Voilà qu’aujourd’hui s’inverse le cours de l’histoire plaçant le Liban et plus précisément le camp du 14mars comme responsable de fomenter les secousses qui ébranlent la Syrie laquelle fut longtemps accusée à juste titre d’ingérence sur la politique libanaise ! Dur de démêler le vrai du faux mais toujours est-il que les dissensions entre le régime baassiste et le courant du futur dirigé par Saad Hariri remontent déjà à quelques années : renverser le régime de Bachar el Assad pour le remplacer par un gouvernement d’opposition mené par l’ancien vice président Abdel-halim Khaddam et le parti des frères musulmans a toujours été le voeu pieux de Saad Hariri, information révélée par Wikileaks alors que l’histoire date de 2006.

Abdel Halim Khaddam, ministre phare des affaires étrangères sous le règne de Hafez el Assad, célébre pendant la guerre du Liban notamment pour ces fameuses négociations stériles dites de paix. Haut commissaire syrien pour le pays du Cèdre, Khaddam fut partenaire du milliardaire Rafik Hariri dans une affaire juteuse de télécommunication libanaise. Devenu responsable officiel de l’Etat syrien entre juin et juillet 2000 suite au décès de Hafez el Assad, Abdel Halim Khaddam incarnera à lui seul la pire des menaces à la succession de Bachar, qui par instinct de conservation l’écartera du pouvoir tout en démantelant le système hautement lucratif mis en place avec Rafik Hariri, pilier de sa puissance. Et lors de l’assassinat du premier ministre libanais en 2005, Khaddam  totalement affaibli, démissionnera du parti Baas pour s’exiler en France et à la manière de Jacques Chirac bénéficiera d’un logement grâcieusement offert par les Hariri. Et de sa nouvelle résidence, il multipliera les critiques contre le régime l’accusant aussi de complicité dans l’assassinat du premier ministre et fournira des informations au TSL resserrant de la sorte ses liens avec la famille du défunt. Il ne se gênera pour appeler publiquement au renversement du régime syrien.

Quelque peu inattendue cette évolution fulgurante de la fronde syrienne avec des revendications, des slogans allant en crescendo : initialement ils réclamaient des réformes tout en marquant leur attachement à leur dirigeant et aujourd’hui au fur et à mesure que s’acquièrent des droits, ils se détachent peu à peu de leur raïs. Et pourtant les efforts se multiplient et malgré l’abrogation de la loi d’urgence, l’annonce de réformes dont la règlementation du droit de manifester, l’abolition de la haute Cour de sûreté de l’Etat, la vague de colère qui ne cesse de se propager de ville en ville en Syrie ne semble pas vouloir s’apaiser et continue de gronder de plus belle. De ce fait la polémique enfle entre ceux reprochant au Hezbollah de reprendre à son compte les accusations syriennes à l’encontre du 14 mars et de se liguer aux côtés du régime de Bachar el Assad contre les insurgés et ceux accusant le courant du futur (14mars) d’être à solde de l’Amérique et conspirateur contre le régime syrien. Tant de données effarantes bien susceptibles de favoriser le développement de la complotite aiguë chez les protagonistes de tous bords !

 Hier aussi le sit in de Homs a été brutalement réprimé dans le sang avec la contribution des chabbiha oeuvrant sous l’égide des des renseignements, sous prétexte d’éradiquer ce chaos orchestré par les salafistes. Un printemps arabe au goût amer où se perd petit à petit le parfum de jasmin et où les fleurs tant attendues semblent s’étouffer tant elles peinent à éclore !

S’agit-il d’un accès de complotite aiguë, sur terrain chronique dans une région arc boutée dans une posture de victimisation ou s’agit-il vraiment d’un complot longtemps ourdi par les forces obscures américaines qui pilotent dans le noir les politiques extérieures, la Défense avec leur reluisante façade de démocratie afin de défricher le terrain pour l’avènement progressif du nouvel ordre mondial ? (Ron Nixon, wikileaks). C’est à coup de milliards, dit-on que l’opposition, dans les multiples pays arabes en ébullition, aurait été entrainée par des experts, meneurs de révoltes sans négliger le moindre détail pour mener à bien cette opération d’imposture suprême. Est-il vraiment possible de croire que tous ces soulèvements que l’on croyait spontanés étaient longuement et minutieusement préparés réduisant les populations concernées à de piètres marionnettes qui devraient indéniablement un jour se réveiller d’un rêve devenu cauchemar après avoir aveuglément concrétisé le plan subtilement élaboré par la bien-pensance dans le monde à moins que les retombées ne leur soient favorables…Où se situent la ou les véritables "têtes de serpent" ?