Inattendu moment de subversion dans la druckerade dominicale de France 2, quand Anne Roumanoff termine l'émission en interprétant un sketch commentant l'actualité, où figure la phrase du jour : "Vous avez vu que Nicolas Sarkozy a augmenté de 140% Sarkozy Nicolas ? (…) Quand il avait dit qu'il allait se battre pour améliorer le pouvoir d'achat, on n'a pas compris qu'il parlait du sien !"

On sait bien que toute une part de son électorat, les franchement décomplexés, doivent penser : "il a bien raison d'en profiter", mais le symbole est réellement choquant aux yeux de nombre de gens. Nous serions curieux de connaître le résultat d'un sondage posant la question : "pensez-vous que l'augmentation du salaire du Président est :
a – normale, pourquoi toucherait-il moins qu'Angela Merkel et même son Premier ministre ?
b – et pourquoi n'aurait-il pas plutôt baissé la rémunération de Fillon ? Et on s'en fiche de combien gagne Merkel, ça regarde les Allemands !
c – c'est positif dans l'optique de la transparence, parce que le Président pouvait auparavant cumuler son salaire et sa retraite, et que Sarkozy ne veut plus de cela, et qu'il veut que les Français sachent…
d – et alors, qu'est-ce que c'est que cette réponse à la con ? Qu'il nous explique pourquoi il a besoin de plus d'argent de poche, puisqu'il est déjà logé-nourri-blanchi dans le luxe de la monarchie républicaine
."

[OpinionWay devrait songer à Come4News pour rédiger ses questionnaires]

On peut aujourd'hui se demander si Sarkozy n'aurait pas commis avec son auto-augmentation une erreur politique majeure. Mais aussi craindre que l'opinion ne soit pas facile à sortir de son anesthésie. Et puis, encore une fois, vers qui se tourner? Vers les "socialistes" ? Côté pile, des déclarations indignées. Jean-Louis Bianco objecte ainsi : "Quand des tas de Français souffrent, qu'il y a des tas de gens qui ne sont même pas au SMIC (…) je aur_lie_filipettitrouve ça proprement scandaleux !" "Une hausse de 140 % de la rémunération du président de la République. Quel exemple pour nos concitoyens ! Est-ce là une urgence pour la France ?", s'interroge Aurélie Filippetti. "On a le sentiment que la classe politique se sert elle-même pendant que les Français sont au bord du trottoir", estime Arnaud Montebourg. Mais côté face – ou farce -, "il n'y avait en séance que deux députés du groupe socialiste, dont l'apparenté René Dosière (Aisne), spécialiste du budget de l'Elysée, qui s'était lui-même prononcé en faveur d'une dotation fixée par la loi, estimant que celle-ci devrait être portée au niveau de celle d'un chef de gouvernement. "S'il y a un député pour se réjouir, c'est bien moi", a souligné M. Dosière", lit-on dans Le Monde. Voilà l'opposition parlementaire ! Qui a laissé passer les franchises médicales à 27 députés contre 44 à la majorité. Qui pourrait imposer à Sarkozy un référendum sur le traité européen mais s'apprête à le laisser passer, lui aussi. Oui vraiment, vers qui se tourner ?