Même si les économistes estiment qu’il faut attendre quelques semaines pour que l’on ressente les effets de la perte du AAA français, certains pensent que l’Europe n’en verra que très peu les conséquences.

 

 

 

Vendredi soir, l’agence de notation Standard & Poor’s a décidé de dégrader d’un cran la note de la France, passant de AAA à AA+. L’Autriche a également perdu son AAA et 7 autres pays de la zone euro ont été dégradés. Les marchés ont alors très peu réagi sur le coup, le CAC 40 ne finissant que par une très légère baisse. Certains économistes pensent d’ailleurs que la France et l’ensemble de la zone euro ne ressentiront que très peu (ou pas) les effets de cette décision, d’autant plus que cette décision est et restera pour le moment unilatérale. Fitch a annoncé la semaine dernière qu’elle n’abaisserait pas la note de la France en 2012 et Moody’s, la troisième grande agence mondiale, a décidé ce lundi de confirmer le triple A français même si elle a encouragé le gouvernement à persévérer dans ses efforts de redressement du déficit public. Une décision définitive sera prise au cours du premier trimestre 2012.

 

L’autre inquiétude concerne le Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) qui pourrait également voir sa note actuelle, le AAA, dégradée par les agences de notation. S&P se prononcera, probablement en fin de semaine. Cela ne serait pas surprenant car la capacité de prêt de ce fonds, destiné à aider les pays en difficulté économique, est financée à 20% par la France. Après la décision de S&P, sa capacité effective de prêt pourrait donc diminuer d’environ 170 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent 43 milliards déjà engagés dans les programmes d’aide à l’Irlande, au Portugal et à la Grèce. C’est en tout cas ce qui pourrait permettre au FESF de garder son AAA et les garanties qui resteraient (autour de 215 milliards) assureraient le deuxième plan d’aide à la Grèce de 130 milliards si les discussions avec le secteur privé à propos de la dette grecque aboutissent. Certains spécialistes estiment même que le FESF pourrait continuer sa mission même avec une note moins élevée, qui l’obligerait à payer plus cher pour emprunter, grâce à l’effet de levier. 

 

D’autant plus que le FESF sera progressivement remplacé par un fonds permanent, le MES (Mécanisme européen de stabilité) à partir de juillet 2012. Le MES disposera d’une structure plus solide avec des capacités revues à la hausse. A l’heure qu’il est, il prévu que le MES dispose d’une capacité de prêt de 500 milliards d’euros et que les fonds non utilisés du FESF soient alloués à son successeur. De plus, le MES disposera de 80 milliards de capital en dur, et de 620 milliards d’euros de capital mobilisable en cas de besoin et reposera sur le droit international (alors que le FESF est basé sur le droit luxembourgeois). Cela lui permettra d’obtenir sa propre notation de crédit, totalement indépendante de ses Etats actionnaires et de pouvoir recourir plus rapidement à l’effet de levier afin de démultiplier sa capacité d’action.

 

MAJ : S&P vient de dégrader la note du FESF de AAA à AA+. Pas de conséquences prévues à court terme.