Quand j’étais petite je voulais être avocate. Défendre les opprimés, les "laissés pour comptes" et autres « jugés d’avance » d’après les apparences.
J’ai grandi et mes rêves d’égalité se sont envolés, comprenant assez vite ce que signifiait « une justice à deux vitesses ».
Alors, j’ai rêvé d’être une justicière de terrain. Faire arrêter les brigands, kidnappeurs d’enfants et autres agresseurs de vieilles dames. Amasser des pièces à conviction, patiemment, une à une et achever le puzzle par la case prison.
Quand on me demandait « qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? », j’étais super fier de répondre justicière.
– Ah, comme Wonder Woman ?
– Mais non, t’es c.. ou quoi. Une justicière, une vraie pas une starlette en collant et bustier à vous faire violer par le premier brigand appréhendé.
J’avais alors droit à des « Ah…d’accord» (ça c’était les plus sympas et les plus compatissants) ou a des « mais ça n’existe pas » merci, j’suis au courant c’est pour ça que je veux être la prem’s justicière non masquée.
Pas cool de décourager les jeunes quant à leurs ambitions futures.
Je n’avais aucune vraie héroïne à laquelle m’identifier. Et puis à l’époque Julie Lescaut et consœurs n’existaient pas, et heureusement. Mon époque c’était plutôt « Marie Pervenche » et je ne me sentais pas prête du tout à endosser ce genre d’uniforme.
Il fallait que je sache comment ça se passe sur le terrain pour être un jour moi aussi à la hauteur. Mais le problème c’est que les « flics héros » ben ça ne court pas les programmes télé. Donc, exit le « je veux ressembler à ».
Mais j’suis une dure à cuire et il en faut plus pour me décourager. Alors je me suis tournée vers les flics de terrain, les durs, pas rasés suite à 16 heures de planque, ceux qui tutoient les prostituées et font parler les dealers. Mais avoir le commissaire Moulin comme modèle ou encore Navarro je vous assure que ça calme.
Pas grave, j’y arriverai toute seule. Pas besoin de pairs ou de mentors.
Je me suis donc intéressée de très prés à certaines affaires pour tenter d’en comprendre les méandres.
Comment concrètement on en vient à « faire tomber un réseau ou un individu dangereux ».
Comment en étant parfois à la limite de la légalité on peut obtenir une info.
Comment à employer certaines méthodes empruntées aux malfrats on parvient à localiser une planque.
Finalement, j’ai trouvé ça plutôt intéressant et très excitant. Moi, super flic qui joue dans la cour des truands, avec les mêmes règles et les mêmes armes. Oui mais retranchée derrière ma carte tricolore.
Comme dans les films où le héros c’est le gentil flic. Et même si il n’a pas toujours été très « honnête » dans ses méthodes, l’important c’est que grâce au gentil policier les méchants ben à la fin ils sont en prison et même que le public applaudit !
J’entends encore la voix de mes détracteurs quand dans l’actualité il est question de l’arrestation de Michel Neyret, puis de sa garde à vue et aujourd’hui même de son incarcération.
– On ne vit pas dans un monde merveilleux.
– Ce n’est pas possible, à son niveau, de rester blanc comme neige (là on évitera toute métaphore douteuse…) et de résister à l’appât du gain.
– Tu crois qu’il touche combien ton super flic pour les risques qu’il prend… .
Arrêté comme n’importe quel malfrat (en colère les flics de s’être fait flouer), l’ex numéro deux de la Police Judiciaire de Lyon est en ce moment même sous les verrous, à la prison de la Santé à Paris.
Le Ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, l’a suspendu de ses fonctions et le juge des libertés a suivi les réquisitions du parquet…belle et rare entente.
Celui qui inspira le cinéma français (Les lyonnais, d’Olivier Marchal sortie prévue de 30 novembre 2011 et qui jouit déjà d’une très belle promotion), fut décoré de la légion d’honneur et il permit nombres d’arrestations (la dernière « connue » fut l’arrestation du convoyeur de fonds, Toni Musulin dont on ne sait toujours pas où sont passé les 2,5 millions d’euros manquants) est aujourd’hui voisin de cellule de ceux contre lesquels il se battait hier encore.
« C’est un véritable traumatisme pour la police nationale. M. Neyret était considéré comme un très grand flic, très efficace. La police nationale souffre, mais cela étant, elle est extrêmement exigeante en matière de déontologie et toutes les fautes sont sanctionnées avec rigueur, parce qu’elle a une mission, c’est de faire appliquer la loi".
Bien dit Monsieur le ministre.
C’est vrai que tous les citoyens doivent être traités de la même façon, même les policiers (grande nouvelle !!!) et qu’on est triste que la police souffre…
Voilà, « un gentil » vient de tomber et déjà, il semble qu’on l’ai jugé.
Michel Neyret a été mis en examen notamment pour corruption, trafic d’influence, association de malfaiteurs, trafic de stupéfiants, détournement de biens et violation de secret professionnel.
C’est qu’on ne fait pas les choses à moitié dans la police et on ne peut pas dire que le dossier soit très léger.
Allez, reconnaissez que ce n’est pas bien ; pas quand on est un policier (laissons ça à d’autres plus influents).
Je suis fière de notre police et de notre justice. Fière que tout aille si vite. A ce train là, cette affaire sera bouclée avant la fin de l’année. Arrestation, instruction, procès verdict…que d’économies pour le contribuable.
Il a joué avec le feu notre beau divisionnaire et il s’et brûlé. Est-ce pour cela que les chiens sont lâchés ?
Vous faites honte à votre grande et belle famille qu’est la Police française, Monsieur. L’opinion publique va s’imaginer que les policiers abusent de leur position, ont parfois des façons de procéder pas très catholiques et incitent les drogués à le rester en les approvisionnant.
Qu’avez-vous à dire pour votre défense ?
– Que cela n’est pas complètement faux (difficile parfois de nier l’évidence)
– Que vous reconnaissez avoir mis en place un système de rétribution de vos indicateurs avec de la drogue sous scellés (« officiellement » interdit depuis une loi de 2004 qui définit la rémunération des informateurs)
– Que vous avez été imprudent de faire ami-ami avec une figure de la nuit lyonnaise, suspectée d’être lié au banditisme lyonnais (lequel a été mis en examen mais laissé en liberté).
– Que vous n’auriez sans doute pas du accepter le prêt de voitures de luxe ou les voyages à l’étranger offerts par votre « ami ».
L’opinion publique, dans sa grande majorité vous a déjà jugée, Monsieur Neyret.
Mais moi je n’oublie pas qu’un jour j’ai voulu être « une justicière pour de vrai » et que je vis dans un pays où il existe la présomption d’innocence.
Je vous laisse le bénéfice du doute tant que de vraies preuves ne m’ont pas été apportées.
Car en fait ce qui nous importe, Monsieur Neyret, ce n’est pas tant que vous ayez bafoué certaines règles mais de savoir si vous vous êtes servi de votre position pour fermer les yeux et vous enrichir.
[b]Malheureusement, dans notre beau Pays, Patrie des Droits de l’Homme, la présomption d’innocence n’est jamais respectée !
[u]Monsieur Neyret, même s’il est mis en examen, même s’il est incarcéré dans le cadre de ces enquêtes qui le frappent, n’a pas été jugé[/u] : [i]alors, le Ministre de l’Intérieur n’aurait jamais dû le suspendre ! Pour cela, il faudrait attendre les réquisitions judiciaires, attendre les attendus d’un éventuel procès ![/i]
[u]Il est trop facile de mettre tout sur le dos d’un homme au prétexte qu’il était le Numéro 2 de la Police Judiciaire à Lyon[/u] : [i]aussi, j’espère que les juges d’instruction chargés de ces affaires, se pencheront sur les méthodes de travail de ce super flic ! [/i]
[u]En effet, ce qui pourrait être contestable, ce seraient, [i]et cela reste à prouver[/i], ses méthodes de travail, qui ne seraient pas conformes aux décisions administratives [/u] : [i]alors, il faut que la présomption d’innocence soit respectée jusqu’au bout ![/i][/b]
Pourrait-il s’agir d’une mise en scène orchestrée par la PJ soi-même, avec l’appui des autorités de l’Etat…pour mettre Neyret et ses proches à l’abri des représailles des cartels, ou lui permettre d’infiltrer des réseaux en les approchant par la voie de l’incarcération.
Maintenant c’est peut-être prêter beaucoup de subtilités à ce gouvernement qui en manque cruellement. Par contre les [i]loufias[/i] décorés de la légion d’honneur ou autre dans notre pays sont légion. Donc, de ce côté là, ce n’est pas vraiment une référence.
Cette arrestation m’a fait penser à Audiard surtout :
[b] »J’dis pas que Louis était toujours très social. Quand tu parlais augmentation ou vacances, il sortait son flingue avant qu’t’aies fini, mais il nous a tout de même apporté à tous la sécurité ».
[/b]
Wait and see…..mais longtemps sans doute.
[b]A moins qu’il ait approché une sale affaire d’état pouvant grimper très haut… alors coupable ou innocent ou un peu des deux, quelle importance du moment qu’il soit entravé.[/b]
[b]…hé…![/b] Pas impossible non plus.