La crise financière est mondiale.. la crise financière est une conséquence de notre système capitaliste… il faut sanctionner avec sévérité les opérateurs de marché financier… pourquoi doit-on travailler plus longtemps?
Toutes ces questions et toutes ces remarques nous les avons tous entendues. Alors donnons la parole aux acteurs de la finance afin de mieux comprendre la situation actuelle et aussi afin de pouvoir prendre des décisions éclairées avant d’envisager un placement financier. Nous avons donné la parole à un conseiller financier, un agent général d’assurance ainsi qu’à un trader. Ce sont trois jeunes qui sont passionnés par leur métier et qui ont accepté de nous donner leur opinion sur la crise financière et sur ses conséquences. 

Bruno 26 ans: conseiller financier au sein d’une banque généraliste.
Peux-tu nous parler de ton travail?Je suis employé en tant que conseiller en patrimoine financier au sein d’une banque généraliste. Je conseille mes clients sur leurs placements et emprunt ainsi que dans le domaine de la donation et de la transmission… Nous proposons également des assurances même si ce n’est pas notre métier à proprement parler.
Quelles sont les répercussions de la crise sur ton travail ? : A mon échelle la conséquence de la crise la plus visible est la crise de confiance des épargnants. Il en résulte moins de placements ou d’investissements à crédit. Et plus de difficultés pour nous pour vendre les biens (scellier, girardin )…
Que penses tu de notre gouvernement face à la crise actuelle?: Les actions du gouvernement sont de très bonne actions. Il faut rassurer les épargnants et les investisseurs en leur annonçant quelque  chose de lourd, même si pour eux ce n’est pas forcément  concret .
Que penses- tu de la dérégulation des marchés, des outils de trading? Je n’ai pas assez de connaissances dans la finance à proprement parler. Je ne sais pas comment est investi l’argent que ce soit sur le marché boursier ou obligataire Je ne peux donc parler de dérégulation des marchés ou d’outils de trading.
Les Métiers de la finance, de beaux métiers ? : j’en fais partie, certainement au bas de l’échelle. Mais mon emploi actuel me plait. Je travaille pour une banque n’ayant pas été salie par des scandales financiers et j’en suis fier.

Pierre-Paul Gacon 31 ans, agent général d’assurance.
Peux- tu nous décrire en quelques mots ton travail?:
Mon travail peut se résumer à aider les épargnants à placer leur argent en fonction de leurs objectifs (faire fructifier un capital, préparer une retraite..). Mais également à prévenir les accidents de la vie ( arrêt de travail, invalidité, décès).
Comment se comportent les marchés financiers actuellement? : Les marchés financiers sont volatiles et il n’y a pas encore eu de véritable période de stabilité depuis le début de la crise. La stabilité, c’est ce qui donne confiance aux épargnants. Dans mon activité, je peut noter un fort repli vers les fonds euros (obligataire) au détriment des fonds U.C. (bourse). Seules les solutions qui permettent de garantir tout ou partie des capitaux investis trouvent grâce aux yeux de mes clients. La crise grèque accentue l’instabilité des marchés et donc ce repli.
A-t-on un gouvernement à la hauteur de la crise actuelle ? : Je crois que le gouvernement mène une politique réaliste. Il me semble évident qu’il faille réduire les dépenses de fonctionnement et augmenter les dépenses d’investissement afin de retrouver la croissance. Je suis notamment favorable à la réforme des retraites en tant que solution définitive ainsi qu’au grand emprunt. Cela dit, il va être difficile pour le gouvernement d’éviter la grogne sociale concernant la reforme des retraites. Même si des mesures me paraissent indispensables. Il faut redresser la situation économique de la France et j’éspère que l’Europe suivra.
Que conseiller alors comme investissement au petit épargnant? : Personnellement, je reste sur les fondamentaux en fonction des objectifs et du  tempérament de chacun de mes clients. Mais il est certain que la prisque de risque est souvent tempérée par des sécurisations. L’investissement en bourse a toujours été intéressante sur le long terme. C’est une règle empirique qu’aucune crise n’a remise en cause. Je parle sur une période d’une quinzaine d’années. Je pense que les gens doivent s’adresser à quelqu’un de compétent et en lequel ils ont confiance (je parle intuitu personæ). Quelqu’un d’installé, qui exerce dans la même zone géographique depuis longtemps et qui a donc un véritable intérêt à gagner et à garder la confiance de ses clients. Je suis pour un fort dans les métiers de la finance car malgré les dispositions légales, la compétence se perd. Je conseille également aux gens de s’adresser à un assureur libéral plutôt qu’à un salarié (pas de risques de licenciement ou de mutation). De plus cette personne possédera un numéro d’agrément Orias, obligatoire dans cette profession, qui atteste que la personne exerçant une activité financière à bien été formée et à passé avec succès l’examen obligatoire.

Grégory, 30 ans opérateur de marché financier pour une banque d’investissement.
Comment travailles-tu ?
Je travaille en salle de marché ainsi qu’en bureaux. Mon travail consiste à gérer les risques et à spéculer sur les marchés financiers afin de créer les fonds revendus par la suite aux établissements financiers. Je passe le plus clair de mes journées à transmettre des ordres d’achat ou de vente aux banques et autres établissements financiers par l’intermédiaire de leurs commerciaux appelés salesmen. Les salesmen devront conseiller leur établissement et le diriger vers des fonds financiers qui correspondent à leur recherche. J’achète ou je vend en fonction des analyses  ( des analystes financiers, des prévisionnistes..) et des informations (que je trie préalablement) que je reçoit sur mes écrans d’ ordinateur en temps réel, environ toutes les 3 secondes .  Je dois faire fructifier des capitaux en anticipant les fluctuations. Je travaille beaucoup à l’intuition  et évidemment grâce à mon expérience sur les marchés.
Quels sont les différents traders ? : les traders peuvent avoir différentes fonctions: market maker,trader de produits vanilles, trader de produits structurés, proprietary trader. Et il doivent agir à court (voir très court), moyen ou long terme.
– Ceux qui font du Scalping: achat et vente en quelques secondes à quelques minutes.
DayTrading : achat et vente de quelques minutes à quelques heures.
Swing c’est-à-dire cessions d’achat et vente de quelques heures à 2 jours maximum.
Court terme : achat et ventes en 1 semaine.
Moyen terme :  achat et ventes en 1 mois en général.
Long terme:  achat et vente de plusieurs mois à plusieurs années.
Trader, un métier très critiqué ? :je pense qu’on critique essentiellement le Trading discrétionnaire  des "proprietary  trader"   C’est un métier de pure spéculation, le mieux payé dans une salle de marché. Ce sont des opérateurs de marché qui ont carte blanche  . Ils ont une grande expérience mais  bénéficient d’énormément de liberté sur tous les marchés. Mon métier est différent. De plus je voudrais rappeler aux gens que le trader n’est pas seul responsable des erreurs de spéculation. Il travaille sous la pression constante des autres opérateurs de marché et des établissements financiers. Afin d’éviter une trop grande prise de risque, les traders sont suivis de très près par le back office. Si ont durcit trop la législation encadrant les traders, face aux nouvelles contraintes, les traders européens ne seront plus compétitifs face à la concurrence internationale. Depuis 2008 (sommet du g20 à Washington) nos rémunérations ne sont plus les mêmes.  On nous décrit souvent comme des gens déprimés, n’ayant aucune vie sociale et pleins aux as.Les gens seraient étonnés d’apprendre l’importance du relationnel dans ce domaine et même s’il est vrai que nous gagnions bien notre vie, la durée de vie d’un trader est courte dans la majorité des cas.

Traders un métier très critiqué mais aussi très envié ? Même si les diplômes sont très différents selon l’employeur (même si en France les banques sont pointilleuses), il est recommandé d’avoir une solide expérience en marché financiers et de rechercher un employeur plutot que de démarer en "free lance" au risque de devenir une proie facile pour les autres traders et brokers qui vous délesterons rapidement de vos capitaux. Il est requis pour ce métier d’être jeune, rigoureux, honnête et d’avoir une bonne dose de sang froid. Les langues étrangères sont appréciées (par exemple l’arabe) ainsi que les personnes issues de formations mathématiques. Il faut lire assidument la presse économique et posséder une excellente culture générale. On peut également s’inscrire à des "graduate programme" sur les sites internet des banques . En France par exemple sur les sites de la BNP et de la Société Générale..
Quels sont les outils utilisés par les opérateurs de marché financier?
Les systèmes des agences d’informations financières tels que Reuters ou Bloomberg délivrent en continu et en temps réel l’actualité du monde avant que ces informations ne parviennent au grand public.  Ils sont indispensables pour que nous puissions prendre des décisions éclairées. Les communications au sein de la salle de marchés se fait essentiellement par téléphone, par internet ou par reuter dealing  qui est un réseau transactionnel privé, à l’échelle mondiale reliant les Banques.
Ton analyse sur la crise grecque ? : les grecs ont fait de lourdes erreurs doublées d’une méconnaissance des règles de base des marchés financiers. Mais la population grecque à aussi sa part de responsabilité. Ils ont élu un gouvernement qui leur demande très peu d’ impôt et leur départ à la retraite est beaucoup trop rapide au vu de leur déficit (290 milliards d’euros). Aujourd’hui ils sont mal notés et certains traders dans le monde continuent de travailler avec ce pays qui est économiquement lourdement handicapé. Moi, je préfère me limiter aux émetteurs solvables par sécurité mais également par éthique. Je pense que la Grèce à énormément de chance d’être dans la zone euro . Ils auraient très bien pu effondrer totalement entrainant dans leur dégringolade d’autres pays  si  les autres gouvernements et la BCE ne les avait pas aidés Je pense que les petits investisseurs en obligataire grec n’ont aucune raison de s’inquiéter tant que la Grèce sera soutenue et aidée même si je ne suis pas pour réaliser ce type de transactions aujourd’hui.

Propos recueillis par Laurence Helaili