Ils sont nombreux, ces camerounais qui vous donneront sans hésiter leur âge. Car ici, l’âge qu’on indique au médecin n’est toujours pas celui mentionné sur l’acte de « renaissance ». Du moment où chacun dispose généralement de deux actes : celui de naissance proprement dit et celui dit de la renaissance. Si l’acte de naissance est ce « papier » légal que délivrent les autorités à la naissance de l’enfant, celui de la renaissance est celui frauduleusement obtenu par une personne, pour des raisons multiples.
Plus connu au pays sous le pseudo de « l’acte Kumba », le phénomène de réduction de l’âge est devenu presque un sport national au Cameroun. Et prend au fil des jours des proportions pour le moins inquiétantes. Si par le passé certains parents procédaient à la réduction – illégale – de l’âge de leurs enfants suite à de nombreux échecs scolaires, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Car même ceux des enfants qui n’ont aucun soucis à l’école se livrent eux-aussi à cette pratique pourtant répréhensible, juste dans le but de quitter les bancs de l’école étant encore très « jeunes ». Ceci, pour multiplier les chances de décrocher un emploi à la fonction publique. Déjà que l’âge limite pour intégrer la fonction publique camerounaise est de 35 ans. Ainsi, un enfant en classe de terminale aura sur son « acte de naissance » 18 ans, alors qu’il en a véritablement 22 ou même 25 !
Plus loin, même certains travailleurs n’hésitent pas à se livrer à cette pratique, pour prolonger leur date de départ à la retraite, surtout quand on sait que la retraite est perçue ici comme une sanction illégale. Le phénomène est plus rependu au sein de la fonction publique.
Aussi, tout récemment, des enquêtes menées auprès de la fédération camerounaise de Football ont révélé que plus de 70% des âges indiqués sur les licences des footballeurs camerounais ne sont en réalité que de faux âges. Une situation extrêmement préoccupante, quand on connait la délicatesse du sport, et notamment du football qui requiert généralement une certaine condition physique. La situation est telle que les hommes de médias utilisent généralement l’expression « âge officiel », pour indiquer l’âge d’un joueur.
Le plus grave est que les autorités continuent de fermer les yeux devant ce comportement pourtant bien répréhensible par la loi camerounaise. Car conforment à l’article 205 du code pénal, est punie d’une amende allant de 40 000 à 2 millions de francs Cfa, et à des peines d’emprisonnement de 10 à 20 ans, toute personne qui se ferait délivrer frauduleusement un acte de naissance.
Pourtant, « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années »
pour une fois je suis d’accord avec toi!
Makatagna gna !