Tout d’abord, pour éviter tout amalgame, cet article n’est là ni pour dénoncer la politique d’immigration de Paris et de Rome, ni pour défendre la cause des immigrés. Je l’écris juste pour montrer le casse-tête des autorités européennes (France et l’Italie) pour résoudre le problème d’immigration clandestine au lendemain de  la révolution tunisienne.

Les citoyens européens se disent sûrement  que voilà, les tunisiens ont la démocratie , qu’ils restent alors chez eux pour développer leur pays et le reconstruire. Cette vision et cette analyse  à la fois plate et simpliste n’est pas tout à fait adaptée à la réalité sur le terrain.

Il faut d’abord se poser la question de savoir pourquoi c’est au lendemain d’une révolution populaire qui devrait être un nouveau départ pour un pays prospère que ces tunisiens ont choisi de quitter leur pays et pas avant ? La réponse est toute simple, le soutien à ben Ali n’était pas seulement pour endiguer le terrorisme, il y’avait une autre clause qui était d’empêcher toute immigration vers l’Europe et notamment la France. Donc les gardes côtes étaient bien équipés et suffisamment entrainés pour empêcher toute immigration et arrêter s’il le fallait les barques qui s’y risquaient. Donc il y’avait bien avant la révolution des gens qui ne rêvaient que d’une chose, quitter ce pays et tenter leur chance en Europe. La révolution avec toutes ses perturbations des forces de l‘ordre qui s’en suivirent a alors ouvert une voie, une brèche à ces tunisiens décidés à partir.

Une autre précision est : la plupart de ces clandestins ont-ils vraiment des diplômes de l’enseignement supérieur ? Je serais tenté de répondre non et dans le cas contraire  peu d’entre eux alors. Donc un ouvrier non qualifié a très peu de chance d’avoir une vie décente en Tunisie alors qu’en Europe même travailler dans un champ leur rapportera au minimum de quoi vivre, du moins c’est ce qu’ils pensent. L’Europe est  leur seul espoir de salut et ils feront tout pour y aller pendant qu’ils en ont encore la capacité. Et quels sont les chances que certains d’entre eux soit des anciens détenus évadés de prison ? Difficile de le dire.

Après avoir salué, la révolution du peuple tunisien, Sarkozy et Berlusconi ne veulent aujourd’hui ni l’un ni l’autre supporter le poids de cette révolution. Et il faut bien sûr les comprendre d’autant plus que Sarkozy fait face aujourd’hui en France à une chute des intentions de votes incroyable. Il se doit donc de montrer à la population française qu’il tient les rails et surtout à ceux de l’extrême droite que les immigrés n’envahiront pas la France.

Claude Guéant, le ministre de l’intérieur français, qui cherche même à s’attaquer à l’immigration légale aura du pain sur la planche. Les gouvernements français et italien entendent bien se donner les moyens de leur combat. La France et l’Italie ont décidé d’envoyer des «patrouilles communes» au large des côtes tunisiennes pour prévenir l’immigration illégale, à l’issue d’une rencontre vendredi 8 avril 2011 à Milan entre les ministres de l’Intérieur des deux pays, selon l’AFP.

«Nous avons décidé d’un commun accord avec la France d’organiser des patrouilles communes sur les côtes tunisiennes (…) pour bloquer les départs» d’immigrants illégaux, a affirmé Roberto Maroni, ministre italien de l’Intérieur, lors d’un point de presse avec son homologue français Claude Guéant.
«Ni l’Italie ni la France n’ont vocation à accueillir les migrants tunisiens», a ajouté de son côté Claude Guéant, à l’issue de cette rencontre qui a duré un peu plus d’une heure. Les deux hommes ont, également, appelé à «un effort commun entre nos pays et les pays de l’Union européenne».
M. Maroni a évoqué, aussi, la constitution d’un groupe de travail conjoint pour prendre des initiatives ainsi que «l’étude de programmes de rapatriement sur une base volontaire ou à l’échéance du permis» de séjour.

Face à cette annonce, l’opinion civile tunisienne est aujourd’hui divisée. Il y’a d’une part ceux qui comprennent cette décision jugeant que la Tunisie  n’a plus vraiment l’autorité sur ses propres eaux territoriales car les gardes côtes sont dépassés et d’autres qui y voit un acte inadmissible et une violation directe de la souveraineté de la Tunisie avec tous les échauffements liés à l’intervention militaire en Libye.

Quant à moi je me pose tout simplement des questions sur la légalité de cette mesure. Car la France et l’Italie ont le droit d’intercepter des embarcations qui sont entrées dans leurs eaux territoriales mais de là à intercepter jusqu’à celles qui sont en Tunisie, une limite semble franchie.