Primaires socialistes : quid des blancs et nuls ?

Je me suis cette fois abstenu. J’avais voté dimanche dernier, glissant deux euros dans l’urne, pour le premier tour des primaires du PS, histoire d’encourager l’initiative. Cette fois, la flemme, et les taux de participation annoncés me montraient que le PS n’avait guère besoin de mon (très modeste) soutien financier pour ne pas prendre le bouillon. Une chose m’interpelle, ce soir, alors que François Hollande n’est pas encore déclaré vainqueur, c’est le réflexe des votants ayant glissé un bulletin blanc ou nul…

Ce dimanche soir de second tour, je clique et clique pour rafraîchir la page du site des primaires socialistes : http://resultats.lesprimairescitoyennes.fr/

Pour le moment (20:10), il y aurait 371 personnes ayant déposé un bulletin blanc ou, sans doute, rendu très volontairement nul.
L’estimation indique que 5 530 personnes auraient effectué la même démarche.
Des communistes ou mélanchonistes ? Des Verts ?
Des partisans de Baylet, Royal ou Montebourg ?
Ah, une voix de plus (372 contre 371) fait passer la projection à 5 665 voix. Drôle de calcul.
Mais qui sont donc ces femmes et ces hommes qui se sont déplacés pour se manifester ainsi ?
Pas des gens de droite, a priori : pourquoi donc se fendre ainsi d’un euro si ce n’est pas pour influer sur le choix de la ou du candidat qu’on estime le moins dangereux pour son camp ?
Ah, 473 ainsi exprimés qui font grimper les estimations à 8 150 voix.
Cela fait quand même, sur 1 179 448 votants, pas mal de monde. 
Oh là, 20:48 et 1 270 voix, sur 12 049 estimées. Forte progression.
Tiens, et où donc vote-t-on blanc ou nul ? Deux voix sur 600 exprimés dans le Maine-et-Loire, à 20:54. Et ailleurs ? 5 sur 520 dans le Haut-Rhin. 41 sur 9 100 dans le Finistère…
Et au national, cela s’accélère : 2 281 sur 308 068.
On verra demain (ou sans doute jamais) si les médias en feront état et tenteront d’analyser le phénomène…
Progression au cours de la soirée
Bon, je ne vais rester scotché sur ce site, mais nous en sommes déjà à 13 320 sur à peine plus de deux millions de votants estimés. Ah, les estimations fléchissent, plus que 13 308. 12 809 à 21 h. Remontée dans les minutes qui suivent à 13 741. Puis 13 800 (pour 3 084 validées).
C’est rigolo. Dieu, le diable ou je ne sais qui sait combien j’ai pu couvrir de soirées électorales, mais pour une fois, sur Come4News, j’ai l’impression de faire du… journalisme.
Il y a un hic. Le nombre des résultats validés vient de tomber à 3 019 voix (contre 3 084 voici quelques… secondes). On nous aurait menti ?
Ou des corrections seraient-elles intervenues ?
Comment peut-on faire baisser tout à coup des suffrages exprimés ?
Ah, non, on remonte à 3 181 (21:10). Erreur de saisie ou lapsus de saisie ?
Retour à 3 084 (21:11). Il y a quelque chose qui cloche là-dedans. Je reclique immédiatement.
Redescente à 3 019.
Remontée à 3 181 (21:13).
Hop, 3 402. Clic-clic.
3 084. Mon spot vient de me lâcher, je ne vois plus le pavé numérique. Et celui-là, je ne l’ai pas assimilé dans l’obscurité. Recours à mes vieux réflexes de dactylographe, mais cela prend du temps (Maj+tâtonnements).
3 261 (21:16). 3 842 et 14 067 estimés.
Mais les estimations, pour le même nombre, tombent cette fois à 13 884.
Damned, on nous la jouerait « au pifomètre » ?
Pour un peu, je filerai à Solférino, surtout que cela regrimpe à 4 367 (14 235 estimés).
Mais, bon, au prix du ticket de métro, financer un reportage jusqu’au siège du PS, sans savoir si j’obtiendrai une quelconque réponse, est-ce bien raisonnable ?
Plus drôlatique
Dans le genre bidonnant, la réaction de Nadine Morano : « Martine Aubry a subi un désaveu des militants et des sympathisants. ». Ah bon ? Jean-François Copé dit que le score prévu de Hollande est minable. Il aurait dû obtenir 70 % des voix, selon Copé. Et pourquoi pas 99 %, comme les dictateurs africains que soutient Copé ? Il se croit en France, celui-là ?
En fait, on dirait que ceux qui n’avaient pas voté au premier tour se sont mobilisés pour Hollande. Ou plutôt pour battre Sarkozy et Fillon et Copé et Juppé, non ?
Aubry redevient secrétaire générale du PS et organisera une « fête » pour saluer la victoire de François Hollande.  « C’est l’équipe de France du changement, qui tournera la page sur cinq ans de sarkozysme, » déclare-t-elle, qui se réunit autour de François Hollande.
Comme c’est parti, un second tour Hollande-Marine Le Pen n’est pas exclu.
Tiens, et ils voteront quoi, les sarkozystes ? Blanc ou nul ?
Eh, les chars chinois risquent d’envahir les Champs Élysées, Hollande supprimera le tiercé et les jeux à gratter. Pensez-y ! Et Chevènement, il fera quoi, cette fois ?
Tiens, personne ne semble avoir songé à lui poser la question.
S’il compte sur les quelque 15 000 nuls et blancs de la primaire, il est mal barré pour franchir la barre des 5 %, à mon humble avis.
Elle est marrante, Ségolène Royal, elle a « vu » 2,7 millions de votants alors que le site officiel n’en voit toujours que 2,3 millions au plus. Au fait, c’est combien, chez elle, la baguette de pain ?
Elle peut s’abstenir de répondre, on ne lui en voudra pas.

Et Carla Bruni qui n’accouche toujours pas. Allez, c’est à 56 ou à 44 % pour demain ?
Abstention.

Actualisation

Finalement, Ségolène Royal avait raison d’annoncer une participation supérieure à 2,7 millions de personnes. Mais les estimations étaient fausses. Elles minoraient tant les votes en faveur de l’un que de l’autre candidat(e), et aussi les bulletins blancs et nuls qui ont atteint 18 990 voix.
Chevènement et Mélenchon appellent Hollande « au débat ».

Paris s’est montré légèrement plus aubryste qu’hollandaire, tout comme, bien sûr, le Nord ou l’écart est net. Mais la France n’est pas vraiment coupée en deux. Une sorte de « vote utile » semble l’avoir emporté. Y compris, sans doute, chez quelque 19 000 personnes qui, quel que soit la candidate ou le candidat, on voulu pointer celui dont elles ne veulent plus : Nicolas Sarkozy.

 

 

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

2 réflexions sur « Primaires socialistes : quid des blancs et nuls ? »

  1. Le marquis de [b]Montebourg[/b] ignora superbement la [b]Valls[/b] que dansait le [b]Baylet Royal[/b] :Il rejoignit le plat pays d’[b]Hollande[/b] laissant [b]Aubry[/b] à ses pleurs

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