Quand j’étais enceinte de mon fils, je ne sais pas pourquoi, je m’étais mis en tête qu’il serait blond et en effet il est blond. A l’âge de 2-3 ans, cela semblait une évidence (pour moi) … il serait un grand joueur de rugby ! A 5 ans et demi, il a commencé à jouer. Il était mignon, c’était le plus jeune. Cela lui plaisait tellement qu’à l’école, il plaquait tout le monde ! Evidemment, les maitresses, elles, ne partageaient pas tout à fait cet engouement pour le rugby, tout du moins dans les murs de l’école. Moi, j’étais ravie… »Tu seras un champion mon fils ».

Je le voyais déjà plus tard adulé par la foule en délire et moi la larme à l’œil disant à qui voudrait m’entendre« Qu’il est beau mon fils ». Seulement voilà, après 4 ans de rugby, Loulou n’a plus envie de jouer. Ces dernier mois, il a fallu l’y trainer et le supplier de finir l’année vu qu’elle était payée. Après maintes discussions pour essayer de comprendre pourquoi il ne voulait plus jouer au rugby, il s’est avéré qu’il en avait marre et que récemment il s’était senti obligé d’y aller pour nous faire plaisir.

En ce qui me concerne, mon rêve s’est écroulé mais il s’en est immédiatement suivi un examen de conscience. Je me suis sentie nulle. Nulle comme tous ces parents qui veulent faire de leur enfant un virtuose et l’oblige à se taper des heures de violon ou de piano tous les jours alors qu’il préfèrerait jouer avec ses copains. Les mêmes aussi qui se plaignent qu’il a de mauvaises notes à l’école car où trouve t-il le temps d’étudier ? Nulle comme tous ceux qui sont convaincus d’avoir un Zidane ou un Federer chez eux et pousse à leur enfant à pratiquer un sport jusqu’à ce qu’il en ait la nausée.

La musique et le sport doivent rester des plaisirs. Un enfant ne doit pas être un stakanoviste de la musique ou du sport. Nos enfants ne sont pas là pour satisfaire nos ambitions de champions ou de virtuoses ratés. C’est nous qui devons les aider à satisfaire les leurs. Rappelons nous aussi que l’un des droits fondamentaux des enfants est de jouer. Ils ont également le droit de pratiquer un sport de leur choix et de l’arrêter quand ils n’ont plus de plaisir à la pratiquer. Dimanche, après son énième tournoi de rugby, Loulou est allé faire du skate. Je l’ai accompagné et je l’ai vu rayonner. Le soir, épuisé, il s’est endormi avec non pas des rêves de gloire mais tout simplement avec ceux d’un petit garçon qui n’a  pour ambitions que d’avoir pleins de copains avec lesquels jouer et être aimé par ses parents pour ce qu’il est réellement….