Il y a des moments où l’on se demande si une ‘’certaine’’ justice ne dérape pas, au nom… d’une loi religieuse rétrograde ou au nom d’un multiculturalisme ‘’mal ficelé’’ ou ‘’mal pensé’’… Eh oui ! Nous sommes en 2007 ! Pourtant, cela vient d’arriver dans cette Italie très catholique et laïque, de surcroît, gouvernée par une Coalition de Centre Gauche !

L’information serait passée inaperçue, puisque peu de grands médias français en ont parlé ! Mais, grâce à la très sérieuse revue de presse du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF)[1], nous avons appris avec beaucoup d’étonnement et de révolte que « la Justice italienne avait admis l’application de la Charia en famille et avait acquitté les parents et le frère de Fatima, une jeune adolescente »[2].

Selon nos confrères du quotidien français, « la Cour de cassation italienne aurait reconnu que les parents et le frère de Fatima étaient coupables de séquestration ‘’prouvés’’ ». Cependant, et c’est là où le bât blesse, ces mêmes magistrats ont estimé que « les sévices subis par l’adolescente étaient en substance ‘’pour son bien’’ et que ses parents souhaitaient, en toute bonne foi, la punir ‘’pour son style de vie non conforme à leur culture’’ ». 

Interrogée par ‘’Libération’’, Souad Sbai, Présidente de l’Association des femmes marocaines en Italie, s’en est émue en ces termes de révolte : « C’est une honte ! C’est une décision digne d’un pays arabe où serait en vigueur la Charia ». « Au nom du multiculturalisme et du respect des traditions, les juges appliquent deux types de règles, l’une pour les Italiens, l’autre pour les Immigrés. Un père catholique, qui se serait comporté de la sorte, aurait été durement condamné », devait-elle continuer.  

Pourtant, la justice italienne n’est pas…

   …si aveugle que cela : le Procureur de la République italienne installé dans la Circonscription judiciaire de Bologne s’était fermement opposé à l’acquittement en appel des parents et du frère de cette jeune adolescente en déposant un recours. Pour cela, il avait rappelé que « Fatima avait été séquestrée et attachée à une chaise, puis, libérée uniquement pour être brutalement battue par ses parents qui voulaient la punir de sa fréquentation avec un ami et plus généralement pour son style de vie »…

L’action de ce procureur courageux a été vaine, la Cour de Cassation ayant jugé qu’ « aucun délit ne pouvait être relevé étant donné, ‘’qu’au cours des débats, il était apparu avec certitude que la jeune fille était terrorisée face aux possibles réactions de ses parents’’ ».Allant plus loin dans leur logique implacable, les juges de la Cour de Cassation ont estimé que « la jeune fille ne s’était pas rendue à son travail, préférant retrouver un homme et avait en conséquence menacé de se suicider ». Selon eux[3], « le père, la mère et le frère de Fatima avaient été contraints de l’attacher pour éviter qu’elle ne commette des ‘’actes d’automutilation’’ ». 

Mais, face à cette justice aveugle, nous sommes en droit de nous demander si l’Italie, rappelons-le : Etat membre de l’Union Européenne, est capable de s’opposer fermement aux lois rétrogrades religieuses ? Cela veut-il dire que la Charia a force de loi face à la Constitution italienne ou aux lois de ce pays ? 

Si chaque Etat membre de l’Union se mettait à faire acte d’allégeance aux lois coraniques édictées par des mollahs fondamentalistes, ce, au nom de l’intégration ou du métissage des cultures, nos libertés chèrement acquises seraient bafouées à jamais !

 


[1] L’article de ‘’Libération’’ du 10 août 2007 : « La justice italienne absout la charia en famille », repris, en revue de presse par le CRIF : http://www.crif.org/index.php?page=articles_display/detail&aid=9418&returnto=search/search&artyd=5

[2] Dans son Edition du 10 août 2007

[3] Et selon les informations rapportées par ‘’Libération’’ (Voir Note 2).