Qu’Allah bénisse la France, adaptation de la biographie de Abd Al Malik est l’occasion d’une immersion dans une cité de Strasbourg, une sorte de radiographie de ces lieux pris en otage par une jeunesse manifestement déconnectée de la réalité. Les conditions y semblent réunies pour un développement optimal de la délinquance faisant de ces quartiers une véritable jungle où règne la loi du plus fort. Affranchis de tous repères, les jeunes y usent sans modération de pratiques illicites allant du vol à l’arraché, au braquage à main armée en passant par le trafic de drogues.
Parmi eux un certain Régis, enfant d’immigrés noirs issu d’une famille fervente catholique. Mélomane dans l’âme, l’adolescent, membre d’un groupe de rappeurs, trouve là le meilleur moyen "d’avoir pour être". Dans l’univers glauque de ces jeunes et moins jeunes livrés à eux-mêmes, on flirte constamment avec overdose, dangers de tous genres. La Grande Faucheuse n’a pas le temps de quitter les parages. De quoi semer la psychose auprès des passagers à bord de cette barque en totale dérive ! Un mal pour un bien, car sans doute seul susceptible de déclencher chez certains une remise en question de cette vie de débauche.
Régis le surdoué du groupe sera sauvé de sa phobie par son professeur de philosophie en terminale, laquelle en l’orientant à Hypokhâgne, sera notamment à l’origine d’un déclic. Entre reconnaissance scolaire, passion pour la lecture, la musique, Régis reprendra du poil de la bête, se donnera les moyens de s’extirper de cette fange. Un périple qui le conduira aussi vers l’exploration du soufisme, de l’islam auquel il finira par se convertir.
Régis devenu Abd Al Malik renaît ainsi de ses cendres ; il a laissé derrière lui l’enfant soldat de plomb qui la peur au ventre avait du shit dans les chaussettes, de l’argent plein les poches, du sang plein la tête. Sauf qu’à vaincre non sans périls, on triomphe non sans gloire", et ça se ressent tout au long du film où court un joli sentiment de fierté.
Un film qui en résumé a pour ambition de prôner le vivre ensemble, la tolérance ; c’est aussi une ode aux enseignants, à l’éducation. La première moitié tragi-comique du film souffre toutefois d’un manque sévère de clarté en raison du verlan, du vacarme ! Pas mal pour un début, que cette déclaration d’amour pour la France de la part d’un rescapé qui revient de très loin…
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