernement d'aligner les régimes spéciaux de retraite se heurte à la vindicte des syndicats, unanimes à dénoncer « un passage en force » du gouvernement, et annonçant un conflit majeur à venir, affirmant que les régimes spéciaux ne représentent qu'une toute petite partie des retraites à verser, autour de 3 % et qu'en tant que tels, les aligner ne résoudra en rien les problèmes de la caisse commune.

 

Le président de la République ayant mis en avant le coté inique de la chose, étant établi que les bénéficiaires de ces régimes spéciaux ont une espérance de vie plus élevée que la moyenne, ceci bien qu'ils soient tenus de cotiser moins longtemps, reçu pour réponse que le métier de cheminot est difficile, et que cela justifie encore cette particularité. Il serait pourtant vain de vouloir comparer le métier de cheminot avec celui de l'ouvrier à la chaîne, qui travaille de jour comme de nuit…

 

Les différents arguments des syndicalistes sont peu probants, car rien ne saurait justifier un avantage quelconque de ces différents métiers. Toutefois il faut bien que les syndicalistes, défendent leurs électeurs, et ils trouveront tous les arguments possible contre la réforme qui s'annonce. Pour comble, l'un d'entre eux, afin de donner une portée plus universelle à ce mouvement, alla jusqu'à dire que la réforme des régimes spéciaux n'est qu'un premier pas vers une réforme plus large qui touchera cette fois-ci tous les régimes, et reculera l'âge de la retraite.

Voici donc un argument qui ne se défend pas plus : pourquoi défendre les régimes spéciaux lorsqu'il serait tout aussi simple de tout égaliser par solidarité pour pouvoir faire bloc ensuite ? Il est malgré tout vrai que dans l'optique d'allonger l'âge du départ à la retraite, il aurait été gênant que les régimes spéciaux comprennent de trop nombreuses   années de moins de cotisation que ce n'est le cas actuellement.

 

Les trentenaires savent depuis toujours que tôt ou tard il leur sera annoncé que l'âge de la retraite est repoussé, ils ont grandi avec. La génération du « baby boum » avait déjà un doute sur l'âge de son propre départ, la génération du « baby crack », peu d'espoir d'y arriver un jour. Les économistes et les politiciens en parlent depuis bien longtemps pourtant, et certains pays comme l'Allemagne ont déjà pris les devants, c'est donc inéluctable…

 

Inéluctable ? Sans être économiste, certaines questions peuvent légitimement se poser : puisque les cotisations pour les retraites ne sont pas mises de coté pour le cotisant mais aussitôt utilisées pour être reversées, comment se fait-il que le gouvernement n'ait pas pris les devant en relevant à l'avance l'âge de la retraite, ne serait-ce que de quelques mois? La solution « immigrationiste » soulève d'autres questions encore, puisqu'il est établi qu'elle a elle aussi un coût social, qu'il faudra également assumer.

 

Mais les politiciens ont-ils jamais voulu prendre le problème en main ? Lors du referendum sur le traité de Maestrich, il fut donné comme argument pour le « oui » que le chômage serait résorbé, et que la situation économique serait florissante, mais force est de constater, le temps passant, que les résultats ne sont pas là, et que l'idéologie libérale de l'Union Européenne la pousse à réduire autant que possible les droits de douane sans se soucier de réciprocité et sans chercher à protéger les « acquis » sociaux des citoyens européens, mis en concurrence non seulement d'un pays européen à l'autre, mais aussi avec le reste du monde dans lequel les droits sociaux diffèrent.

 

N'est-il pas temps aussi d'imaginer un nouveau système de retraite ? Peut-être serait-il possible de permettre aux travailleurs qui en ont la possibilité de la prendre avant, et à ceux qui souhaitent continuer encore après l'âge requis de le faire aussi. Ce serait une formidable audace de nos politiciens que de mettre enfin sur le tapis toutes les questions qui pourraient se poser pour le bien-être de tous, et de permettre un grand débat, responsable, non plus seulement avec les syndicats, mais aussi avec tous les salariés… avant que, comme c'est l'usage en France, la démagogie et les partitions partisanes et politiciennes ne prennent le dessus.

8 réflexions sur « Quelques considérations autour de la réforme des retraites »

  1. Les derniers Mammouths…
    Après les régimes spéciaux, c’est bien le régime général qui sera à nouveau visé!!! Mais les syndicats seront trop affaiblis pour opposer le moindre contre-pouvoir dans notre système orienté vers les plus riches…C’était un objectif essentiel de la droite. Le voila exhaussé! Malheureusement, c’est encore pure démagogie, car à affaiblir les uns , soit disant « nantis », on ne renforcera pas les autres, et la petite misère qui s’installe dans notre contrée n’est pas prête de reculer.
    Parenthèse: ceux qui tirent à boulets rouges sur les « gaziers », cheminots et enseignants sont les mêmes qui échouèrent à tous les concours de la « fonction publique ».
    Esprits revanchards aigris par leur propre médiocrité mais flatté par Napoléon qui excite leurs bas instincts.
    On dépouille le manteau de quelques-un pour bientôt arracher le slip de tout le monde!!! Au fait, les amis de qui vous savez se gaussent déjà, eux qui continueront de profiter de leurs yachts, villas, jets et autres attributs des vrais privilégiés.
    En attendant, on nivèle par le bas jusqu’à avoir supprimé tous les avantages acquis de longue lutte, et on se garde bien de dire qui profitera réellement des maigres économies générées.

  2. mais, je parie que les gens ne vont pas laisser faire : déjà les syndicats montrent leurs poings et avertissent… J’ai bien l’impression qu’on aura une grande grève comparable à celle de 1995 !
    Cette réforme pourrait très bien ne pas passer aussi facilement… Elle pourrait même être enterrée face à la pression de la rue !

  3. Mais n’est-il pas injuste en même temps que certains partent à la retraite plus tôt que d’autres?

    N’est-il pas légitime que cette question se posent? Les négociations vont avoir lieu, et il se peut que rien ne change pour les cheminots, en revanche lorsque le gouvernement s’attaquera aux retraites d’une façon générale, alors les syndicats seront peut-être aux abonnés absents…

  4. Une explication parmi tant d’autres…
    La réforme annoncée n’est qu’un contre-feu du gouvernement Sarkozy (Quid du 1er sinistre?) qui donne régulièrement à manger à
    l’opinion pour éviter de parler de sujets qui fache (hausse des prix à venir, croissance en baisse, inaction gouvernementale, etc…).

    Les propositions de Sarkozy sur le sujet sont peu connues et pourtant.
    Il ne s’agit pas de repousser l’age de départ à la retraite mais d’augmenter la durée de cotisation de 37,5 à 40 annuités. En résumé, les cheminots (notamment) partiront toujours à 55ans mais avec une décote (réduction du montant de la pension de retraite) pour chaque année non travaillé. Décote pouvant aller jusqu’a 35%. « Ils auront qu’à travailler plus longtemps » me direz vous? Le petit probleme, c’est que la SNCF (donc l’Etat) ne veut pas payer des salaires de cheminots de 56, 57,ou 59ans qui, avec une evolution de carrière moyenne (donc pas grand chose), ont des salaires forcement plus élevé que le petit jeune qui commence à 1050euros net(oui oui à la SNCF !).
    Le probleme est le même dans le privé où la moitié des salariés de de 55ans sont au chomage ou en pré retraite. Seul 40% travaillent quand ils liquident leurs années de cotisations.

    CQFD = La fin des régimes spéciaux ne reglera pas le financement du regime général et solidaire par répartition. Au contraire, le gouvernement compte lui tordre le cou en 2008. Alors la oui, que feront les salariés du privé et du public quand il faudra faire une croix sur les vacances pour pouvoir bouffer une fois retraité ?

    Ne parlons plus de pénibilité car ce n’est pas la question. Depuis quand les possédants se préoccupent de la santé des travailleurs et de la dureté de certains métiers (cf: le batiment avec Bouygues et ses salariés tous déclarés, Peugeot et ses pauvres suicidés, SFR-Orange-Bouygues (encore)et ses télévendeurs harcelés,…)

    Je ne fais que poser une question ? Que veut réellement ce gvt ? La fin justifie-t-elle les moyens ? La faim de profits et de pouvoir justifie-t-elle largement un peuple en train de s’entretuer ?

    Reflexion certes un peu provoc’ cherche réponse argumentée et intelligente… c’est si rare pour un peuple aussi développé !

  5. La question qu’on pose est-elle la bonne question???
    Oui, Blackandred, votre analyse est argumentée et juste!
    J’ai un soupçon de réponse à votre interrogation. Le gouvernement rame pour paraitre satisfaire les demandes pressantes de la « caste » économiquement favorisée, tout en donnant du grain à moudre au populo qui croit encore au père Noël. On nous a rabâché la nécessité de contrôler les dépenses, ce fut même un argument pour démonter la gauche « budgétivore » par nature, et voila que face aux enjeux et à l’obligation de concrétiser des réformes couteuses, la modestie de la croissance annoncée ne suffira pas à combler les besoins…
    On brade alors les bijoux de famille, on désigne tour à tour les catégories forcément responsables de nos maux. On taille dans la masse pour alléger la carcasse jusqu’à l’os, mais après…
    Oui, le gouvernement s’engage dans une fuite en avant dogmatique qui fera ressembler notre pays, à l’horizon des cinq ans, à un vaste foutoir néocapitaliste ou l’individu sera occulté au profit de la seule valeur « poignon ».
    Ce qui se prépare? Au grand banquet de la république, après s’être régalé de cuisine « nouvelle » depuis les élections , les premiers convives reçoivent leur addition… et au restaurant, tout le monde finit par payer la douloureuse, ceux qui ne peuvent pas feront la plonge!

  6. pourquoi dans les régimes spéciaux, celui des parlementaires, ministres et politiques n’est-il jamais évoqué
    Quand on parle de réformer les régimes spéciaux, je suis d’accord pour y mettre tous les régimes spéciaux en y incluant celui des parlementaires, politiques , ministres, pourquoi n’en est-il jamais question ?

  7. Parfaitement d’accord, il est insensé que les députés puissent bénéficier d’un régime spécial, en râlant sur le régime spécial des autres catégories de la population…!

    Méfions-nous tout de même, car les cheminots ne seront pas au même régime que le privé, mais sur le régime du public, déjà plus avantageux..

  8. @ Sylvie
    Les parlementaires et les ministres cotisent, tout comme les salariés, à une caisse de retraite : la caisse de retraite des parlementaires… Et, croyez-moi, ils paient très cher leur cotisation mensuelle !
    Par ailleurs, beaucoup de parlementaires et de miniçstre ne quittent pas la vie politique dès l’âge de 65 ans : aussi, certains meurent en activité…

    Cependant, je pense qu’il faudrait, et ce serait normal, que ceux qui sont élus, ceux qui sont ministres ne puissent plus toucher leurs émoluments de la fonction publique, ce, tant qu’ils sont en activité politique, PUISQU’ILS DEVRAIENT AVOIR L’OBLIGATION DE SE METTRE EN DISPONIBILITE !

Les commentaires sont fermés.