Affaires Takieddine et Gaubert : Hortefeux entend, mais n’écoute rien…

Il y a des verrous qui sautent, des ceintures qui se resserrent, des clefs de coffres qui pourraient parler, mais le chaste Brice Hortefeux persiste à soutenir qu’il ne savait rien des dépositions de l’émancipée Hélène de Yougoslavie, épouse de Thierry Gaubert. Et ce n’est pas vraiment en consultant le Journal du dimanche que Brice Hortefeux a pu deviner que l’ex-madame Gaubert s’épanchait auprès du juge Van Ruybemke, affirme Mediapart.

On ne sait plus trop pour qui roule la police ces derniers temps. Le JDD cite L’Express à paraître demain mercredi qui indiquerait que Valérie Trierweiler, journaliste, compagne de François Hollande, ferait l’objet d’une surveillance de la Direction du renseignement. La préfecture de police de Paris dément. « Les services de renseignement n’interviennent en aucune façon dans les domaines politique et privé. ». Bien, admettons qu’il y ait confusion et que des enquêteurs, pas forcément policiers, mais supplétifs des commissariats, aient pu se livrer à une enquête de voisinage en raison de supposés troubles de même nature. Il suffit qu’un voisin, même non mitoyen, de Valérie Trierweiler se plaigne de fumets de cuisine, ou de nuisances sonores, d’origine indéterminée, pour que tous les habitants des immeubles alentours fassent l’objet d’une certaine attention. Cela doit être cela. Les « sources policières concordantes » situées « à plusieurs niveaux hiérarchiques » (de l’auxiliaire au brigadier, peut-être) qu’invoque L’Express ont dû évoquer des relents pas forcément électoraux et des bruits qui ne sont pas immanquablement d’écoutes.

C’est vrai qu’elle parle beaucoup, Hélène de Yougoslavie. Déjà, en 1993, Nicolas Sarkozy, à l’hôtel Cipriani, qui domine le lagon de Venise, ne se contentait pas d’une « simple » chambre, mais d’une suite. Peut-être pas la suite Palladio (« somptueusement décorée » et équipée « de deux salles de bain de marbre »), mais quand même à 1 720 euros la nuit au prix actuel (pour une suite « Junior »). Thierry Gaubert et Philippe Smadja réglaient la note (des billets d’avion, des frais de bouche, &c.), se contentaient d’une chambre chacun (avec ces dames), mais ne lésinaient pas. « Un hôtel très cher, » selon les propres termes d’Hélène Gaubert. Pas du genre à piqueniquer d’un hamburger sur la terrasse. Thierry Gaubert, qui travaillait au ministère du Budget, puis à la mairie de Neuilly, a pu faire construire, en 2001, sans doute avec les économies découlant de ses émoluments, « une maison gigantesque en Colombie [à la] piscine démesurée. ». Il y aurait régné une « ambiance de débauche morale… ». Non, Berlusconi venait incognito ? Si ?

Débauche morale

Qu’il y avait-il donc sur la clef USB qu’Hélène Gaubert a remise aux policiers ? Des vidéos plutôt compromettantes prises au bord de la piscine ? Sans doute pas. Ce n’est pas une clef de ceinture de chasteté non plus, mais Hélène Gaubert aurait pu se méprendre. « Ma femme ne s’est jamais servie d’une clé USB, » assure Thierry Gaubert à Mediapart. C’est donc que quelqu’un la lui aurait remise, laisse-t-il supposer. Elle ne sait même pas à quoi sert une clef White Lake en or 14 carats incrusté de cinq diamants d’un quinzième de carat (un peu moins de 3 000 euros) ? Ou d’une Golden Store (un peu plus chère, mais avec 16 Go) ?

Mediapart souligne qu’il y aurait deux points précis que Brice Hortefeux ne pouvait connaître, le 15 septembre dernier, par la presse. Mais c’est de la bouche de son ex-femme que Thierry Gaubert, ce même jour, obtient confirmation de la remise, par elle-même, de ce petit périphérique de stockage au juge Renaud Van Ruymbeke. Comment en a-t-il appris l’existence ? Pas forcément par Brice Hortefeux. Mais par qui alors ? Les enquêteurs de voisinage chargés de ne pas surveiller Valérie Trierweiler ? Brice Hortefeux aurait aussi signalé à Thierry Gaubert que sa femme et l’ex-femme de Ziad Takieddine avaient le même avocat. La presse n’en avait pas fait état.

« C’est lui qui me parle de l’audition au début, » dit Thierry Gaubert de Brice Hortefeux. Gaubert n’était pas plus au courant de l’audition de sa femme que du fait qu’elle aurait pu savoir se servir d’une clé USB. Il faut tout lui apprendre. Pas forcément par voie de presse. C’est d’ailleurs « par un avocat » que Brice Hortefeux aurait su que Me Léa Forestier et Me William Bourdon, du cabinet Bourdon, Simoni, Voituriez, avaient aussi pour cliente Nicola Johnson, ex-dame Takieddine. Donc non point par un enquêteur planquant au bas de l’immeuble du cabinet, avenue Bertie Albrecht, proche de l’Arc de Triomphe. Il n’y a donc pas de débauche de fonctionnaires de police, ni morale, ni autre.

Bref, Brice Hortefeux lit, entend, mais n’écoute (téléphoniquement) rien. Et la police ne le fait pas non plus pour son compte. CQFD.

Trop, c’est trop…
Donc, quand « trop, c’est trop… », ainsi que l’a exprimé dès mercredi matin le successeur d’Hortefeux au ministère de l’Intérieur, Claude Guéant, il faut réagir. Sortant du conseil des ministres, Claude Guéant a donc annoncé qu’il allait porter plainte contre… L’Express. Cela veut donc dire que les pratiques consistant à surveiller des individus seraient illégales et que dénoncer une police se livrant à ce genre de choses serait calomnieux. Intéressant. On n’a pas très bien compris pourquoi les « allégations » de L’Express porteraient atteinte « à la réputation de la police dans son ensemble. ». Car s’il ne s’agirait que d’une bavure, d’un excès de zèle, toutes les autres bavures portent atteinte à la réputation de la police dans son ensemble, et devraient être très lourdement sanctionnées. Le parquet va devenir implacable. Encore davantage contre ceux qui donneraient des instructions pour enquêter sur tel ou tel individu qui ne serait pas suspecté d’enfreindre les lois. Les écoutes des journalistes du Monde qui traitaient du Woerthgate devraient donc être très lourdement sanctionnées. Mais ce qui vaut pour la police doit aussi valoir pour la presse. Le hic, c’est que sans la presse, aurait-on jamais appris les conditions suspectes avec lesquelles a été vendu l’hippodrome de Compiègne, pour ne citer qu’un exemple ? Et dans le cas des laboratoires Servier, il aurait fallu condamner la médecin qui a sorti l’affaire du Médiator (en fait, on a vraiment essayé de faire en sorte qu’elle soit condamnée) ? Claude Guéant, pour qui Bourgi, Takieddine et Djouhri sont « d’honnêtes hommes » avec une tête comme celle d’Éric Woerth, devrait aller plus loin.

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

2 réflexions sur « Affaires Takieddine et Gaubert : Hortefeux entend, mais n’écoute rien… »

  1. cette affaire va finir en burlesque comme pour DSK
    [url]http://zebuzzeo.blogspot.com/2011/10/helene-de-yougoslavie-brice-hortefeux.html[/url]

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