Les consommateurs s’en aperçoivent un peu plus chaque jour : les prix à la pompe battent des records.

 

 

 

Le 14 mars dernier, le prix du "Sans plomb 98" a dépassé les deux euros le litre dans les stations parisiennes. Une barre symbolique a été franchie mais ce n’est pas surprenant quand on voit les cours du brut s’envoler sur les marchés. Le cours du Brent à Londres a récemment atteint les 124 dollars, contre 110 dollars en décembre 2011. Le cours du brut à New-York suit à peu près la même direction. Les raisons de cette envolée sont avant tout d’ordre géopolitique. Les tensions au Nigeria et surtout en Iran sont au premier rang.

 

Pour le deuxième pays, l’Union Européenne a d’ailleurs décidé, il y a quelques semaines, d’un embargo sur le pétrole iranien, d’ici le 1er juillet, pour montrer son mécontentement vis à vis du programme nucléaire mené par l’Etat et pour accentuer la pression. En représailles, l’Iran menace de bloquer le détroit d’Ormuz, par où transite 35% du pétrole mondial. Le problème c’est que d’une part, les autres producteurs comme l’Arabie Saoudite se seraient engagés à augmenter leur production pour faire face à ce blocage, et d’autre part, 80% des exportations du pétrole iranien se dirigent vers l’Asie et les spécialistes voient mal un pays comme la Chine se priver d’une telle ressource. De plus, le pétrole iranien ne représente que 3% des importations de l’Union Européenne. 

 

Au Nigéria, l’arrêt des subventions gouvernementales aux produits pétroliers a mis le feu aux poudres. Et les pétroliers ont brandi la menace, au début de l’année, de couper complètement leur production. Le Nigéria est le premier producteur de brut africain et délivre plus de 2,4 millions de barils par an, notamment aux Etats-Unis, au Brésil, en Inde et en Europe. Le brut du pays est d’une excellente qualité et est très difficile à remplacer. Ce qui a favorisé la hausse des cours. De même que la baisse de l’euro face au dollar.

 

Le prix du baril représente un tiers du prix du sans plomb à la pompe. Ce chiffre monte à 38% pour le gazole. Ce sujet est devenu l’un des enjeux de la campagne à l’élection présidentielle. François Hollande propose de bloquer les prix de l’essence et le retour à une TIPP (Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers) flottante. La première mesure avait déjà été réalisée en 1990 dans le gouvernement Bérégovoy mais c’est avant tout pour lutter contre des problèmes d’approvisionnement. Aujourd’hui, c’est surtout un problème de prix. Cette proposition est utopique, d’où la deuxième mesure visant plus la fiscalité et la marge des distributeurs. Mais le retour à une TIPP flottante serait très coûteuse pour les finances de l’Etat. Cette taxe représente 60% des prix finaux de l’essence et la quatrième source des revenus de l’Etat.

 

D’autres candidats comme Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon ou Nicolas Dupont-Aignan proposent de taxer davantage les profits des grands groupes pétroliers. 

 

Le gouvernement propose lui de puiser dans les ressources stratégiques. La dernière fois, c’était le 23 juin dernier, pour faire face aux tensions en Libye. Cela aurait pour conséquence de faire chuter rapidement le prix du pétrole. Mais, historiquement, les cours ont ensuite bondi. Et cela ne règle pas le problème d’une baisse de l’offre.