Préliminaire : ce qui suit a été rédigé et diffusé avant que Christian Ciganer-Albaniz ne révèle que derrière le bulletin Presse Infos se trouvait la nouvelle Agence centrale de presse (ou l’ACP nouvelle formule, nouveau modèle). Son principe serait de fournir des sujets prêts à être diffusés à des supports de presse « traditionnels » ayant su rentabiliser leurs versions en ligne (je résume très sommairement). On consultera donc la mise à jour relative à Presse Infos. Je n’ai pas remanié ce qui suit, mais il semble à présent évident que l’ACP nouvelle version ne sera pas une source directe d’information pour la large majorité des Internautes.

Presse Infos se propose de rémunérer ses contributrices et ses rédacteurs. Ce n’est pas le seul, et les journalistes d’occasion(s) ou régulier·e·s de Come4News en savent quelque chose… Par ailleurs, un correspondant me signale l’existence du satirique québécois Le Couac. Il est bien sûr en vente en kiosques au Québec, mais il est aussi intégralement ou presque – contrairement à Siné Hebdo ou au Canard enchaîné ou à L’Aval du Charlot et autres – en ligne. Concurrence ou émulation ? À vous de vous exprimer sur le sujet pour alimenter le débat et peut-être… des décisions cruciales.

Gamma, Rapho et les autres agences photographiques du même groupe sont exsangues et changent de modèle « économique » (surtout financier, et aux dépens, principalement, des mêmes, soit les fournisseurs de contenus visuels et autres). L’agence VU’ est lourdement déficitaire depuis une bonne décennie ; Christian Caujolle, son fondateur en 1986, a laissé tomber l’éponge au profit, en 1997, de Xavier Soule, qui assèche son groupe, Abvent, pour rincer VU’. Quant à l’Agence centrale de presse, seconde agence télégraphique française, elle a sombré avec le magazine Épargner et j’en sais un peu quelque chose pour en avoir coupé les « fils » (en fait, les liaisons satellitaires et autres). Ne croyez pas que les titres de presse, hormis les « pipeules », les très spécialisés sur un marché de niche, soient en meilleure posture. Ce n’est pas parce qu’ils ne communiquent pas (hormis Le Canard enchaîné, en parfaite santé, et Le Monde, en demi-teinte pour satisfaire l’OJD, voire d’autres) qu’ils sont en meilleure posture.

 

On peut d’ailleurs se demander pourquoi un Bolloré continue à diffuser de très coûteux quotidiens gratuits alors qu’un Rupert Murdoch vient d’arrêter The London Paper et songe à faire payer l’accès à ses sites de publications de presse. En fait, on se doute bien de la réponse : il doit bien y avoir une compensation pour diffuser la vulgate d’un Alain Minc, dit le Morandini de la haute-finance, et cette compensation se discute sans doute sur un yacht ou à La Lanterne. Bref, Direct Matin et Direct Soir, c’est les Parisiennes et les Parisiens (et aussi les Toulousaines et Toulousains) qui les lisent gratuitement, mais c’est toutes les Françaises et tous les Français qui les payent. Et les payent deux fois. La première en achetant les produits d’annonceurs de ces titres (15 millions d’euros de recettes publicitaires en 2008). La seconde fois, pour combler en partie les quelque 25 à 30 millions d’euros « avoués » (déclarés) de déficit annuel, il faut bien qu’il y ait quelque contribution directe ou indirecte. Indolore si possible. C’est très facile à réaliser. Déjà, par exemple, le sport professionnel, c’est vous qui le financez par vos taxes, impôts locaux et autres. Que vous vous y intéressiez ou non. Direct 8 ou Direct Sport finiront peut-être par compenser les pertes des autres titres, si complaisants à l’égard du pouvoir en place (quel que soit sa couleur, et Murdoch a bien fini par soutenir les travaillistes britanniques, qui le lui ont bien rendu…). En fait, rien n’est vraiment gratuit. Cela vaut aussi pour C4N, très petitement déficitaire, mais qui rapporte à ses promoteurs la satisfaction morale d’avoir réalisé quelque chose dont ils n’ont pas à rougir.

 

Autant dire que, lorsque vous achetez La Voix de son Minc, le Fig d’assaut ou le quotidien de Laurent Mouchard, qui n’a plus rien à voir avec le titre lancé en 1927 ou celui ayant paru en 1973, vous n’en payez qu’une petite partie : c’est en achetant des produits, en réglant la TVA ou vos impôts, que vous payez l’armada de censeurs et d’éditorialistes qui vous indiquent ce que vous devez penser et voter. Les journaux dits de déférence, qu’ils s’affichent à droite ou proche des centro-socialo-droitiers, roulent tous pour la même cause, et c’est rarement la vôtre. Le seul quotidien un peu indépendant, c’est La Croix, du groupe capitalistique Bayard Presse. Vu la composition du capital du quotidien L’Humanité, on doute que l’appel au Grand Soir et à pendre le dernier capitaliste avec les tripes du dernier bureaucrate émane de ce support dont la rédaction s’efforce encore par ailleurs à l’objectivité réelle. C’est d’autant plus méritoire que cela rapporte moins. Mais ceci explique peut-être cela : quand on a un peu davantage à perdre, on est plus prudent, cauteleux, et respectueux des vrais pouvoirs.

 

La question de rentabiliser un peu C4N, et donc de rétribuer un peu mieux celles et ceux qui en fournissent les contenus, pourrait passer par la syndication (diffusion des mêmes contenus, à l’identique, sur d’autres supports désirant les acquérir) ou la rediffusion facturée des meilleures informations ou commentaires. Ce que j’en pense est simple. Rien, hormis des potins agrémentant des photos de « pipeules », si possible dénudé·e·s, ne se vend plus. Un tuyau boursier ne vaut pratiquement plus rien. Quand il vous parvient, celles et ceux qui, dans les couloirs des directions ou les allées du pouvoir, sont destinés à en profiter, ont déjà pratiquement tout mangé. On ne vous en laisse que les miettes. Pour le reste, la démocratie à la française, c’est depuis au moins Michel Debré et ses mandants : « cause toujours… » (la dictature vous enjoignant de la fermer ou de dire ce qu’on attend de vous).

 

Ailleurs, une correspondante me signale un article de Rue89 intitulé « Les Internautes chinois inventent trois nouveaux caractères ironiques ». La source en est Global Voices Online (une édition francophone existe, trouvez-la…). Je vous signale que GV (Global Voices) recherche aussi deux rédactrices-traductrices ou deux rédacteurs-adaptateurs russophones pour « interpréter le Net russophone ». Digression ? Que non ! (pour une fois…).

 

La source de GV serait Egaobaike. Et la source de GV et de Rue89 est peut-être Elites.tv qui en a fourni la traduction du chinois vers l’anglais, ou le contraire. Elites.tv est « syndiquée » par GV. Nous sommes en mode copiegauche puisque la licence est une Creative Commons.

 

Je ne sais quelles seront les sources de Presse Infos dont le bandeau s’orne d’une mappemonde frappée des mots « Amérique – Asie –Océanie ». Presse Infos sera dévoilée à Perpignan, ce 3 septembre 2009, lors du festival Visa pour L’Image. J’aurais bien aimé découvrir « la plus grande rédaction du monde » qui promet « des photos, des reportages tout sujet, des articles internationaux (…), une nouvelle source de revenus ». D’une part, Presse Infos ne m’a pas fourni le billet de chemin de fer et de logement pour que je vienne couvrir l’événement (prévoyez, la prochaine fois, aussi, un oreiller supplémentaire, svp !). D’autre part, ce n’est pas avec l’euro que m’aurait crédité C4N, ni même avec les futurs revenus que je vais éventuellement tirer de Presse Infos, que je vais amortir mes coûts de reportage. Je sais : la plupart des grands reporters ont commencé par ne pas amortir leurs coûts de reportages. La plupart des grands reporters ayant vraiment réussi sont capables de faire réaliser les reportages par des tâcherons (auxquels ils prêtent, donnent ou vendent des caméras, des appareils photos), puis ils se font avantageusement photographier « en situation » (genre sur le dos d’un éléphant dans un jardin des plantes, ou sur fond bleu dans un studio, un logiciel de traitement d’images fournissant l’ambiance). Les grands reporters du présent se nomment Poivre d’Arvor (qui s’entretient si bien avec Fidel Castro) ou Morandini (qui pilote ses envoyés spéciaux jusque dans la venelle du lit de mort de Michael Jackson). C’est dire qu’il vous faudrait vous lever de bonne heure et disposer de budgets très conséquents pour faire en sorte que C4N ait des infos commercialisables à fourguer à des titres acquéreurs. Sauf que…

 

Hormis le fait que cela sera difficile dans l’immédiat ou un futur proche, il n’est pas irréaliste de penser que C4N pourrait au moins rapporter autant que Le Couac. Dans l’immédiat, pour ne pas surcharger les serveurs de C4N, je vous refourgue ma capture d’écran faite à l’occasion d’un autre article (« améliorez C4N en soulageant son serveur »). Pour celle du Couac, ben là, j’ai utilisé la même méthode, en conjonction avec une capture d’écran FireShot. C’est du renvoi d’ascenseur. FireShot est un graticiel qui comporte une version dite « pro » qui, elle, est payante. On pourrait d’ailleurs imaginer la même chose pour C4N. Sauf que…

 

Bref, on sait ce qu’il reste à faire. Déjà, avoir des sources. Sans Martin Dufresne, contributeur d’une liste spécialisée, je n’aurais pas eu vent du Couac. Lequel nous (à toute la liste, donc), nous signale qu’il signe ce mois des textes sur le « cha-cha des intégristes » (peut-être même la chatte-chatte, allez savoir, ces gens-là sont généralement obsédés par les sexes, voire les genres, je parle des intégristes, évidemment). Il s’agit d’avortement, d’initiative « anarcha-féministe » contre « le système prostitutionnel », et d’autres choses. Sans Élisabeth Chamontin (que je salue amicalement au passage), je n’aurais pas eu connaissance des caractères chinois décrits par Egaobaike (ou sa ou ses sources, mais là, je n’ai pas plu remonter, ne lisant pas le chinois). Elle est abonnée à la Liste typographique francophone, que je survole encore distraitement ou non.

 Distraitement car initialement, je ne devais pas vous entretenir de cela mais de Maurice Joffo dont j’ai retrouvé le livre, Pour quelques billes de plus ?, de l’exposition de Catherine Ursin et Béatrice Meunier à la galerie MarassaTrois, d’Assortiment pour une vie meilleure, de Thomas Gunzig, que je tiens pour l’un des meilleurs livres de nouvelles de cette rentrée. Et puis aussi de la comparution du controversé Dr Michel Dubec devant le Conseil de l’Ordre des médecins, et encore du livre Le Journal de Jeanne, paru chez La Musardine, qui est un « roman érotico-fantastique ». Il a été salué par André Pieyre de Mandiargues, ce qui va un peu de soi, mais aussi de Claude Gallimard, qui l’aurait « publié sans hésitation ». Il paraît que l’Étrange Festival (« trou des Halles », Paris, ces jours-ci) aurait rendu hommage à l’auteur, Mario Mercier, en tant qu’« artiste aux multiples talents ». Digression ? Certes pas (deux fois). En effet, sans sources, sans consultation de sites « concurrents » (complémentaires), il ne faut pas rêver. Sans évoquer l’information-service (et prochainement, je vous parlerai des solutions de GoTo Informatique pour vous filtrer vos courriels, et du moyen de s’en dispenser pour pas cher), difficile d’intéresser un lectorat prêt à vous rétribuer ou, du moins, à cliquer sur des liens publicitaires. Au fait, vous savez pourquoi je vous recommande si fort IrfanView (graticiel) et non le mastodonte qu’est Adobe® Photoshop™ ? C’est parce qu’Adobe a préféré priver quelques titres de publicité et se lancer dans le « un vers un » après avoir recueilli les fichiers d’abonnés de divers supports. Sage décision. Je n’aurais pas le temps de m’amuser sur C4N s’il en avait été autrement. Mais évidemment, si on prive la France d’en bas de ses ressources, elle grogne. Vite, Adobe®, à défaut de pain pour nous autres, un jeu gratuit de temps à autre. Écologique, si possible. Comme le fait Facebook par exemple. Avec des trucs chronophages censés engraisser tout un aréopage d’humanitaires rétribuant d’autres intermédiaires qui acquièrent quelques symboliques terres (le temps d’y planter un arbuste inaugural), quelques ares plutôt que des acres… Enfin, ce n’est pas sûr. Peut-être que Facebook vous fait perdre votre temps de cerveau disponible pour de nobles causes de manière tout à fait désintéressée. Je n’ai rien vérifié. C’est pure supputation de ma part, basée sur l’expérience qui, c’est bien connu, « est une lanterne dans le dos ne servant qu’à estimer le chemin parcouru » (proverbe mandarin). 

Cette fois, vous pouvez vous dispenser de la lecture du déclameur™. C’est du coupé-collé à peine modifié. Je pourrais vous le modifier afin de vous faire gober que c’est de l’édité, du retravaillé. Mais, là, je suis attendu pour dîner et je suis très en retard. Mais je reviendrai lire vos commentaires… D’autres idées de choses à faire ou ne pas faire pour améliorer C4N ?

 

Lire aussi :

Presse Infos, l’opération d’aguichage d’avant lancement de la nouvelle ACP

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 * « Déclameur » (désengagement de responsabilité). Nous ne pouvons garantir que nos contributions sur C4N soient totalement exemptes de réclame. En effet, comme nous le clamons et rabâchons et radotons ici et ailleurs, le cirque médiatique, c’est le Grand Cirque Barnum, et comme le proclamait son propriétaire, Mister Barnum, P. T. (prononcez « piti »), lui-même : « il n’y a pas de mauvaise publicité du moment que le nom est bien orthographié ». Sur l’effet Barnum, expression déposée, consultez le site des Sceptiques du Québec. À propos des déclameurs™ (expression déposée par moi-même), consultez le site du Jargon français. À propos du vrombruissage™ (idem), faites de même et astroturfez avec modération. À propos de rientoutourien™ (ibidem), ne gaspillez pas votre temps à consulter le Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française. Adobe®, Photoshop©, CS4™, GoTo, Facebook, C4N, sont des marques déposées d’Adobe Systems Inc. (Nasdaq : ADBE). Toutes les autres marques sont les propriétés exclusives de leurs propriétaires respectifs, dont moi-même.