L'indignation légitime qu'a suscité la profanation des tombes musulmanes du cimetière Notre-Dame de Lorette d'Arras et toute l'agitation médiatique autour de celle-ci, n'est pas sans poser certaines questions sur le silence qui a entouré celles du cimetière Saint Eloi de la Rochelle, profanations commises exactement la même nuit mais qui ne sont restées que fort peu relatées par la presse et très peu commentées dans le monde politique.
Dans le cimetière d'Arras, des signes sataniques, des croix gammées inscrites sur les 148 tombes et une tête de cochon a été pendue au-dessus de l'une d'elle, le slogan "white power", d'autres slogans hostiles au garde des sceaux actuel, Rachida Dati, notamment "Rachida vient me s…", ou encore racistes "Fuck les Rebeux", "Fuck Mahomet".
A La Rochelle  , selon le procureur de la République, seules "Une trentaine de croix ont été déplacées et retournées et l'une d'entre elles a été cassée", mais aussi "plusieurs inscriptions à caractère satanique sur le sol devant plusieurs chapelles, les intérieurs de six chapelles noircis par des feux allumés à l'aide de détritus ou pots en plastique", plus grave encore, "la destruction de onze petites caisses en bois matérialisant les sépultures d'enfants nés de parents inconnus dans la fosse commune". Les signes sataniques sont très clairs, "Lucifer", ou encore des croix de David renversées.  "Taguer" des croix gamée prend en effet moins de temps que de de dégrader des stèles et de briser une croix en ciment, ce qui peut expliquer cette différence dans le chiffre entre les deux cimetières.

Pour le cimetière d'Arras, aussitôt la nouvelle sue, une vague d'indignation s'est fait jour dans la presse. L'Elysée a aussitôt fait un communiqué, le président "souhaite être tenu informé des suites de l'enquête judiciaire qu'il espère rapides afin que les auteurs de cet acte soient punis comme ils le méritent". Le communiqué avait auparavant insisté : "Cet acte relève du racisme le plus inadmissible qui soit et le président de la République partage la douleur de toute la communauté musulmane de France. Mais cet acte odieux porte aussi atteinte à la mémoire de tous les combattants de la Première guerre mondiale, au-delà des confessions de chacun".  Notons bien le "au-delà des confessions de chacun". Jean-Marie Bockel, ministre aux anciens combattants a été dépêché sur place, par le président lui-même. Tous les partis politiques, de l'extrême-droite à l'extrême-gauche, y sont également allés de leur petite déclaration offusquée, à juste titre.
Pour le cimetière de La Rochelle, l'Elysée n'a vraisemblablement fait aucun communiqué, si l'on en croit le site officiel. On cherche en vain des réactions d'homme politique.
Dans le cimetière d'Arras, très rapidement, "des dizaines d'enquêteurs" ont selon le Parisien , passé le périmètre au peigne fin, fermant le site pour l'occasion, enquêteurs issus de "la section scientifique de la brigade de recherche d'Arras et les services de l'identité judiciaire", à la recherche d'indices pour retrouver les coupables. Cela a dû être efficace, puisque ce mardi nous apprenons que quatre ou cinq personnes suspectes sont déjà interrogées.
Pour le cimetière Saint Eloi, un appel à témoin sera relayée par la presse régionale… On ne sait jamais, quelqu'un aura peut-être vu quelque chose… Mais pour le moment, l'enquête ne semble pas avoir progressé, du moins la presse ne le relate pas.
Dans le cimetière d'Arras, un rassemblement multiconfessionel  a eut lieu dans le carré musulman de Notre-Dame de Lorette. "Nous appelons tous les musulmans a rester calme face à cette provocation gratuite" a déclaré le vice-président régional du conseil du culte musulman, tandis que le représentant de la communauté juive, déclare que dans les carrés juifs, c'est malheureusement une habitude. Plus loin une femme catholique, très émue, clame son indignation en laissant échapper quelques larmes. "Il faut s'attaquer à l'ignorance" dit un musulman. L'ignorance, ce départ du racisme, l'ignorance de l'autre et de sa différence qui conduit au racisme "primaire" aurait-il sans doute pu ajouter. A moins que ce ne soit l'ignorance et aussi l'indifférence?
Dans le cimetière de Saint Eloi, que s'est-il passé? Difficile de répondre à cette question, la presse ne relate rien. Y a-t-il eut une commémoration, un curé, un imam, un rabbin, quelques personnes émues ? Nous ne le saurons pas. Pour le moment, personne n'appelle les catholiques a rester calme devant cet affront, aucun rabbin ne vient déplorer la multiplication de ces outrages, pas de jeune femme voilée pour verser une larme…
Cette différence de traitement est-elle voulue? N'y a-t-il que démagogie de la part du gouvernement? Existe-t-il une inégalité entre les défunts et l'indignation doit-elle être sélective? S'agit-il de cathophobie ou à tout le moins de christianophobie? Ainsi que je l'écrivais dans mon précédent article au sujet d'Arras, les profanations sont légions, et touchent particulièrement des cimetières chrétiens, ce qui est logique : ils sont plus nombreux dans notre pays de tradition catholique et le satanisme se développe dans toute les régions. Deux cimetières profanées le même jour, une différence de traitement éclatante, peut-être faudrait-il contacter la HALDE devant ce "testing" involontaire des fanatiques satanistes…? Peut-être devrons-nous guetter les réactions des associations anti-racistes pour le savoir.
Le garde des sceaux Rachida Dati qui avait été visé à Arras avait demandé, dans les deux cas aux parquets concernés, à ce que les auteurs soient rapidement identifiés et poursuivis avec la plus grande fermeté.